Personnalité influente de l‘ex-rébellion, Mahamadou Djery Maiga a tiré sa révérence hier à l’hôpital Mère-enfant le Luxembourg à la suite d’un court malaise.
La mort de Mahamadou Djery Maiga a fait le tour des réseaux sociaux mardi matin.«Nous avons l’immense peine de vous annoncer le décès de notre frère, camarade de lutte Mahamadou Djery Maiga, vice-président du MNLA et membre du comité de suivi de l’accord au compte de la CMA, des suites d’un court malaise hier soir à Bamako », a annoncé mardi matin, Attaye Ag Mohamed, membre de la CMA. Une information qui sera confirmée par un communiqué de la CMA qui a présenté à sa famille éplorée, ses condoléances. « Mahamadou Djery Maiga aura été en toute circonstance un grand homme de conviction et sa disparition une perte », peut-on lire dans le communiqué de la CMA.
De son vivant, à visage découvert, Mahamadou Djery Maag a été au cœur de la rébellion de 2012. Plus qu’un acteur, il fut un militant d’abord du mouvement national de l’Azawad (MNA) avant de se retrouver à la base de la création du mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Pourtant, rien ne prédestine que Djery Maiga allait faire cause commune avec la rébellion à dominance touarègue. A l’éclatement de la rébellion des années 90, il était élève au lycée technique de Bamako et a abandonné les bancs pour se retrouver comme instructeur du mouvement d’autodéfense Ganda-Koy.
Djery et nous ?
Notre premier contact avec lui était lors de la signature de l’accord préliminaire de Ouagadougou. Aux côtés de la dizaine de journalistes qui avait accompagné la médiation dirigée par Tiébilé Dramé, je me suis adressé à lui pour avoir des informations sur les attentes de la rébellion. «Nous sommes disposés à travailler avec les autorités », nous a confié ce jour-là Djery. Pourtant, très méfiant, il se voulait peu bavard avec un journaliste qu’il venait à peine de connaitre. De cette rencontre à Ouagadougou, j’ai gardé le contact avec lui pour être au parfum de l’évolution de la crise et surtout connaitre les positions de l’ex-rébellion. A l’opposé du responsable belliqueux de la rébellion que l’on peut voir régulièrement sur les plateaux de télés et sur les antennes de radios, Mahamadou Djery est plutôt du genre modéré qui tente de convaincre son interlocuteur. Profitant de ses déplacements à Bamako, il n’hésite pas à nous inviter dans son hôtel pour partager avec nous une information. Le plus souvent, en compagnie de certains confrères, il nous accordait des interviews avec un ton osé et libre. A la faveur de la signature de l’accord et son installation à Bamako, nos chemins se sont séparés. Mais, je retiens de lui, un homme qui assume ses convictions malgré le fait qu’au sein de sa communauté sa participation à la rébellion reste impardonnable.
Que représentait-t-il au sein de l’ex-rébellion ?
Pour se rendre à l’évidence du rôle et de la place de Mahamadou Djery Maiga dans la rébellion, il suffit de participer à une réunion du comité de suivi de l’accord (CSA). Constamment, Djery est appelé président et sait être disponible pour les hommes sur le terrain. Certains estiment même qu’il n’est plus en odeur de sainteté avec une partie de la rébellion qui avait choisi de rester à Kidal alors que lui a décidé volontairement de s’installer dans la capitale. Au sein de l’ex-rébellion, il est présenté comme le symbole de la diversité. Mais, dans la communauté sédentaire, le rôle joué par Mahamadou Djery Maiga continue d’alimenter les passions et les frustrations. Et depuis quelques moments, il est perçu comme un infiltré au cœur d’une rébellion dont Touaregs et Arabes sont les meneurs. Pourtant, depuis lundi soir, il a été rappelé à Dieu et sa mort a donné lieu à une multitude de réactions. C’est du passé, me dit un sage à l’annonce de sa disparition. Comme pour paraphraser l’autre : seule la mort est une certitude et quand elle arrive c’est la fin d’un contentieux.
A.M.C.
Source: L indicateur du renouveau