« J’arrive alors… ».  Quoi de plus normal. L’appelant est un habitué. Il venait sans doute discuter de l’adresse présidentielle sur  le projet de révision constitutionnelle. Or la visite m’intriguera. L’hôte, éminent professeur de littérature russe, plusieurs fois ministre de l’Education, consacrera seulement quelques minutes au référendum recalé. Puis, je ne comprenais pas pourquoi il tenait à s’installer dans la cour malgré les éclairs et la pluie.

Pire, il sera encore plus bizarre en demandant à solliciter la toilette extérieure à l’arrière-cour de la maison alors qu’il pouvait celle des visiteurs, attenante au salon où nous étions. Comme si c’était écrit ce soir-là que l’enchaînement des surprises devait me donner le tournis, la sonnerie du portail retentit au moment où le tovaritch de l’arrière-cour. Un second visiteur! Lui, je ne l’avais pas vu depuis un an.

Eminent professeur de médecine lui aussi, et ophtalmo de métier. Un peu moins patient que le premier visiteur, il demanda tout de suite le chemin de la toilette extérieure au motif qu’il avait ses ablutions à faire. Au bout d’un moment, un bêlement. C’était celui du bélier que j’avais acheté l’après-midi même des visites-surprises, avec  le réseau des vendeurs venant de Douentza, des connaissances de mon épouse, une de leurs compatriotes de l’Azawad, version Cma.

Les vendeurs ont parlé aux vigiles du quartier eux aussi  de Douentza et les vigiles ont parlé à leurs patrons, c’est à dire mes deux visiteurs. Pas d’autre explication. Comme l’an dernier, un d’entre eux a subtilisé et fait la fête avec mon mouton, poussant mon fiston au pré-suicide, ils ont tenté de  rééditer l’exploit. Je comprends que vous ne vous en mêliez pas mais donnez au moins les signalements à l’Epervier !

Adam Thiam