Dans un rapport confidentiel datant du 30 septembre 2020, il ressort plus de 100 millions de dépenses injustifiées résultant des gestions 2017, 2018 et 2019 du Centre de santé communautaire central de la commune rurale de Kalaban-Coro, cercle de Kati.
Ce rapport a été produit à la suite d’une réunion conjointe tenue le 2 novembre 2019 entre le conseil d’administration (CA) et le comité de surveillance (CS) du Cscom central de Kalaban-Coro. Laquelle a été tenue suite à des forts soupçons portant sur la mauvaise gestion des ressources, notamment l’acquisition d’une ambulance, d’une ventouse (matériel pour accouchement), en plus du projet de construction d’un bâtiment dans la cour dudit Cscom par le président du CA et le trésorier général. Des missions qui semblent n’avoir pas été préalablement autorisées par l’Assemblée générale, selon le rapport confidentiel. Il a été alors demandé de procéder à un contrôle approfondi et étendu sur toutes les unités du centre de santé communautaire central de la commune. Le centre de santé de Kalaban-Coro a été érigé en Cscom central le 23 avril 1994. Il est dirigé par une Assemblée générale qui est l’instance de délibération. Les organes d’administration, de contrôle et de gestion sont le conseil d’administration, le comité de surveillance et le comité de gestion dont les membres sont élus pour un mandat de 5 ans. Le Cscom central comporte 5 unités de production dont le dispensaire composé de 4 sous-unités : la maternité, le service de soins, les activités et la garde. Parmi les 5 unités figurent le laboratoire, la pharmacie, l’échographie et le parking moto, lit-on dans le rapport confidentiel. S’intéressant à la gestion du dispensaire, la mission de contrôle a d’abord concerné la maternité du Cscom central. Le contrôle de la maternité a porté sur la période du 13 mai 2017 au 31 décembre 2019, soit 2 ans et 8 mois de gestion par les responsables. Ainsi, les recettes générées par la maternité concernent à la fois celles générées par des accouchements et des consultations prénatales (CPN) dites (Anciennes). De 2017 à 2019, les recettes générées par la maternité du Cscom central se chiffrent au total à 23 050 150 F CFA, dont 22 060 750 F pour les accouchements et 989 400F pour les CPN, indique le rapport. Des documents communiqués, il ressort que lesdites recettes ont été régulièrement versées au trésorier chargé de la question. Aussi, clarifie le rapport, les recettes de la maternité, au titre des accouchements du 13 mai au 30 juin 2017, n’ont pas fait l’objet d’enregistrement, traduisant ainsi un manquant de 1 mois et 17 jours de versement devant être justifié par le trésorier et son adjoint.
Gestion des Services de soins, de la pharmacie, du laboratoire et autres unités du Cscom
Quant à la situation du service des soins du Cscom, les recettes générées et versées aux trésoriers courant 2017, 2018 et 2019 se chiffrent à un montant total de 7 316 815 F CFA. Du 13 mai au 31 décembre 2017, les recettes générées et versées aux trésoriers par le service de soins sont chiffrées à 2 048 990 F. En 2018, le montant était estimé à 2 510 025 F. En 2019, le service des soins a généré et versé un montant total de 2 757 800F. Ce qui fait un total de 7 316 815 F CFA courant les trois années, révèle le rapport confidentiel.
Quant aux activités, l’une des sous-unités de la maternité, elles comportent les consultations « adhérentes et non adhérentes » et les consultations prénatales (CPN) dites « nouvelles ». Le rapport indique que les recettes générées courant 2017, 2018 et 2019 et versées aux trésoriers suite auxdites activités se chiffrent à un montant total de 14 611 900 F CFA. Du 15 mai au 31 décembre 2017, 3 517 800F ont été versés. En 2018, la recette générée par les activités était estimée à 5 322 900F, comparativement à 2019 où la recette versée était chiffrée à 5 771 200F, selon le rapport. La situation récapitulative des recettes générées des « activités » et versées aux trésoriers au titre de 2017, 2018 et 2019 est de 14 611 900F. Dans le rapport, il ressort que les recettes de la garde, l’une des sous-unités de la maternité du Cscom, générées et versées aux trésoriers sur les 3 années se chiffrent à 5 941 550F. Au niveau du laboratoire, les recettes ordinaires versées sont estimées à 17 713 130 F. A l’échographie du Cscom, le document parle du versement d’une recette de 8 761 000F courant les trois années indiquées. Au niveau de la pharmacie I du Cscom, les versements effectués sont estimés à 11 115 020 F, alors que ceux de la pharmacie II sont chiffrés à 64 297 690 F, évoque la même source. Qu’il s’agisse de la gestion de l’AMO, passant par celle du parking motos, des dons et subventions octroyés au Cscom par la mairie, le document fait état des grosses sommes d’argent.
Des fortes sommes d’argent dépensées sans aucune pièce justificative
« Les dépenses effectuées par les trésoriers n’étaient pas non seulement budgétisées, mais elles n’étaient pas aussi autorisées par une quelconque hiérarchie. De plus, aucune dépense n’a été justifiée, c’est-à-dire, soutenue par une pièce comptable probante. En plus de la non-justification des dépenses, les trésoriers s’arrangent à donner globalement et mensuellement la situation des dépenses qu’ils estiment avoir effectuées et qui, de ce fait, n’engagent qu’eux. Or, en matière de gestion, toute dépense non-justifiée est considérée comme un détournement. Ainsi, la situation des sommes dépensées et non-justifiées par les trésoriers au cours des années 2017, 2018 et 2019 est de 104 710 205 F CFA », dénonce-t-on dans le rapport signé par le contrôleur Kamadou Tenintao. Contacté par nos soins, l’un des responsables du Csom dit « n’être pas prêt pour répondre à nos questions ».
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS