Une blague à propos de Toto rapporte que le maître pour expliquer la règle de l’addition-soustraction lui avait un jour posé cette question : « tu as 3 beignets et tu donnes 3 beignets à ton petit frère, combien de beignets te reste-il ? ». Candidement Toto a répondu: « Monsieur, il me reste de l’huile dans la main ! ».
Nous ne savons ce que Issaka Sidibé, président sortant de l’Assemblée nationale, aurait répondu à la question sur ce qui lui restait de bilan, mais on peut affirmer sans risque de se tromper qu’il n’y aura laissé aucune empreinte, même pas de trace de son passage.
Ou, peut-être, comme Toto, il lui reste de l’huile dans la main parce que IBK, pour s’auto-octroyer de volumineux fonds de souveraineté a fermé le clapet au Premier ministre et au Président de l’assemblée nationale en les « augmentant » significativement en fonds spéciaux pour leur confort et celui de leur action. Jamais l’argent public n’a été aussi scandaleusement dilapidé.
Cette vie de châtelain, durant plus de six ans, restera le meilleur souvenir de Issaka Sidibé qui est tombé là où il avait péché, à savoir ne devoir son élection à la tête de l’assemblée nationale que par la volonté de son beau-fils qui se trouve être le fils du président de la République. Il a bien accompli sa mission, car en une législature, il a réussi la prouesse de faire du président de la Commission Défense de l’assemblée la vedette de l’hémicycle, lui-même se contentant de ferrailler avec Diaby Gassama, non sans laisser quelques plumes dans cette confrontation avec le truculent et teigneux député de Yélimané.
Preuve de son ascension téléguidée et de son mandat sans relief, c’est sur les épaules du maire de Koulikoro Ely Diarra qu’il a réussi en partie sa réélection.
Apparemment, les schémas du beau-fils ont aussi changé sans que l’on sache le rôle que l’assemblée nationale nommée par Manassa Danioko aura à jouer dans un éventuel théâtre d’ombres d’un régime qui n’a jamais brillé par son goût de la transparence.
Si l’on peut faire un compliment, un seul à Issaka, c’est de le deviner moins malléable que Moussa Timbiné, ne serait-ce que par respect pour son âge. Donc la page a été tournée sans état d’âme ni grâce pour le service rendu.
Ces destins individuels valent par eux-mêmes tripette, sauf que c’est notre vie institutionnelle et notre destin en tant que Nation qui se joue ainsi à la roulette malienne. Si les peuples ont les destins et les dirigeants qu’ils méritent, d’où nous vient ce cataclysme du ciel qui s’effondre sur notre pays ?
Bakary Diarra
In Refondation du Mali
Source: Journal L’Aube-Mali