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Crise sécuritaire au Niger : le bilan inquiétant du premier trimestre 2024

Face à une crise sécuritaire persistante dans les régions de Tillabéri, Tahoua et Maradi, le dernier rapport de l’Observatoire pour la Gouvernance de la Sécurité au Niger (OGS) révèle une situation alarmante pour le premier trimestre 2024. Entre attaques terroristes et criminalité transfrontalière, le Niger déploie des efforts intenses avec le soutien de ses partenaires, mais la stabilité reste fragile et incertaine.

Le dernier rapport de l’Observatoire pour la Gouvernance de la Sécurité au Niger (OGS), publié dans le cadre du programme Just Future Alliance, dresse un constat préoccupant de la situation sécuritaire au Niger au cours du premier trimestre 2024. Les régions de Tillabéri, Tahoua et Maradi, déjà marquées par une instabilité chronique, continuent de faire face à des menaces multiformes, entre violences armées, attaques terroristes et criminalité transfrontalière. Ce rapport met en lumière les efforts du gouvernement nigérien et de ses partenaires pour juguler la violence, tout en soulignant les défis persistants qui entravent la pacification de ces territoires.

Tillabéri : une région sous haute tension

Selon les données de l’OGS, Tillabéri reste l’épicentre de l’insécurité au Niger. En effet, cette région frontalière, en contact direct avec le Mali et le Burkina Faso, est le théâtre de violences répétées perpétrées par des groupes armés affiliés à l’État islamique au Sahel et au Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM). Au cours des trois premiers mois de l’année, 122 incidents ont été recensés, entraînant la mort de 107 civils. Ces groupes profitent de la porosité des frontières pour lancer des attaques puis se replier, échappant ainsi aux interventions des forces de sécurité nigériennes.

Malgré les efforts déployés par les autorités locales pour sécuriser la région, Tillabéri reste un véritable foyer d’instabilité. Les populations locales vivent dans un climat de peur permanent, ce qui complique l’acheminement de l’aide humanitaire et la mise en place de projets de développement. Le rapport de l’OGS met en évidence le besoin urgent de renforcer les capacités des forces armées pour répondre efficacement à cette menace persistante.

Tahoua et Maradi : des défis spécifiques

Si la région de Tahoua enregistre une légère accalmie par rapport aux années précédentes, la situation demeure fragile. Le rapport souligne une baisse des incidents, passant de 98 en 2022 à 37 au premier trimestre 2024. Cette amélioration relative est attribuée à une meilleure coordination des forces de défense et de sécurité (FDS) et à des opérations ciblées qui ont permis de neutraliser plusieurs groupes armés actifs dans la région. Toutefois, le rapport tempère cette avancée en rappelant que la vigilance reste de mise, car les réseaux terroristes conservent une capacité de résurgence rapide.

La région de Maradi, quant à elle, est confrontée à des défis distincts. Située à la frontière avec le Nigeria, elle souffre principalement du banditisme et des trafics transfrontaliers. Ces activités, moins visibles mais tout aussi déstabilisatrices, affectent gravement les communautés locales, avec des conséquences économiques et sociales importantes. Le rapport de l’OGS souligne la difficulté pour les forces de sécurité d’intervenir efficacement dans cette région en raison du manque de moyens matériels et de la complexité du terrain.

Un effort régional et international pour sécuriser le Niger

Le rapport met en avant les efforts des FDS qui, malgré des ressources limitées, ont multiplié les interventions pour sécuriser les zones les plus sensibles. À Tillabéri, ces interventions ont permis d’arrêter plusieurs membres de groupes armés et de saisir des armes. Toutefois, l’étendue du territoire et le manque de moyens matériels constituent des obstacles majeurs à une sécurisation efficace.

En parallèle, l’AES, en coordination avec des initiatives telles que la Just Future Alliance (JFA), vise à combler les lacunes en matière de coordination régionale et de partage d’informations stratégiques. Le soutien des partenaires internationaux, comme l’Union européenne et l’African Security Sector Network (ASSN), est crucial pour renforcer les capacités locales et apporter une expertise technique. Le rapport de l’OGS insiste sur l’importance de ces collaborations pour stabiliser la région, tout en respectant l’indépendance et la souveraineté des pays concernés.

Coopération régionale : l’avenir de la sécurité au Sahel

Le rapport de l’OGS insiste sur l’importance d’une coopération renforcée entre les pays du Sahel. Face aux menaces transfrontalières, la gestion de l’insécurité ne peut se faire en vase clos. La création de l’AES et de la Confédération marque une première étape vers une action collective, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour harmoniser les stratégies et coordonner les opérations.

L’OGS souligne que pour le Niger, comme pour ses alliés du Sahel, la sécurité régionale ne se limite pas à des interventions militaires. Il est essentiel d’accompagner ces efforts d’initiatives économiques et sociales visant à offrir des alternatives aux populations locales, en proie à l’insécurité et à la précarité. La pacification du Sahel passera par un développement inclusif et durable, porté par des États souverains et autonomes.

Malgré les efforts des autorités nigériennes et de leurs partenaires, la situation sécuritaire reste fragile, notamment dans les régions frontalières. L’OGS appelle à une intensification des initiatives, aussi bien militaires qu’économiques, pour offrir aux populations locales des perspectives de développement durable. Le rapport souligne que la stabilisation du Niger passe non seulement par des interventions armées, mais aussi par des programmes sociaux et économiques qui doivent accompagner les actions militaires.

La création de l’Alliance des États du Sahel et la Confédération

C’est dans ce contexte que le Niger, avec le Mali et le Burkina Faso, a décidé de fonder l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023, officialisée par la Charte du Liptako-Gourma. Cette alliance marque une volonté claire de ces trois États de prendre en main leur propre sécurité en mutualisant leurs efforts face aux menaces communes. En s’unissant, les trois pays ont également créé une confédération, un cadre de coopération militaire et politique destiné à renforcer la souveraineté de la région face aux pressions extérieures.

Cette alliance se veut une réponse directe au retrait des forces occidentales et à l’inefficacité perçue des interventions internationales. Elle a traduit la détermination des pays du Sahel à reprendre le contrôle de leur destin sécuritaire et à collaborer de manière autonome, loin des anciennes puissances coloniales. Pour le Niger, la création de l’AES est aussi une manière de montrer sa volonté de s’émanciper de l’influence de la CEDEAO, une organisation dont il a officiellement décidé de se retirer en 2023, suite aux sanctions imposées après le coup d’État qui a mené au renversement de l’ancien président nigérien Mohamed Bazoum.

Le chemin vers la paix et la stabilité reste semé d’embûches, mais les initiatives en cours, si elles se poursuivent avec rigueur et engagement, pourraient ouvrir la voie à un avenir plus serein pour les États du sahel.

Chiencoro Diarra 

Source : Sahel Tribune
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