Quel pays mieux que le Mali peut réclamer la paternité du bogolan ? Selon Boubacar Doumbia, il y a quinze ou vingt années que cette technique a été pratiquée au Mali. Des pays comme le Burkina Faso, le Sénégal ainsi que d’autres pays limitrophes ont appris cette technique du Mali, précise-t-il.
Le bogolan est une technique traditionnelle qui a été utilisée dans le grand mandé durant des siècles. Elle appartient à l’ensemble des ethnies bien vrai que certaines ont apporté des améliorations dans la manière de la pratiquer.
Selon les mots de M. Doumbia, les pagnes traditionnels bogolan disposés dans les musés à travers le monde viennent du Mali. Pour mieux situer l’origine de la pratique de cet art, le fondateur du centre N’domo de Ségou indique que le nom « bogolan » est d’ailleurs un concept bambara. « Bogo » qui signifie la terre, et « lan », un dérivatif en bambara pour signifier ce qui permet d’atteindre un résultat, explique-t-il. Donc, le concept « bogolan » renvoie au résultat de la terre sur le tissu, fait-il savoir avant de souligner que l’atteinte de ce résultat passe par une étape qu’on appelle Basilan (plante médicinale). On parle donc de « basilan fini » (résultat de la plante médicinale sur le tissu), précise M. Doumbia.
À ses dires, les plantes utilisées dans la pratique du bogolan sont couramment utilisées dans la médecine traditionnelle. On les utilise comme antibiotique naturel, explique-t-il.
« En prenant les bambaras du Bélédougou, de Ségou, ceux qui sont installés entre le fleuve Bani et le fleuve Niger jusqu’à la région de Mopti, on se rend compte que ceux-ci ont beaucoup développé la technique du bogolan », a laissé entendre Boubacar Doumbia.
Selon lui, c’est surtout les femmes qui sont à l’origine du développement de l’art du bogolan. Elles l’ont « utilisé comme moyen d’expression ». Pour ce faire, elles ont fait recours à des symboles pour véhiculer de véritables messages de sagesses sur les tissus. « L’objectif des femmes était de chercher à maintenir la paix dans le foyer familial ainsi que dans la société », a-t-il précisé. Ce travail des femmes était fait avec un véritable système de communication sur le pagne. Selon les mots de l’auteur, ce système est « une véritable dissertation littéraire » puisque « le pagne traditionnel bogolan contient toujours des messages » importants à véhiculer.
« Aujourd’hui, le bogolan doit être protégé et bien développé », recommande-t-il. Si le monde tourne de plus en plus le dos aux colorants chimiques en raison de leurs effets indésirables, l’avantage pour les tissus bogolan est qu’ils ont une forme de vertu puisqu’ils sont conçus à partir d’une plante médicinale, le Tanè. Le bogolan est un produit « cent pour cent naturel », rassure-t-il.
Rappelons que le lancement officiel du livre de Boubacar Doumbia, « Le Concept N’domo, une réponse à l’entrepreneuriat solidaire et à l’auto emploi des jeunes », a eu lieu le 26 décembre 2020 dans la cour de l’atelier N’domo à Ségou, en quatrième région du Mali. Publié chez les éditions La Sahélienne, cet ouvrage de 50 pages fait « la promotion de l’entrepreneuriat social et solidaire sur l’utilisation du savoir-faire local et des valeurs sociétales innovées ». C’est un ouvrage qui se veut une solution au défi emploi des jeunes et à l’émigration des jeunes africains.
« Le Concept N’domo » est disponible et gratuit pour les jeunes qui souhaitent entreprendre dans les domaines de l’artisanat, de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de l’élevage.
C’est un ouvrage qui a été financé par l’Agence luxembourgeoise pour la coopération et le Développement dans le cadre de la formation et Insertion des jeunes ruraux au Mali.
Fousseni Togola