Malgré la grande opération de contrôle entreprise en fin 2012 par le ministère de la communication pour assainir l’espace radiophonique au Mali, le cercle des spéculateurs de fréquences et promoteurs illégaux demeure moins touché. Certains continuent d’émettre sur des fréquences achetées comme des marchandises. Lire notre grand format.
Manga Dembélé, ministre de la Communication
Les promoteurs sans autorisation sont aujourd’hui nombreux dans ce secteur. En effet, certains hommes et femmes d’affaires ont fait de la vente de fréquences un business d’enrichissement. Ils en font la demande au niveau du ministère de la communication en remplissant toutes les formalités pour les revendre à coups de millions de nos francs.
Il y a aussi des gens qui les donnent en gérance libre en échange des paiements en espèce ou en nature (voitures ou parcelles). Or convient-il de rappeler, la fréquence n’est attribuée qu’au promoteur qui en fait la demande. Celui-ci s’engage en outre à respecter les dispositions techniques et réglementaires de l’arrêté interministériel et des clauses de son cahier de charge.
Le non respect de ces aspects a abouti à la naissance des problèmes dont on déplore et qui prennent de l’ampleur. Le contrôle effectué l’année dernière par l’Autorité malienne de régulation des télécommunications TIC et poste (AMR-TP) a découvert une centaine de fréquences non exploitées. Elles étaient attribuées à des promoteurs qui les retenaient, pour la plupart, dans des conditions floues à l’insu des autorités. Pour se faire tolérer, certains avancent comme argument le manque de moyens nécessaires pour rendre leur station opérationnelle.
Mais il est facile de savoir que ces fréquences attendent des acheteurs. Car, plusieurs radios émettent aujourd’hui sur des fréquences autorisées mais vendues. En général, on les achète sachant bien qu’elles sont destinées aux communes rurales pour ensuite déménager en s’installant à proximité des grandes villes. Ce phénomène est particulièrement notoire dans les banlieues de Bamako. Finalement, le secteur de la radio libre est en passe d’être dominé par des promoteurs profanes qui le conduisent tout droit vers l’anarchie.
Tout le monde se plaint actuellement du fait que tout se dit sur les antennes. On ne se soucie plus des bonnes méthodes de recherche du traitement et de diffusion. Du coup, chaque jour des rumeurs et campagnes d’intoxication envahissent les ondes fragilisant la stabilité du Mali. Sur un autre plan, les promoteurs illégaux ne respectent pas la typologie de leurs radios et ne tiennent pas compte des rayonnements. Cela aussi constitue un autre casse-tête.
Les résultats encouragent à poursuivre
Face à ces problèmes, le ministère de la communication a rapidement pris des dispositions pour une remise en ordre. Il a sanctionné les détenteurs des centaines de fréquences non exploitées, les radios émettant sans autorisation, celles qui n’opèrent pas sur les fréquences attribuées ou qui abandonnent leur site d’implantation. Malgré ces actions il semble que les spéculateurs ne se sont pas inquiétés.
La libéralisation des ondes au Mali n’a pas comblé les attentes des citoyens. Car, malgré le nombre en pléthore et la typologie le besoin se fait encore sentir dans plusieurs localités de l’intérieur. Surtout quand il s’agit de diffuser des messages urgents relatifs à des conflits à des inondations ou à des mesures préventives contre certaines maladies. Il convient de rappeler que les fréquences sont attribuées pour contribuer au désenclavement et au développement local et non l’inverse.
Mais tout laisse croire que les spéculateurs seront coincés pour répondre de leurs actes illicites. La mission de contrôle du ministère de la communication continue la surveillance des radios dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’AMR-TP. Le département est déterminé à poursuivre l’assainissement de l’espace radiophonique avec l’élan qui l’anime depuis le début des opérations.
Au-delà des contrôles techniques, il est temps qu’un œil inquisiteur soit porté sur les vendeurs de fréquences et leurs complices acheteurs. Le ministre Manga Dembélé et ses collaborateurs vont-ils relever les défis? Le temps nous le dira.
Issa Santara