S’il y a un Malien qui a contribué à souhait à démoraliser le soldat malien c’est bien M. Tièbilé Dramé. Ce, à travers la dénonciation, avec preuves à l’appui des faits de corruption au sein de la grande muette. Félicitations à lui ! Mais la cohérence voudrait que la même voix qui a dénoncé les faits, ne soit pas aujourd’hui la même qui tente de dissimuler leurs conséquences.
Le soldat malien était tenant et vaillant jusqu’à l’installation de l’actuel régime. La bataille de Konna en est une parfaite illustration. Pendant toute une journée (9 janvier 2013), les soldats maliens, malgré la formation et la logistique manquant, ont pu tenir front à l’offensive lancée par la coalition djihadiste Ansar Dine et MUJAO. 24 heures après la ville sera prise, mais le soldat malien, esprit de patriotisme aidant, avait donné le meilleur de lui-même comme ceux de janvier 2012 à Aguel’Hoc qui ont décidé de se rendre et mourir au nom du serment et de la Patrie. Ceci n’est qu’histoire.
Aujourd’hui, il faut bien l’admettre, le soldat malien ne tient pas assez sur le théâtre des opérations. Les récents événements à Mondoro et Boulkéssi en disent long. Pourtant ce n’est ni les hommes ni les équipements qui manquent. Aussi les récentes manifestations des femmes à Sévaré opposées au redéploiement de leurs maris sur le théâtre des opérations. Qu’est-ce qui ne va pas donc ? Nous avons la réponse !
Tièbilé Dramé et la corruption au sein de l’armée
Il fallait le dénoncer, mais pas d’en faire une arme politique. TièbiléDramé, alors opposant de talent a fait de son cheval de bataille la crise sécuritaire et les surfacturations dans l’achat des équipements militaires. L’avion présidentiel surfacturé et immatriculé au nom de l’armée de l’air, c’est lui qui l’a révélé, la paire de chaussettes à 20.000 Fcfa, c’est encore lui… Des faits qui ont sans doute impacté le moral des hommes sur terrain désormais résignés à ne plus mourir pour la patrie tant que les auteurs de ces faits de corruption ne se sentent pas inquiétés par la justice.
Ces dénonciations de Tièbilé Dramé ont abimé l’honneur et le moral du soldat malien. Et celui qui ne ratait aucune attaque terroriste contre l’Armée pour faire un bilan politique personnel, appelle aujourd’hui à l’union autour de la grande muette : « L’émotion de femmes de militaires morts au front pour le Mali est compréhensible. Mais en même temps, nous devons savoir que ce n’est pas le moment de la division, ce n’est pas le moment de la dispersion, que ce n’est pas le moment des critiques…’’, déclaration de Tièbilé sur la radio France Internationale courant semaine dernière se prononçant sur l’évènement malheureux de Boulkéssi ayant fait des dizaines de morts dans le rang des forces armées maliennes.
Tièbilé b=Dramé, toujours sur Rfi, insiste : ‘‘Face à une telle gravité la réponse doit être l’union nationale, ce pays a besoin d’être rassemblé autour de nos forces armées et de sécurité devant le sacrifice’’ Ironie.
L’on s’en souvient bien. C’est le même homme politique dans un passé récent qui mettait en cause l’engagement du soldat malien sur le terrain. Une faiblesse, soutenait-il, qui a pour origines : ‘La corruption, les abus de biens sociaux et le favoritisme ‘’ Tenez :
‘‘Notre armée est le reflet de notre pays. Il n’y a pas de Tata de Sikasso, de muraille de Chine entre l’armée et le reste de la société malienne. La corruption, les abus de biens sociaux et le favoritisme qui font des ravages dans la société n’ont pas épargné l’armée. La milice populaire, les coups d’Etat militaires (à commencer par celui de 1968), le bouleversement de la hiérarchie et la rupture de la chaîne de commandement ont désarticulé l’armée. Par ailleurs, le Mali doit revenir au centre des préoccupations de tous et de chacun. L’esprit patriotique, le sens de l’honneur, du sacrifice, la discipline et le renoncement doivent être des valeurs cardinales pour reconstruire notre armée. Les Maliens doivent réapprendre à mourir pour le Mali. Cela suppose un sens élevé de la patrie et de l’État à tous les niveaux, pas seulement dans l’armée. Les enfants des autres accepteraient plus facilement de mourir pour la patrie s’ils constataient qu’au sommet de l’État, il n’y a pas de traitement de faveur pour les neveux et les enfants’’, répondait ainsi TièbiléDramé à nos confrères de ‘‘Procès-Verbal’’ en octobre 2014 à la question de savoir ‘‘ À quoi il attribue les défaites récurrentes de l’armée face aux groupes armés ?’’
En clair, s’il y a autour’ hui ‘‘division’’, ‘‘dispersion’’ et ‘‘critiques’’ aujourd’hui de l’armée de la part des Maliens, ils l’ont sans doute appris de M. TièbléDramé, opposant d’hier et actuel chef de la diplomatie malienne.
La Sirène