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Dégringolade des cours mondiaux du pétrole : L’impact minime sur nos pompes au Mali

Depuis le mois de juillet 2014, le prix mondial du baril de pétrole  est en baisse. La chute des cours dépasse aujourd’hui les 50% avec ses conséquences sur les économies des pays et surtout ceux producteurs de l’or noir. Les consommateurs observent les pompes dans les stations, guettant une  diminution des prix. Une petite bouffée d’oxygène pour les propriétaires de véhicules et engins à deux roues. Le prix des hydrocarbures a officiellement baissé, passant pour le gasoil de 687 à 644 FCFA et pour l’essence de 784 à 742 F CFA. Nous avons rencontré pour vous  quelques acteurs du monde des hydrocarbures au Mali. Ils nous donnent ici plus d’informations sur les répercussions de cette dégringolade des cours mondiaux du pétrole sur nos pompes au Mali.

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Au Mali, depuis la chute des cours, selon nos sources les acteurs du secteur, sous la houlette de l’Office national des produits pétroliers (ONAP) auraient revu à la baisse à trois reprises les prix des hydrocarbures à la pompe. Les consommateurs ont constaté une diminution de 43 F CFA sur le gasoil et de 42 FCFA sur le super. Récemment, le Conseil national des prix a félicité le gouvernement pour ces efforts et a exhorté  les acteurs du secteur pour que cette tendance à la baisse se poursuive. Il a invité les transporteurs à répercuter cette baisse sur leurs prix. S’agissant du niveau de diminution à la pompe qui est très minime par rapport au niveau de la baisse sur le marché mondial et dans la sous région, le Directeur général par intérim de l’ONAP, M. Ibrahim Dansoko, dira que le niveau de répercussion  ne peut pas être automatique dans la mesure où plusieurs autres aspects entrent en ligne de compte dans la fixation des prix à la pompe. Il a cité la transformation du pétrole brute en hydrocarbures, le transport, la marge des importateurs, les taxes douanières. Par rapport à ce dernier point, chaque fois qu’il y a une hausse, l’Etat renonce en partie ou même en totalité à ses recettes pour soulager  ses citoyens – consommateurs.

Ainsi, selon ce technicien de l’Office national des produits pétroliers, c’est vrai que les cours mondiaux des prix des hydrocarbures ont baissé, mais jusque-là leur impact sur les pompes au niveau national reste très insignifiant. Il ajoutera que selon les textes en vigueur au Mali, les taux de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers importés sont fixés en fonction des sources d’approvisionnement dont entres autre : Dakar, Abidjan, Lomé, Cotonou, Banjul,  Téma, Nouakchott et Zinder.

Et à Madame Traoré Fatoumata Diarra, gérante de la toute nouvelle station Shell de Baco-Djicoroni d’ajouter que depuis novembre 2014, le coût des hydrocarbures est en baisse continue. Pour elle, il y a surement une augmentation sur le volume du carburant. Car dit-elle, le volume de 500 F CFA de carburant d’hier et celui d’aujourd’hui n’est pas le même.

De nos jours personne n’ignore que les cours mondiaux des prix du pétrole sont à un niveau très bas. Vue cette baisse du prix du baril de pétrole sur le marché mondial depuis environ un certains temps, on peut affirmer que  le Mali peut mieux faire par rapport au prix indicatif plafond des produits pétroliers.

Selon les économistes, maintenant que le baril est vendu entre 40 et 50 Dollars contre 100 et 107 $, On aurait dû constater une baisse à la pompe de l’ordre de 3 chiffres au lieu de 2 actuellement. C’est-à-dire passer de 20 ou 40 F CFA à 100 ou même 200 F CFA par litre. Pour cet économiste, l’Etat du Mali doit jouer le jeu d’égalité,  car il fixe les prix indicatifs en fonction du cours du baril de pétrole. Ici au Mali, quand les prix augmentent, c’est très difficile qu’ils redescendent en fonction de la loi de l’offre et de la demande plus précisément de ce que les économistes appellent l’effet de cliquet. Cette rigidité tue notre économie tellement fragile.

«Les conseillers économiques du Ministère de l’Economie et des Finances, doivent toujours rappeler le Ministre sur cet état de fait » ajoute-t-il.

 

De nos jours dans la plupart des stations et points de vente, le prix du litre du Super carburant varie entre 742 et 700 F CFA et celui  du Gaz Oil entre 644 et 620 F CFA. Quant au Gaz butane, il est à 845 F/kg, le Pétrole lampant  est à  552 F CFA. Les stations Shell et Total  restent les plus chères de la capitale et les moins chères, Birgo et Dia Négoce, station BDS.

Pour rappel, il y a trois mois, le prix du Super carburant à la pompe était de 784 F CFA et celui du Gaz Oil à 687FCFA dans les stations Shell et Total. Et au gérant de la station Total du quartier Mali, d’ajouter que depuis la baisse des cours mondiaux du baril de pétrole, le prix du carburant à la pompe connait aussi une diminution et cela depuis trois mois.

 

«Un léger impact sur les recettes»

Pour cet automobiliste que nous avons rencontré à la station Shell de Baco-Djicoroni, l’impact de la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures à la pompe reste très minime par rapport à cette dégringolade de l’or noir sur le marché. Il invite les autorités maliennes en collaboration avec les opérateurs pétroliers, à mieux œuvrer pour qu’il y ait plus d’impact de cette baisse pour les automobilistes et motocyclistes sur le marché national. Et à cet automobiliste d’ajouter que «depuis trois mois, nous apprenons qu’il y a une baisse sur le prix des carburants, mais jusque-là, nous ne sentons pratiquement rien augmenter sur la quantité des produits».

Pour ce chauffeur de Sotrama, la baisse a un léger impact sur leurs recettes. Car, dit-il, «avant, pour les 20 litres de gas-oil, je déboursais dans les stations Total la somme de 13740 F CFA, mais maintenant, les 20 litres ne coûtent 12880 F CFA à la même station, soit 860 F CFA de moins».

Selon certains acteurs du monde des hydrocarbures au Mali, les subventions de l’Etat ont permis pendant des années de maintenir le prix des hydrocarbures à un niveau acceptable pour la bourse des consommateurs. Depuis la crise de 2012, leur montant a été sensiblement réduit, occasionnant une hausse des prix, allant jusqu’à dépasser les 50% d’augmentation pour des produits comme le gaz domestique. Selon les économistes, les prix pourraient repartir à la hausse au deuxième trimestre de 2015. Le pétrole traditionnel devient moins cher, ce qui fait que le pétrole de schiste devient moins rentable. Les investisseurs risquent donc de s’en détourner. La production mondiale devrait baisser. Et les prix se remettre à grimper.

 

L’origine de la dégringolade  

L’origine de cette dégringolade des cours mondiaux du pétrole, reste la forte hausse de la production de pétrole de schiste américain, dont les coûts de production sont peu élevés, la reprise de l’exploitation des champs libyens, et la décision de l’Arabie saoudite de continuer d’inonder le marché de son brut.
L’Arabie Saoudite, membre le plus important de l’OPEP, a déjà prévenu que, lors de la dernière réunion de l’organisation, fin novembre, elle s’opposerait à toute volonté de réduction de la production, quitte à s’accommoder pendant un certain temps de la faiblesse des cours.

Ainsi, en quatre mois, le cours du brut a perdu plus du quart de sa valeur, passant de plus de 107 dollars en juillet 2014 à 49,60 dollars en ce mois de janvier 2015.

Paradoxalement, selon les analystes, les automobilistes du continent africain, où les capacités de raffinage restent insuffisantes, devraient attendre quelques semaines, voire des mois, avant de voir les prix à la pompe diminuer. Et n’en bénéficier que partiellement, les intermédiaires et les autorités fiscales rechignant à répercuter sur les consommateurs l’ensemble de la baisse des prix.

 

L’ONAP, pour l’approvisionnement du pays en produits pétroliers.

Par ailleurs notons qu’au Mali, l’Office National des Produits Pétroliers (ONAP) a pour mission de contribuer à la définition et à la mise en œuvre de la politique d’approvisionnement du pays en produits pétroliers.

A cet effet, l’Office a pour tâches entre autres de veiller à la disponibilité permanente des produits pétroliers sur le territoire national, de contribuer à la définition de la politique des prix à la consommation des produits pétroliers, de proposer les éléments de la politique nationale en matière de constitution du stock national de sécurité, de participer à la lutte contre la fraude dans le sous-secteur des produits pétroliers. L’office œuvre aussi  à rechercher, centraliser et diffuser toutes informations et statistiques concernant le sous-secteur pétrolier, de réaliser toutes les études nécessaires à l’amélioration du sous-secteur pétrolier et à participer à la définition des normes des produits pétroliers et au contrôle de qualité desdits produits sur toute l’étendue du territoire national.

 

L’anxiété des pays producteurs africains

Par ailleurs et selon les sources, les principaux pays producteurs africains voient avec anxiété les prix poursuivre cette baisse, alors que leurs coûts d’exploitation sont en moyenne  plus élevés que ceux de leurs concurrents, notamment du Golfe persique et d’Amérique du Nord. Leurs bénéfices fondent comme neige au soleil. Et cette déprime des cours met en péril les budgets des États les plus dépendants de l’or noir. Le Nigeria, l’Angola, le Gabon et le Congo-Brazzaville, qui possèdent de nombreuses et coûteuses plateformes en offshore profond, sont touchés. Mais l’Algérie et la Libye, pour lesquelles la manne pétrolière constitue l’essentiel des recettes de l’État, vont également souffrir en 2015.

Cette conjoncture nuit aussi à l’exploration sur le continent, les marchés financiers se montrant réticents à financer toutes les recherches. Et certains projets qui devaient être mis en exploitation pourraient être annulés ou reportés.

Toujours, selon les mêmes sources la chute des cours fait toutefois des heureux parmi les différents consommateurs de pétrole qui verront leur facture diminuer. La situation est ainsi favorable à l’équilibre commercial des pays importateurs nets de pétrole, ce qui est le cas d’un grand nombre d’États africains. Certains secteurs économiques, comme le transport et l’industrie, vont aussi bénéficier de cette tendance.

La Banque mondiale a estimé, dans un rapport publié début janvier 2015, que la baisse des cours du pétrole sur le marché international offre une opportunité à certains pays en développement de reconstruire leurs réserves budgétaires et de se prémunir contre un nouveau choc économique. «Pour un certain nombre de pays importateurs de pétrole, des prix du brut plus bas offrent une opportunité d’améliorer leurs situations budgétaires plus rapidement», souligne l’institution. Ces pays devraient pouvoir réduire les subventions énergétiques qui grèvent leurs finances publiques. Le coût des subventions énergétiques sur le globe s’élève à 1900 milliards de dollars, soit 2,5% du produit intérieur brut mondial, selon le Fonds monétaire international (FMI).

 

Dieudonné Tembely

 

Encadré

Le gaz de schiste, également appelé gaz de roche-mère (ou plus rarement « gaz de shale », de l’anglais shale gas), est un gaz naturel contenu dans des roches marneuses ou argileuses riches en matières organiques, roches qui peuvent avoir une structure litée de schiste. Contrairement au gaz naturel conventionnel qui est retenu dans une roche perméable permettant une exploitation facile, le gaz de schiste est piégé dans les porosités d’une roche rendue imperméable par l’argile qu’elle contient. L’extraction du gaz de schiste, particulièrement difficile, nécessite le recours systématique aux techniques combinées du forage dirigé et de la fracturation hydraulique à grands volumes particulièrement coûteuses. Les roches-réservoirs contenant du gaz de schiste peuvent aussi contenir de l’huile de schiste (pétrole), mais dans des proportions beaucoup plus faibles.

L’exploitation à grande échelle du gaz de schiste a démarré au cours des années 2000 lorsque le prix des hydrocarbures s’est établi durablement au-dessus d’un seuil élevé en relation avec la stagnation de la production du pétrole et du gaz conventionnel et la croissance de la consommation énergétique mondiale. Ces prix ainsi que les avancées dans le domaine des techniques d’extraction ont permis de financer les investissements très importants nécessaires pour permettre la mise en production de nombreux puits aux États-Unis. Ce pays a joué un rôle de pionnier dans la mise en exploitation de cette nouvelle ressource : le gaz de schiste y représentait en 2012 une proportion importante du bouquet énergétique, mais en 2013 sa progression s’est interrompue, les investissements ont chuté et les prix du gaz ont nettement remonté. Grâce au gaz de schiste les États-Unis sont passés en 2012 du 4e au 6e rang dans le classement des importateurs nets de gaz naturel et dans le futur pourraient, selon certaines prévisions, redevenir un exportateur net d’énergie. Les réserves dans le monde sont estimées en 2013 à 207 billions de mètres cubes de gaz de schiste (32 % des réserves totales de gaz naturel) et 345 milliards de barils d’huile de schiste (10 % des réserves totales de pétrole). Les réserves de gaz de schiste sont réparties sur tous les continents mais la Chine, l’Argentine, l’Algérie et les États-Unis en sont dans cet ordre les plus gros détenteurs. De 2010 à 2012, l’augmentation de la production de gaz de schiste aux États-Unis et au Canada a entraîné une pression à la baisse du prix du gaz qui a réduit la capacité de la Russie à dicter des prix élevés pour le gaz naturel qu’elle exporte vers l’Europe ; les effets du boom du gaz de schiste sur les marchés internationaux de l’énergie ont été très importants, en particulier en Europe : hausse de la production d’électricité à base de charbon aux dépens du gaz, diminution de l’attractivité économique des énergies renouvelables, etc.

Les problèmes environnementaux associés à l’extraction du gaz de schiste, notamment l’utilisation intensive et la pollution des réserves d’eau ainsi que l’émission de gaz à effet de serre, entraînent dans certains pays, y compris aux États-Unis, une défiance de l’opinion publique. Le sujet fait l’objet de controverses très vives qui opposent d’une part ceux qui voient dans la mise en exploitation de cette ressource de gaz non conventionnel un moyen de diminuer les importations énergétiques et d’augmenter les revenus du pays ainsi que les industriels du secteur pétrolier et d’autre part différents mouvements mettant en avant des arguments écologiques. Pour cette raison, dans certains pays comme la France, la recherche et la production du gaz de schiste font l’objet en 2013 d’un moratoire.

 

source :  Inf@sept

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