Soixante douze heures depuis le paraphe d’Alger et habituels les communiqués de soutien au gouvernement qui inondent le journal télévisé du soir se font désirer. Les partis se tâtent encore et ceux d’entre eux qui ne cachent pas leur scepticisme vis-à-vis du dernier projet d’accord se taisent pour le moment. Préférant éviter de paraître jeter l’huile de la désapprobation sur le feu d’un forcing qui a paru trop gros et trop risqué pour certains politiques mais opportun pour d’autres.
D’autant que tout cela a traîné en longueur, que le pourrissement pourrait créer encore plus de mauvaises surprises à l’Etat malien, et qu’à juste raison, la communauté internationale que nous avons même eu la baraka de sous-traiter pour notre libération pourrait s’agacer de l’éternel recommencement de notre crise.
Nul doute cependant, les heures à venir dévoileront les positions des formations politiques majeures et de la société civile sur le fruit d’Alger. A l’instar du parti de Soumana Sacko qui avait prévenu contre tout écart des pourparlers vis-à-vis de la constitution en vigueur. Aux postures stratégiques et aux questions de forme, viendront vite s’ajouter les questions de fond et les interprétations qui sont généralement sources de passions.
Surtout que le dimanche algérois a été d’un étonnant surréalisme même à côté du pragmatisme de ceux qui ont paraphé l’accord. La Coordination des Mouvements de l’Azawad qui n’est pas le grand perdant de l’opération a boudé la signature. Or le projet valide la référence Azawad, impose la dévolution aux collectivités et ménage pour les dissidents un espace où une partie de leurs troupes peut faire office de police régionale.
Malgré tout, les fauteurs de paix sont arrivés à convaincre le médiateur et la communauté internationale de leur laisser le temps de la restitution à sa base de quelques milliers d’indépendantistes inconvertibles. Quatorze millions de Maliens vont devoir les attendre et surtout vont vouloir en savoir plus et mieux sur le projet de paix et de réconciliation que le médiateur algérien ne doit pas être excessivement déprimé de passer à Bamako.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali