Nul n’est censé ignorer la loi à priori un PM reconduit. Pourtant c’est bien ce que fait le chef du gouvernement pourtant confirmé à son poste depuis plus de 4 mois.
Dans la foulée de l’investiture du chef de l’Etat en septembre 2018, le gouvernement avait démissionné. Départ qui avait mis à la retraite plusieurs leaders sans que le maître d’orchestre ne soit concerné car reconduit par l’employeur IBK. Soumeylou Boubèye a donc repris les rênes de la Primature pour cette fois faire essentiellement face aux défis sécuritaires.
Si la question du Centre est loin d’avoir connu son épilogue avec des débordements au Burkina Faso, on peut avancer qu’une dose de pilotage à vue a pris forme. En effet, depuis le mois de septembre où il fut reconduit, le PM Maïga n’a pas présenté la Déclaration de politique générale du gouvernement (DPG). Un devoir constitutionnel obligatoire afin de respecter la tradition.
Pourtant, depuis le mois de décembre passé, son gouvernement a atteint 100 jours aux affaires. Et il faut avouer que plus d’un mois après avoir dépassé le délai imparti pour la DPG, la question fait débat. Des observateurs de l’actualité malienne aux acteurs du giron politique, la présence du chef du gouvernement au perchoir se fait attendre. Mais le président de l’Asma ne juge pas opportun de sacrifier à l’exigence. Finalement le temps donnera raison à ses détracteurs qui estiment qu’il est plus occupé à renforcer son parti.
Si au départ les ralliements en masse étaient nombreux du fait de frustrations, beaucoup ont compris qu’il faudra compter avec SBM lors des échéances de 2023. Une bataille de leadership qui a finalement abouti à rapprocher le duo RPM/URD qui pourrait bien l’évincer de sa posture centrale dans le jeu politique.
Le leadership de Boubeye a finalement provoqué un tandem entre lui et Bokary Tréta, président de l’EPM non moins numéro 1 du RPM. Afin de mieux mettre la réussite des réformes au cœur des attentions, il a carrément zappé les élections législatives qui suscitaient un engouement sans pareil au sein de la classe politique.
Pourtant le fait de se succéder à soi-même n’est pas une fin en soi : l’aval de la représentation nationale pour mener sa mission est un passage obligé. On peut donc comprendre le manque de courtoisie à son endroit de la part des élus durant son interpellation. En mission commandée quand il arrivait en janvier 2018, il lui a été signifié qu’il avait deux priorités : l’organisation des élections et le lutte contre l‘insécurité.
Après plus d’une année à la Primature, on dira que les actions entreprises par SBM ont fait tache d’huile avec la tenue à bon port de la présidentielle qui verra même son candidat l’emporter. Sauf que le second objectif tarde à impacter positivement sur le pays. La tragédie peule a eu des échos hors du Mali et l’appartenance ethnique a pris une ampleur qui conduit même certains leaders politiques à rentrer dans les rangs malgré eux. Pourtant l’Assemblée nationale aura enchaîné de septembre 2018 à janvier 2019 des sessions ordinaires ainsi qu’extraordinaires sans que le PM soit cité à l’ordre du jour. Cette fois, il dépasse d’ailleurs le record mis à présenter sa précédente DPG.
Pire, il a passé le challenge de l’interpellation sur l’insécurité au centre sans l’aval populaire autour de la DPG. L’irrégularité est donc d’actualité pour un PM qui se veut perfectionniste et n’hésite pas à rappeler à l’ordre afin que tout se passe bien. L’atteinte de ses objectifs doit être validée par nos élus nationaux car le contexte du pays a changé.
L’ASMAtisation de l’administration et l’arène politique devrait prendre fin en tout cas aller en pause afin que… le Mali puisse travailler avec la manière. Le peuple a besoin de connaître solennellement le programme de l’Exécutif assigné au gouvernement!
Idrissa Keïta
Source: Le Point