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Dan Na Ambassagou : En perte de vitesse ?

Dans une sortie médiatique sur les réseaux sociaux en date du 20 juillet dernier, le chef d’état-major de la milice Dan na Ambassagou fait encore parler de lui. Youssouf Toloba a fustigé les accords entre les djihadistes et certains villages du Centre et appelé ses forces à ériger des check-points partout où l’État est absent, menaçant d’aller « occuper le rond-point de Douentza si les autorités refusaient ». Simple effet d’annonce ?

 

Deux semaines après cette sortie, le chef d’état-major de la milice Dan Na Ambassagou ne digère toujours pas que l’armée lui ait ordonné de lever ses check points dans la zone de Douentza, entravant ainsi « sa mission de sécurisation des populations et de leurs biens ». Selon Boureima Sagara dit Debou, Porte-parole de la milice, cela est motivé par une première expérience durant laquelle les populations ont payé un lourd tribut. « Au moment où le Premier ministre Boubou Cissé était aux affaires, il a demandé à Dan Na Ambassagou de quitter tous les check-points. Le chef d’état-major avait accepté d’en lever une grande partie. Mais, malheureusement, cela a contribué à l’avancée des djihadistes. Beaucoup de villages ont été attaqués. Nous étions donc obligés de revenir occuper ces mêmes check-points à Bandiagara et à Bankass. Dans la zone de Douentza, les check-points étaient parsemés. C’est au regard de la situation sécuritaire dans la zone  que Toloba a dit d’en installer dans tous les endroits où l’armée est absente », explique-t-il.

Youssouf Toloba se dresse également contre les accords signés entre plusieurs villages et des djihadistes, notamment à Niono et à Koro, dans lesquels il voit de la « soumission des populations aux djihadistes ». C’est pourquoi il se dit « prêt à mourir » pour que cela ne soit pas le cas à Douentza. « La condition principale des djihadistes pour négocier est d’exiger des chefs de village que les donso quittent les lieux. Ainsi ils chassent les défenseurs du village et ils ont le champ libre. C’est pourquoi Toloba dit qu’on ne va pas laisser faire ce qui s’est passé à Koro à Douentza », explique Boureima Sagara dit Debou.

Menace ?

Le chef d’état-major de Dan Na Ambassagou a appelé les autorités à le laisser ériger des check-points partout où l’État est absent dans la zone de Douentza, au risque  d’aller « occuper le rond-point de Douentza si celles-ci refusaient». Certains voient dans cette déclaration une sorte de « menace déguisée ». Dan Na Ambassagou prétend-elle affronter l’armée ? « Cela va dépendre. Ils sont Maliens, nous sommes Maliens. Mais il va de soi qu’on discute. Nous avons pris les armes pour défendre notre terroir. Maintenant, avec la présence de l’État, si on doit mourir, la mort est égale à la mort. Aujourd’hui, l’État a fait un coup d’État, ce qui est un crime imprescriptible, alors que l’autodéfense ne l’est pas. Mais, malgré cela, il va falloir qu’on se donne la main pour protéger tous les Maliens », répond  le porte-parole de la milice.

Cependant, pour certains observateurs, Dan Na Ambassagou n’a aucun moyen de se frotter à l’armée. La récente sortie médiatique de son commandant en chef ne serait qu’un simple feu de paille, tout comme son ultimatum du 27 septembre 2020 à l’État. Youssouf Toloba serait sous la pression de ses hommes. Comme ils perdent du terrain depuis qu’ils n’ont plus le soutien total de l’État, ériger des check-points serait un moyen de faire descendre les « Peuls » et d’avoir la mainmise sur les camions transportant du bétail et des moutons, dont la rétention entraînera des paiements de rançons. Une thèse soutenue par l’ancien Gouverneur de Mopti Abdoulaye Cissé, qui affirmait que les miliciens utilisaient les check-points pour rançonner les populations. « À défaut de l’argent, on tue les Peuls et on emporte les animaux. Les hommes sont armés et doivent vivre pendant que les populations ne peuvent plus supporter l’effort de guerre. Toloba serait désormais l’otage des éléments qui lui restent après la scission de son groupe et la signature de plusieurs accords de cessez-le-feu entre les villages et les djihadistes », explique un spécialiste des questions sécuritaires au Centre.

Boubacar Diallo

Source : Journal du Mali

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