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Culture : Historique du Manding : Me Amadou Tiéoulé Diarra apporte son expertise

Invité par les organisateurs de la première édition du festival historique du Manding du 22 au 24 octobre 2015, Me Amadou Tiéoulé Diarra, dans un style dont il a lui seul le secret, a émerveillé un public à qui, il aura marqué les esprits. Le thème qu’il a exposé de long à large était : «l’esprit de kurukanfuga et les impératifs de la construction démocratique ».

Amadou Tiéoulé Diarra professeur universite faculte ecole avocat statut oppositionL’éminent conférencier a posé le problème à savoir le sens à donner à la rencontre de Kurukanfuga ? Ainsi, dira l’orateur que ce soit la charte de Kurukanfuga ou la charte du Mandé de Youssouf Tata Cissé ou des écrits des professeurs Joseph Ki Zerbo et Djibril Tamsir Niane, le dialogue est devenu un instrument qui a profondément marqué la vie sociale de l’époque.

Parlant de l’institutionnalisation de  Kurukanfuga

Le conférencier dira que la vie politique de l’époque a été dominée par la coexistence de plusieurs petits royaumes se situant dans le Mandé. La nécessité de planter douze lances au tour à tour devant Soundiata ainsi que la restitution simultanée de chaque lance a été établi. C’est ainsi que des corps et des ordres ont été créées en face de l’empereur. Ces états ces ordres ont désormais des représentants établis qui vont les défendre auprès de l’empereur.

consécration du dialogue comme fondement de notre société fixant les formes d’organisation

le conférencier a affirmé que le dialogue est devenu un instrument qui a profondément marqué la vie sociale de l’époque. En lieu et place de la négociation avec chaque  roi, on a trouvé l’initiative hardie d’amener les chefs à se retrouver en un lieu public en présence des populations des pays vaincus pour la construction de l’unité et de la paix.

La relation entre Kurukanfuga et Nous

Beaucoup de chefs politiques de notre époque rêvent d’être de nouveaux Soundjata, Soumangourou, Askia, Kaya Maghan, Firhoun, Tiéba, Babemba, Biton, Monzon, Dah, Cheick Oumar TALL, Ahmadou Ahmadou!  Ils en sont même persuadés ! Le hic est que, cinquante ans après, la République se passe pour l’héritière des origines glorieuses traditionnelles.

De nos origines guerrières, personne ne conteste, et en tant que nation malienne, nous devons en tirer de l’orgueil. Tout peuple, tout individu, parfois, aime à retrouver dans son histoire des personnages exceptionnels dont les vertus et la gloire sont des repères.

Parmi les héros nationaux de notre histoire, il est permis de dire, qu’aucun n’a joué un rôle plus marquant que Soundjata.

En ce sens que son souvenir a foisonné et a vécu et continue de vivre et foisonner le continent africain. En effet, les traditions que Soundjata incarne sont diverses, parfois contradictoires, d’un lieu à l’autre, d’un temps à l’autre, ces traditions sont plus ou moins vives.

Malgré les grandes divergences entre les tenants de la Charte du Mandé de 1222 découverte parYoussouf Tata CISSE et ceux du kô autour de la Charte de Kurukanfuga, elles sont révélatrices de l’actualité de la revendication de notre passé traditionnel en matière des droits de l’homme.

A preuve, deux instruments régionaux africains l’attestent. En effet, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981 et entrée en vigueur en 1986 exprime cette préoccupation dans son préambule en ces termes : « Tenant compte des vertus de leurs traditions historiques et des valeurs de civilisation africaine qui doivent inspirer et caractériser leurs réflexions sur la conception des droits de l’homme et des peuples ».

Plus récemment les Chefs d’Etats Africains   ont réaffirmé notre attachement à nos cultures africaines à travers certaines dispositions-clés de la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance entrée en vigueur en 2007 et ratifiée par le Mali  en Mars 2013. C’est ainsi que l’Article 27-9 stipule « Mettre à profit les valeurs démocratiques des institutions traditionnelles ». De même  l’Article 35 est plus précis. Il stipule : « Vu le rôle primordial des autorités et organisations traditionnelles, en particulier au niveau des communautés rurales, les Etats parties s’efforcent de trouver les moyens appropriés d’accroître leur intégration et leur performance dans un cadre plus vaste du système démocratique ».

Le sentiment « national » de l’époque de Soundjata qui était le fait d’un nom commun (Mandé), d’un Empereur commun, d’intérêts communs, de  la conscience d’une origine commune, de la fierté d’une histoire commune, est-il le même que nos modernes sentiments nationaux ?

Notre ‘’moderne sentiment national’’ fait-il de la République une conviction politique profonde ou un simple rhétorique ?

La renaissance de la 3e République a mis à l’honneur le recours à la tradition mais dans un contexte d’achèvement total d’une mutation de l’Etat-providence à l’Etat néolibéral où les entreprises publiques même classées stratégiques ont été soit privatisées soit libéralisées. Or, Kurukanfuga est un contexte communautaire !

Renaissance africaine mais dans un contexte d’économie de marché. Malgré les reformes imposées il est honnête de  dire que nous résistons. La preuve supplémentaire de cette résistance c’est le 1erfestival du Mande.

Bissidi Simpara

 

source : La sirène

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