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Debout sur les remparts

Ne plus laisser les autres décider de notre sort. C’est en substance le message qu’ont voulu faire passer les initiateurs du grand meeting organisé, vendredi à la place de l’Indépendance, en soutien aux autorités de la Transition. Ils étaient des milliers de manifestants à se mobiliser à l’appel de plusieurs regroupements, dont Yèrèwolo et le mouvement des jeunes du M5-RFP, pour dire «non au diktat des puissants».

 

Le discours politique semble désormais pris en charge par le mouvement populaire en soutien à l’édification du Mali Kura. Les figures de ce mouvement déterminé à «restaurer notre souveraineté» sont connues, pour avoir été très actives pendant la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

Dans leur viseur : l’Organisation des Nations unies (ONU) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui accentuent la pression sur les autorités de la Transition. Mais aussi la France, accusée d’orchestrer une cabale contre le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.

«Nous serons désormais là, debout sur les remparts, pour les protéger contre les ennemis, en particulier la France», ont annoncé les initiateurs qui ne s’encombrent pas de convenances. Entre invectives et propos hostiles à l’ex-puissance coloniale, ils n’ont pas fait dans la dentelle pour dénoncer «l’échec de la force française Barkhane au Mali». Le slogan «A bas la France» galvanisait la foule. Difficile de ne pas leur prêter une oreille attentive, quand ils évoquent l’extension géographique de l’insécurité ou encore le désastre humanitaire qui s’installe dans les Régions de Mopti et de Ségou.

Le retrait «unilatéral» décidé par la France, dans ces conditions, est pire qu’un «abandon en plein vol, a tancé Hawa Diarra. Il nous faut des partenaires sincères». L’avis est partagé par ses camarades de lutte, qui souhaitent ni plus ni moins le départ de toutes les forces étrangères, au profit d’un partenariat militaire avec la Russie ou avec la Chine. Beaucoup de participants au rassemblement brandissaient des drapelets aux couleurs du Mali et de la Russie.

Oumar Sanogo a une autre grille de lecture : «On ne sera jamais à l’abri des surprises désagréables, tant qu’on continuera à sous-traiter notre sécurité. C’est à nous de l’assurer ». L’enseignant à la retraite attend «des autorités bien plus que des discours, il faut des actes pour circonscrire l’insécurité». «À nos forces de prendre le taureau par les cornes», a renchéri Dramane Diallo. Cet habitant de Niono n’est pas venu au rassemblement pour seulement tancer les partenaires. Il était présent pour «attirer l’attention sur le sort des cultivateurs qui, à cause de l’insécurité, n’arrivent pas à récolter les fruits de leur labeur».

Les manifestants sont convaincus que les autorités actuelles, au prix d’une prolongation du délai imparti à la Transition, pourront poser les jalons du Mali auquel nombre de nos compatriotes aspirent : un pays sécurisé, bâti sur des institutions fortes. Il leur faut du temps car le «Mali est tombé si bas que même dix années ne suffiront pas pour le sortir du gouffre», selon Ibrahim Traoré. Alors que son ami Moussa Camara, avec sa pancarte, réclamait «une transition de cinq ans».

Si les avis sont partagés concernant le délai de grâce à accorder à la Transition, tous les manifestants conviennent cependant de la nécessité de faire front commun contre les influences extérieures. Ils ont élevé la voix contre ce qu’ils qualifient d’ingérence de la communauté internationale dans la gestion de nos affaires. «La Cedeao doit respecter la souveraineté du peuple malien, sinon elle sera emportée par le vent des peuples», a averti Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, vice-président du Collectif pour la refondation du Mali et membre du Conseil national de Transition (CNT). Et Adama Ben Diarra, leader du Mouvement Yéréwolo, reste formel : «Personne ne doit nous obliger à faire une élection. Parce qu’ils ont vu le Mali souffrir, les militaires tués, les civils tués. On n’a vu personne venir nous secourir».

Au Mali, comme dans la plupart des pays membres de la Cedeao, il est admis que l’organisation communautaire n’a pas toujours agi de manière cohérente ou décisive lorsque les pratiques démocratiques ont été menacées.

D’ailleurs, elle devrait «arrêter de faire la leçon aux peuples africains en leur rappelant les principes démocratiques, puisqu’elle cautionne les troisièmes mandats», a estimé Mariam Togola. Cependant, «nous n’avons pas intérêt à défier ces organisations», ajoutera-t-elle.

Reste le défi de conforter ce sursaut, encore susceptible de s’émousser dans les guerres de positionnement. Les organisateurs, auréolés par le succès de la mobilisation de vendredi, ont déjà annoncé une nouvelle manifestation pour le 19 novembre prochain.


Issa DEMBÉLÉ

Source : L’ESSOR

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