De quoi je me mêle ? De ce que les festivals passent, que les rentrées littéraires se succèdent, que les décorations se suivent célébrant la proximité et la promiscuité avec le cercle parfois ivre mais toujours bref des pouvoirs, et que seul est demeuré un homme et sa tragédie. Il s’appelle Yambo Ouologuem.
Gravement et grandement. Prix Renaudot quand les noirs étaient plus accompagnés vers les bouches d’égout que les marches de podium. Oui Yambo Ouologuem, l’intellectuel méritoirement auréolé avant d’être déclassé, jeté aux orties et à l’opprobre au nom d’un racisme rationnellement abrité derrière un procès de plagiat.
Oui Yambo Ouloguem, anonyme sexagénaire ou octogénaire des rues sombres de Sévaré, réduit à ne discuter qu’avec les forains venus vendre leur jarre ou acheter une brebis. Loin des projecteurs de la République détournés de ce lumineux artiste qui vous sait vous causer de physique quantique en anglais ou de cosmogonie aztèque en peulh.
Lui le génie congédié par l’usine à héros ou zéros -c’est selon- des convictions sectaires, qui n’est évoqué que par épisodes chez nous, même chez nous, au lieu d’être invoqué en permanence. Une avenue, une rue, un square, une salle de spectacle, une école du nom de Yambo Ouloguem, à l’initiative d’un pays qui n’en finit pas de convoquer l’excellence ! C’est la mer à boire ça?
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali