Les combats dans le centre du Mali ont fait une vingtaine de morts, le plus lourd bilan depuis presque un an dans des affrontements entre rébellion à dominante touareg et armée, chacun des deux camps accusant l’autre de saboter les laborieux efforts de paix internationaux.
Les combats entre la rébellion et l’armée mercredi à Léré, près de la frontière mauritanienne, ont fait près de 20 morts et une vingtaine de blessés, a annoncé le ministère de la Défense: “9 morts, 6 blessés, 6 otages” (prisonniers) pour l’armée et, “côté ennemi”: “10 morts et 16 blessés”. De son côté, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) a justifié l’attaque de Léré par “la flagrante violation du cessez-le-feu par la partie malienne et ses milices à Ménaka” (nord-est), où des groupes pro-Bamako se sont emparés lundi de ses positions dans cette ville proche de la frontière nigérienne.
Cinq blessés appartenant à la CMA, dont trois dans un état grave ont été hospitalisés dans la ville frontalière mauritanienne de Bassiknou, a indiqué une source de sécurité mauritanienne.
Le calme était revenu jeudi matin à Léré, dont les assaillants se sont retirés. L’unité méhariste de la garde nationale basée dans la ville a reçu “un important renfort de l’armée”, selon une source militaire malienne.
Une source civile au sein de la médiation internationale dans la crise malienne a fait état de “discussions en cours pour obtenir un échange de prisonniers entre les deux camps”.
Auparavant, deux membres de la garde nationale, ainsi qu’un enfant, avaient été tués plus au nord-est, à Goundam, par des assaillants lors d’une attaque surprise mercredi à l’aube, imputée par l’ONU et le gouvernement à la CMA.
Le ministère de la Défense a accusé la rébellion de nourrir “l’intention délibérée de faire péricliter le processus de paix en cours”. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et Washington ont exhorté mercredi soir toutes les parties à arrêter les violences et à retourner sur leurs positions fixées par les accords de cessez-le-feu, dont celui conclu en mai 2014, après la cuisante défaite de l’armée (plus de 50 morts) à Kidal, bastion rebelle du nord-est du pays.
Par ailleurs, une mine a explosé au passage d’un minibus près de Gao, principale ville du nord, faisant trois morts et 28 blessés. Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.