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Décryptage: Kidal, la toison d’or

Dans décryptage, la situation de Kidal où les tensions s’excitent entre les FAMa et le CSP-PSD

Forces Armées Maliennes (FAMa) remportent la bataille d’Anefis contre le CSP-PSD, Comité stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement. À une centaine de kilomètres de Kidal, ville suzeraine de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), Anéfis symbolise la nouvelle ligne de rupture entre le régime transitoire et le CSP-PSD. Kidal est devenue le marqueur systémique de la lutte entre les FAMa et le CSP-PSD pour contrôler les emprises de la Minusma. Tout près de Bordj Badji Moktar, ville frontalière algérienne, Kidal est scrutée par Alger.

L’extrême instabilité sécuritaire de Kidal n’exclut pas un débordement du conflit armé sur le territoire algérien. L’extrême imprévisibilité des répercussions sécuritaires du conflit n’interdit pas une
sollicitation d’Alger. À tout moment, tout est susceptible de s’écrouler. Comme en 2012, la ville de Kidal
est devenue le point le plus sensible du Mali. Tout recommence. L’intensification des tensions entre
Kidal et Bamako amène à se demander si les canaux de dialogue existent encore entre eux. Pour l’instant, c’est le dialogue de sourds.
Le 13 octobre 2023, les Kidalois ont manifesté pour demander le soutien de la communauté internationale. Pour éviter la putréfaction de la situation, il est temps que l’UA et la Cedeao s’impliquent
pour trouver des modes de résolution du conflit armé entre les frères maliens dans un pays miné par le
narcoterrorisme.

Le Liptako-Gourma, un chaudron mortifère
Par ailleurs, lorsque l’on écoute les rescapés des sanglantes attaques du bateau Tombouctou,
Bamba, Bourem, Dioro, Gao ou Léré, il y a un point commun entre leurs récits, c’est leur absolue horreur : des familles décimées, des territoires meurtris, etc.
La spirale de la violence se diffuse et résonne au-delà des frontières. Révoltant. Ces différentes attaques, hormis celle du bateau Tombouctou, sont révélatrices d’un contexte de tensions permanentes
entre la transition et le CSP-PSD, attisé par le départ programmé de la Minusma. A Kidal, on flirte tactiquement avec l’indépendance. A Bamako,

on nous rassure : on va triompher. En attendant, Bamako et Kidal sont librement concurrencés par l’EIS et Aqmi.

Ces derniers assassinent, extorquent et violent dans le Liptako-Gourma, devenu le chaudron mortifère du Mali. Des villages sont rasés, des écoles sont fermées, parfois à quelques mètres des bases militaires. Certaines communautés sont massacrées. D’autres sont opprimées par leurs supposés
protecteurs, devenus des bourreaux. L’histoire se brouille. Parfois, comme
une maladie auto-immune, le dispositif sécuritaire se dérègle et se retourne contre ses propres enfants.
C’est la double peine. Ne nions pas l’évidence : les populations des zones en tension sécuritaire sont
laissées pour compte.

Pourtant, ces populations ont une âme, le Mali. Leurs vies comptent. Deux conceptions de la République
De toute évidence, la société malienne est polarisée. Au nom de la guerre et des rancunes. Certains
estiment que la guerre, Wongu en Songhay, entre Kidal et Bamako est inévitable. C’est la position
d’une partie de l’opinion malienne, prête à en découdre avec le CSP-PSD (CMA). Il est facile de
constater que cette catégorie de la population va-t’en guerre serait peu touchée par les massacres et les
traumatismes. Elle attise la flamme. D’autres, au contraire, prônent la recherche de solution
entre Bamako et Kidal.

Mais, dans les deux cas, deux conceptions de la République se heurtent. Pour les uns, la force
demeure l’outil par excellence de la souveraineté.

Pour les autres, le dialogue et le compromis restent les armes les plus adaptées. Autant dire que le poids
des opinions publiques maliennes est prépondérant dans les capacités de Kidal et Bamako à se parler. Mais que gagnons-nous à faire la guerre ?

Rien que de la colère, le déracinement, la désolation, l’errance, la haine, la sidération ou la violence.
Ce sont les marqueurs indélébiles de la guerre. Face à cette crise, la seule issue reste la paix pour
vivre en sécurité et en liberté. Nous devons œuvrer à l’émergence de responsables maliens capables de s’engager dans une solution politique du conflit. Ni responsables opportunistes cherchant à tirer profit du conflit, ni partenaires tentant de servir ses propres intérêts, ni lobby français, ni lobby russe, mais, il s’agit de responsables maliens, audessus de la mêlée, qui défendront l’intérêt général du Mali, c’est-à-dire
celui de la République.

L’imbécile guère Bien évidemment Kidal symbolise la toison d’or, une bataille pour la vérité et la paix que l’imbécile guerre rend impossible.

Mais gardons notre sang froid. Allons chercher aux profondeurs de nous-mêmes la force de nous
parler. Voyageons au plus profond de nous comme le font les explorateurs de la fosse la plus profonde au Monde, celle des Mariannes (plus de 10 000 mètres de profondeur) dans l’océan pacifique, pour interroger le peu d’humanité en nous pour changer le Mali. Ce sera une historique prouesse humaine pour le futur du Mali.

Terminons par cette question : qu’attendons-nous pour nous engager pour une résolution politique du conflit armé entre le CSP-PSD et la Transition ?

Mohamed Amara
Sociologue

Mali Tribune

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