Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Culture et Société : Le ‘’Moriba-Yassa’’ en milieu bambara, valeur sociétale dans l’oubliette !

Si le Diango est une société secrète prenant en compte la formation des jeunes filles du village avant l’âge du mariage, le ‘’Moriba-Yassa’’ prend en compte la formation des femmes mariées, se trouvant dans le même village et ayant le même objectif : la formation de la femme en milieu bambara en tant qu’épouse et mère.

dance bambara moriba yassa afrique mali

Ceci dit, la femme n’est pas seulement un objet d’ornement dans la famille, comme on le voit aujourd’hui chez plusieurs couples. Au Mali, la femme joue et continuera de jouer son rôle dans l’équilibre social, car dit-on très souvent : derrière chaque grand homme se trouve une grande dame.

Qu’est-ce que le Moriba-Yassa ? Comment est-il né en milieu bambara ?

Le mot Moriba-Yassa se résume en deux mots : Moriba qui est l’homme ou l’époux et Yassa qui est la femme ou l’épouse. En effet, en milieu bambara et plus précisément dans le Bélédougou, Moriba était l’époux exemplaire. Sa gentillesse, sa droiture et sa galanterie faisait de lui, un homme juste et respecté. Jamais, il ne faisait d’histoire dans sa famille. Il était l’homme model  du village et avait cette conception de la vie : après la pluie, c’est la rosée ; autrement dit, après le père de famille, ce sont les enfants qui prennent la relève. Il avait presque toutes les bonnes qualités : homme généreux, doux, accueillant, bon père de famille. Dans sa vie, Moriba a eu une chance terrible d’avoir également une femme généreuse, exemplaire, une bonne maman et une bonne ménagère admirée par tout le village. Cette dernière se nommait Yassa.

Moriba et sa femme Yassa formaient un couple exemplaire dont la générosité dépassait les frontières du pays. Dans le foyer conjugal, pas de disputes, une parfaite entente et chacun s’occupait de la formation des progénitures. Alors, ces bons comportements attiraient toutes les femmes du village et qui, par la suite, ont voulu créer une association au nom du couple ‘’Moriba-Yassa’’. Les femmes mariées du village apportaient chacune un caillou, formant une montagne au pied d’un karité.

Après la mort de Moriba et Yassa, leurs tombeaux devinrent un lieu de pèlerinage pour les femmes du village car, elles avaient beaucoup de souci pour l’équilibre du foyer conjugal : stérilité, problèmes de mariage des enfants et tants d’autres problèmes et maux. Mais les femmes n’étaient pas seules, les hommes y fréquentaient également en masse. Au cours de ces pèlerinages, des coqs et des poules étaient immolés par un homme appelé : ‘’Mouroukalamina’’. Ainsi, à chaque fois que les femmes imploraient Moriba et Yassa, leurs problèmes étaient résolus de façon miraculeuse. C’est ainsi que de villages en villages, de contrées en contrées, de pays en pays, le ‘’Moriba – Yassa’’ était devenu un espace de pèlerinage. Même les occidentaux venaient implorer ces deux sacrées personnalités (Moriba et Yassa), et ils retournaient satisfaits.

A l’approche des saisons pluvieuses, un sacrifice était organisé à un Samedi par toutes les femmes du village. L’objectif de cet évènement était d’implorer Dieu pour une bonne pluviométrie. C’était également une occasion pour prier le tout puissant afin qu’il accorde une chance aux femmes stériles d’avoir des enfants. Ce jour, on chantait et dansait au nom du célèbre couple ‘’Moriba – Yassa’’. Et les femmes, dites stériles imploraient avec des incantations suivantes : « Si j’aurai un garçon dans mon foyer, je lui donnerai le nom de Moriba et si c’est une fille, elle portera le nom de Yassa’’. Au cas où le vœu est exhaussé, il fallait obligatoirement respecter la volonté de Moriba ou de Yassa, sinon, l’enfant mourra très tôt. C’est ainsi qu’un chant populaire leur est dédié en ce jour heureux : « Musow ka Yassa, Moriba-yassa ». Et dans les villes, c’est : « Koukou – koukou Moriba – Yassa ». Par la suite, c’est devenu un chant populaire à travers le Mali, l’Afrique et le reste du monde.

Alors, il revient au ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme d’ériger un statut en leur nom comme le « Kontonron et Sanè », qui rend hommage aux chasseurs. Il ne sera pas bénéfique pour notre pays de ne pas faire savoir l’existence de « Moriba – Yassa » à nos progéniture car, « La culture, c’est ce qui reste lorsqu’on a tout perdu ». Et il n’est jamais tard pour prendre conscience.

Ainsi, en milieu bambara, Moriba est toujours du genre masculin. Mais Yassa peut être masculin et féminin. Seule l’intonation fait la différence. Par exemple,  si c’est une femme, on prononce Yassa (l’intonation baisse à la fin). Mais si c’est un homme, l’intonation monte à la fin.

 

Bourama Coulibaly, Animateur – Producteur ORTM Mopti  

Source: Le Canard de la Venise

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance