Dans cette étude, le Pr Doucouré démontre le plan conçu par les autorités coloniales de 1907, date de l’inauguration du palais du Gouverneur général de l’Afrique occidentale française (AOF), à 1959.
Il y dévoile aussi les manœuvres de cette administration coloniale, tendant à diviser les musulmans et à affaiblir les hommes politiques dans l’unique but de perpétuer sa domination.
Cette étude a été lue dans sa version arabe, le mardi 18 mai 2021, à Nioro du Sahel (République du Mali), en présence du Chérif Mouhamédou Ould Cheikhna Hamahoullah, le Guide suprême du hamallisme, à l’occasion de l’anniversaire des 80 ans (1941-2021) de la déportation du Chérif Hamallah par ladite Administration coloniale.
En effet, le Pr Doucouré en profite pour décrypter la numérologie secrète qui se cache derrière ces chiffres, marquant la victoire mystique du hamallisme sur l’administration coloniale que vous découvrirez par vous-mêmes en lisant, ci-dessus, cette nouvelle contribution, à travers notamment l’histoire secrète des Palais de Dakar et de Koulouba.
Pourquoi l’Islam n’a pas été enseveli sinon rendu insignifiant en Afrique Occidentale
BISMILLAHI ARAHMANI ARAHIM
Au nom de Dieu, Le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux. Louange à ALLAH (swt) qui a dit : « Il est le Créateur des cieux et de la terre à partir du néant. Lorsqu’Il décide une chose, Il dit seulement : « Sois », […]’’Sourate 2, Al – Baqarah, la vache, 117 ‘’ […] vous ne saurez vouloir, à moins qu’ALLAH veuille […]’’ Sourate 77, Al-Insan, les hommes, V 30 : ‘’Ô les croyants ! Vous êtes responsables de vous – mêmes ! Celui qui s’égare ne vous nuira point si, vous, vous avez pris la bonne voie. […]’’ Sourate 5, Al-Mâ’ Idah, la table servie, V 105 ‘’En effet, Notre Parole a déjà été donnée à Nos serviteurs, les Messagers que ce sont eux qui seront secourus, que Nos soldats auront le dessus.’’ Sourate 37, As-Saffât, les rangés, V 171, 172 et 173
Les quatre lois coraniques que voilà régissent les univers et leurs contenus. Quand elles sont multipliées par les quatre lettres de « Allahou », cela nous donne le nombre seize qui détient les seize stations fondamentales contenant tout ce qui est animé et inanimé : la première est pour l’âme. La deuxième est pour la chance. La troisième est pour la fraternité. La quatrième est pour la paternité. La cinquième est pour le contrevenant. La sixième est pour le souci. La septième est pour le mariage. La huitième est pour la régression. La neuvième est pour l’ouverture. La dixième est pour le pouvoir. La onzième est pour l’espoir. La douzième est pour l’adversité. La treizième est pour la demeure. La quatorzième est pour l’objectif. La quinzième est pour le verdict. La seizième est pour le terme.
Il existe deux catégories de lois : celles dont Dieu, seul, connaît la raison d’être. Il veut, ainsi, par ce truchement, éprouver la capacité d’obéissance des croyants. Ces lois sont celles qui ont une fonction cultuelle définissant la croyance. Leurs significations ne sont pas accessibles à la raison.
Pour étayer cela, nous avons des exemples comme le nombre des cinq prières obligatoires ; les taux de la zakat ; le nombre et la nature des châtiments et des actes expiatoires ou encore la part d’héritage attribuée aux différents héritiers. L’autre catégorie de lois résulte de celles dont les hommes comprennent la raison d’être, par exemple le fait d’interrompre le jeûne au mois de ramadan, la raison d’être étant la maladie ou le voyage.
Au début de l’Islam, Allah (swt), pour éviter toute ambiguïté et toute contradiction, s’adressa à Mouhamed (saws) en ces termes : « dis, je ne suis qu’un humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est, en fait, un Dieu unique’’
Ce verset nous donne deux cadres où il évolue :
– dans le premier, comme être humain dans une structure résultative, il prend librement ses initiatives ;
– dans le second, comme Messager d’ALLAH (swt) dans une structure causative, il exécute les ordres d’ALLAH (swt).
« N’eussent été les lois coraniques précitées accordant la garantie irrévocable aux croyants, l’Islam serait enseveli sinon insignifiant en Afrique Occidentale, autrefois française mais, aujourd’hui, indépendante ».
La construction du palais, ordonnée en 1902, par Gaston Doumergue, ministre des colonies, visait à loger dans la capitale le Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française qui résidait alors à Saint Louis. L’architecte fut Henri Deglane. Après cinq ans de travaux, il fut inauguré le 28 juin 1907.Le Gouverneur général en fonction Ernest Roume fut le premier à y demeurer. Il avait pour tâche de transférer le siège du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française de Saint Louis à Dakar et mettre en place des structures administratives centrales. Voilà ce que relatent les documents officiels. Par contre, les documents ultraconfidentiels y ajoutent que les africains doivent être maintenus dans la servitude et le meilleur moyen d’y parvenir est de créer des dissensions entre eux. L’accent doit, donc, être mis sur la manière dont les chefs religieux doivent être contrôlés en amadouant les dociles mais en réprimant les réfractaires.
Ce fut le Gouverneur général William Ponty (de 1907 à 1930) qui entama la tâche en formant, discrètement, des commis pour visiter les colonies et explorer les profondeurs.
La lutte ouverte contre le hamalisme
La première nouvelle qui retint son attention fut l’apparition du hamallisme à Nioro du Sahel (République du Mali), en1909, par un Chérif nommé Himallahi qui, tout en se réclamant du tidjânisme, adopta une chaîne de transmission indépendante. Ses informateurs ne manquèrent pas de lui révéler que ses premiers adeptes furent des érudits de niveau supérieur. Il en informa sa hiérarchie tout en précisant, également, que les indices qu’il détenait, par devers lui, indiquaient que ce denier serait, difficilement, manipulable, contrairement aux autres chefs religieux.
Le Gouverneur Jules Cardes (de 1923 à 1930) hérita du dossier laissé par son prédécesseur. Il interrogea Terrasson de Fougères, gouverneur du Soudan, en 1924, au sujet dudit mouvement.
Sa réponse, se fondant sur le rapport de son secrétaire général Louis Descemet dit, en substance : « Le mouvement hamalliste est un ordre religieux dont le principal objectif est d’entraver toutes les entreprises de l’administration coloniale. Les opposants religieux de son fondateur Cheikh Hamallah qui avaient minimisé son impact se rendirent compte qu’ils s’étaient trompés et les disciples hamallistes sont convaincus que leur guide serait le sauveur. Cheikh Hamallah refuse, systématiquement, de se joindre aux chefs religieux qui, à chaque fête, faisaient des visites de courtoisie aux autorités. En plus, il détient, par devers, lui deux de ses fils en âge de scolarisation mais aucun d’eux ne fut autorisé à fréquenter l’école française.
Si l’administration coloniale veut la quiétude, la meilleure solution est son éloignement. »
Une fois le rapport reçu, il l’expédia, automatiquement, au Gouverneur général, Jules Cardes et la décision fut prise. Alors, Cheikh Hamallah fut convoqué à Bamako en 1925.
Dans le bureau du Gouverneur, ce dernier, le maintenant debout, dit : « Puisque tu ne veux pas être comme les autres chefs religieux qui nous respectent, nous avons décidé de t’éloigner de ta famille pendant dix ans. Si tu as le pouvoir pour nous l’empêcher, fais tomber la voûte de ce bâtiment sur ma tête. »
La réponse du Chérif fut : « Je confie le sort de ta tête à mon Seigneur, il s’en chargera le moment venu. »
Quand la nouvelle de l’exil du Chérif fut connue, Monsieur Lamine Coura Gueye, un homme politique, mondialement connu, adressa une lettre explicative à teneur juridique et politique au Gouverneur général Cardes. Il réfuta les allégations de Descemet et lui conseilla de se ressaisir car Chérif Hamallah est un homme respectueux et il mérite d’être respecté mais le Gouverneur général n’obtempéra pas. Ainsi, le Chérif séjourna à Saint Louis ensuite en Mauritanie et après en Côte d’Ivoire.
LE RETOUR LA SOMMITE DES SOMMITES A NIORO
Les dix ans d’exil terminé, en fin 1935, Cheikh Hamallah revint à Nioro. Aussitôt, ceux qui pensaient qu’après les dix ans d’exil ses feux s’éteindraient déchantèrent car la sommité des sommités dans la Tidjânia de l’époque, assorti d’un thaumaturge inégalé, Thierno Bocar Salif Tall de Bandiagara, vint à Bamako et chargea son disciple Amadou Hampâthé Bâ de lui trouver les moyens de se rendre à Nioro pour rencontrer Chérif Hamallah.
La montagne du scepticisme accoucha d’une déconvenue étouffante quand les adversaires du hamallisme apprirent que Thierno Bocar Salif Tall s’était dépouillé de tous les titres religieux dont il disposait et devint hamalliste en 1937.
A l’époque, le Gouverneur général à Dakar était Marcel Décopet (de 1936 à 1938). Il était d’une famille protestante en France et, lui-même, un franc-maçon notoire. Il s’y ajoute qu’il était plus souple que Jules Cardes et plus intelligent que Terrasson de Fougères.
Dans la même année, il dépêcha une délégation composée de chefs religieux et de notables auprès du Chérif avec de somptueux cadeaux en le priant d’être conciliant.
Sa réponse fut : « je ne prône jamais la violence, encore moins, l’arrogance. Je ne réprouve pas la collaboration mais je me donne, toujours, le droit de ne pas adhérer à la déviation et à la compromission. »
Le compte rendu lui fut fait mais il n’approuva ni ne désapprouva.
Ce fut le Gouverneur général Pierre Boisson (de 1940 à 1943) qui, ne se contentant pas d’être un défaitiste comme le Maréchal Pétain et son équipe qui signèrent l’armistice, prit la ferme décision de régler son compte à ce Chérif Hamallah qui s’érige, toujours, en entrave contre l’administration coloniale. Il ne guettait que le moment propice.
Il l’eut quand la tribu Trouazi, en Mauritanie, farouchement hostile au tidjânisme, monta une cabale consistant à aller attaquer le fils aîné du Chérif, nommé Baba, et sa famille.
Quand les agressés ripostèrent, Pierre Boisson et ses complices jubilèrent par ces propos : « Ça y est ! Le fruit est mûr ! » Baba et ses compagnons furent arrêtés et regroupés à Yélimané (République du Mali) et furent, d’ailleurs, fusillés, après.
LE RETOUR DE L’ESCALIER CONTRE LES BOURREAUX DE CHEICK HAMALLAH
Ensuite, le 19 juin 1941 Chérif Hamallah fut arrêté et acheminé à Dakar.
Accueilli, menotté, au palais, par Pierre Boisson et en présence de ceux qu’il appelait ‘’les amis de la France’’, s’adressa au Chérif :
« C’est toi Hamallah qui, dès le début de ton mouvement, ordonnas à tes disciples de nous avilir. C’est toi Hamallah qui te réjouis de la prise de notre capitale, prise t’ayant incité à vouloir faire la guerre sainte. Aujourd’hui, te faisant sortir de ta maison et te faisant venir ici, tu vois, maintenant, que nous sommes les maîtres. Les membres de ta famille et tes disciples à Nioro sont ras- semblés à la place publique et les nouvelles que tu auras d’eux et de tes enfants arrêtés ne te réjouiront pas. Sois sûr que ton nom, à partir d’aujourd’hui, ne sera que souvenir sans poids. C’est fini et c’est fini »
Calmement, Chérif Hamallah répondit : «Tes chefs et toi ne parviendrez à me faire souffrir que le jour où je me trouverai là où ALLAH (swt) ne me verra pas. Et tu affirmes que c’est fini et c’est fini. Non ! Et Non ! « Allahou wahâboune» : « DIEU est le Donneur » l’avenir et son contenu nous en édifieront.»
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, quand il fut annoncé que le général De gaule allait faire une déclaration très importante à Brazzaville, le 30 janvier 1944, les africains se dirent : « Nous allons voir si nous serons récompensés après tant de sacrifices, pendant la guerre.» Cependant, la déception fut totale car le général De Gaule, en concluant ses propos dit : « Monsieur le gouverneur, les pieds assez bien enfoncés dans la terre d’Afrique, pour ne jamais perdre le sens de ce qui est réalisable et, par conséquent, pratique, Il appartient à la nation française, et il n’appartient qu’à elle, de procéder, le moment venu, aux réformes impériales de structure qu’elle décidera dans sa souveraineté. En attendant, il faut vivre, et vivre chaque jour, c’est entamer l’avenir. »
Nous voyons que, dans son esprit, les africains ne devraient être assujettis qu’aux « mesures impériales.»
Voilà pourquoi Félix Houphouët Boigny, futur président de la république de la Côte d’Ivoire, après ce discours décevant, prit la décision de réunir ses amis politiques et leur dit : « Si c’est de la France que nous voulons obtenir notre indépendance, ce n’est pas demain la veille. Allons, donc, nous confier à DIEU en un lieu sûr.»
« Où ? A Rome ou bien ailleurs ?» Demandèrent ses amis.
Il répondit : « Non ! Pas à Rome mais à Montluçon où repose Chérif Hamallah. »
Ils s’exclamèrent : « Mais, tu es chrétien ! »
Il répondit : « Oui ! Je suis chrétien mais j’ai lu une loi biblique dans les dix commandements et j’ai été convaincu par celle-ci. En voici la teneur : ‘’Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton DIEU en vain car l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.’’ Or Chérif Hamallah n’a jamais pris le nom de l’Eternel, son DIEU en vain. ‘’ »
D’ailleurs, tous ceux qui l’ont combattu, publiquement, ont été défaits, avant de mourir, publiquement.
Cela fut fait.
Nous disons, aujourd’hui, que l’histoire lui a donné raison car lorsque le gouverneur général Jules Cardes fut muté à Alger, les autorités se demandèrent quel gouverneur des colonies était le plus indiqué pour le remplacer à Dakar. Finalement, le choix se porta sur Terrasson de Fougères qui, en congé en France, reçut le télégramme du ministre de la France d’outre-mer de regagner Paris dans les plus brefs délais. Il se mit au volant de sa voiture accompagné de sa femme et sa servante soudanaise du nom de Tening. Sa voiture entra en collision avec un camion et Il mourut sur le coup, la tête fracassée, le 5 mai 1931, sa femme et sa servante s’en sortirent indemnes. Pour rappel, en 1925, il avait demandé à Cheikh Hamallah, dans son bureau, de faire tomber, sur sa tête la voûte de la toiture du bâtiment s’il en avait la capacité. Et en réponse à sa provocation, ce dernier lui avait dit : « Je confie le sort de ta tête à mon Seigneur. IL s’en chargera le moment venu.»
Quant à Pierre Boisson, il essaya, après la libération, de s’amender mais ce fut peine perdue dans la mesure où il fut inculpé d’indignité nationale et révoqué sans pension et il mourut en 1948.
Concernant, maintenant, le maréchal Pétain qui avait donné l’ordre à Pierre Boisson de mettre un terme au hamallisme, son procès fut un dilemme pour les français vu son passé glorieux et son présent dégradant. Toutefois, le procureur général Constant Victor André Mornet, dans son réquisitoire, fut à la hauteur et rétablit la vérité. Il débuta ledit réquisitoire en ces termes : « Pendant quatre années, que dis-je, pendant quatre années, à l’heure actuelle encore, la France est victime d’une équivoque la plus redoutable qui puisse jeter le trouble dans les esprits, celle qui, à la faveur d’un nom illustre sert de paravent à la trahison.»
Il démontra, ensuite, point par point, que le maréchal Pétain, en signant l’armistice, avait trahi la nation française.
Il fut condamné à la peine de mort, à l’indignité nationale et à la confiscation de tous ses biens. Mais vu son âge très avancé, la fusillade lui fut épargnée et il mourut en détention, en 1951.
Félix Houphouët Boigny a eu, donc, raison car les principaux responsables de la déportation de Chérif Hamallah furent humiliés, publiquement, avant de manger les pissenlits par la racine…
De 1907, l’année de l’inauguration du palais du gouverneur général de l’AOF et l’installation de son premier logeur Ernest Roume à l’année 2021, il y a 114 ans.
Ce chiffre, parmi les 99 noms d’Allah (swt) connus : « Asma ou lahi al Housna », correspond au nom : «Diamihou » :« le rassembleur » Dim : 3 ; Alif : 1 ; mime : 40 ; haine : 70 ; le tout fait 114.
C’est une victoire théologique pour l’Islam.
De 1941, année de la déportation de Chérif Hamallah à Dakar, à l’année 2021, il y a 80 ans. Ce chiffre 80 correspond lui aussi aux deux noms divins suivants : Allahou : 66 ; Wahâbou : 14 ; Le total fait 80.
Le jour de la déportation de Cheikh Hamallah Pierre Boisson lui avait dit : « c’est fini et c’est fini.» et il avait répondu par « non ! Et non ! Ce n’est pas fini : ’’ Allahou wahâboune’’ : ‘’DIEU est le Donneur’’. Et cela fut fait.
Là, c’est une victoire mystique pour le hamallisme.
Maintenant, le don est là et l’explication, aussi, est là.
Le premier Gouverneur général qui logea au palais comme nous l’avons relaté plus haut fut Ernest Roume (de 1902 à 1907) et le dernier fut Pierre Messmer (de 1958 à 1959) mais, aujourd’hui, grâce à ALLAH (swt), celui qui y réside, depuis 2012 est le quatrième président de la République du Sénégal, MACKY SALL. Alhamdoulilahi Rabil Alamina.
Cheikh Tahirou Doucouré, Professeur en sciences islamiques