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Dans un Mali en guerre, la culture comme « acte de résistance »

Parent pauvre de l’État malien, acte de résistance aux djihadistes, la culture surnage comme elle peut au Mali, notamment avec le festival Les Praticables.

Une centaine de spectateurs ont investi les rues de Bamako Koura, vieux quartier de la capitale malienne. Au rythme des percussions, ils assistent à la flânerie de quatre femmes en robe de mariée.
De grin en grin, ces lieux où les hommes passent leur temps libre à boire du thé, elles se prélassent devant ceux qui ne seront pas leur mari. « C’est une provocation, normalement on ne fait pas ça », justifie Bintou Kébè, danseuse de 33 ans, après avoir tombé le voile nuptial.
0,75 % du budget pour la culture

Elle et ses trois complices ouvrent le bal du festival Les Praticables, une semaine de danse et théâtre dans les rues et chez les habitants de Bamako. Une parade aux accents de fête de village qui a été reportée de quelques jours, le gouvernement malien décrétant trois jours de deuil national après la tuerie d’au moins trente personnes dans le centre du pays.
Organiser un festival dans un Mali en guerre depuis 2012 n’est pas une mince affaire. Lamine Diarra, directeur des Praticables, qui partage sa vie entre Bamako et Angers, le sait. La culture est devenue le parent pauvre de l’État malien. Dans la loi de finances 2021, le secteur « loisirs, culture, culte » représente 0,75 % des allocations budgétaires contre 11,03 % pour la « défense ».
Mais les financements insuffisants ne sont pas la seule menace qui plane sur la culture. Sur la scène d’un dancing abandonné où il se produira le lendemain, Lamine Diarra déclame les derniers vers de La patience de l’araignée, l’histoire d’un professeur arrivé en France après avoir fui Tombouctou, au nord du Mali.
Manque de distraction

C’est là-bas que les djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique ont détruit les mausolées en 2012, un des nombreux symboles de la culture malienne. Pendant six mois, musique, danse et tout divertissement y ont été réprimandés. « La culture est aujourd’hui un acte de résistance », abonde le comédien.

Si l’occupation de ces groupes a depuis été levée, leur présence reste une préoccupation pour la population et un facteur de tensions entre les communautés. Inquiet pour sa cité, Salaha Maïga a créé le festival Vivre ensemble en 2017. « Il est né de cette réflexion sur l’insécurité car les gens manquent de distraction et les jeunes se baladent avec des armes », explique-t-il. C’est au lendemain de l’assassinat de trois adolescents qu’il saute le pas. « La première édition a eu lieu à l’endroit de leur meurtre… »

Certes, Tombouctou ne fait plus la Une de l’actualité. Il n’empêche que les tensions communautaires continuent. Début décembre, trois civils ont été tués par des personnes non-identifiées. Qu’importe, Salaha Maïga en est persuadé, cette tradition de faire danser la jeunesse tombouctienne jusqu’à 1 h du matin contribue à pacifier les animosités. Rendez-vous en janvier 2022.

Source : Ouest-France

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