Dans son premier rapport trimestriel 2021, le secrétaire général des Nations Unies indique que les civils, de façon générale, et les enfants de façon particulière, continuent de payer un lourd tribut dans la crise sécuritaire au Mali.
Les civils continuent de payer un lourd tribut dans la crise sécuritaire au Mali. Selon le premier rapport trimestriel 2021 du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à la date du 22 février, 145 civils avaient été tués, 155 blessés et 80 autres enlevés au Mali. Des chiffres qui traduisent malgré tout une baisse par rapport à la période précédente, durant laquelle 182 civils avaient été tués, 157 blessés et 163 enlevés. Ce rapport révèle également plusieurs violences contre les enfants.
Les civils attaqués de plus en plus dans le sud
La région de Mopti, avec 83 civils tués, 68 blessés et 53 enlevés lors de 73 attaques, est la région la plus touchée par les violences contre les civils. Dans la région de Gao également, la MINUSMA souligne que les civils sont quotidiennement frappés par des vols le long de la route principale, des extorsions de fonds et des activités terroristes.
« Alors que l’extrémisme violent reste une source de préoccupation majeure dans certaines parties du nord et du centre, son essor dans le sud marque une évolution inquiétante, caractérisée par des attaques contre les civils et les forces chargées de les protéger », déplore Antonio Guterres.
Dans la 3e région du Mali, Sikasso, dans la nuit du 19 au 20 janvier, « des combattants de la Katiba du Macina ont attaqué un centre de santé de proximité situé à Boura ». Une attaque au cours de laquelle un médecin-chef a été tué par ces combattants parce qu’ils le soupçonnaient de collaborer avec des éléments de l’armée malienne déployés dans la région, indique-t-on dans ce rapport trimestriel sur la situation sécuritaire au Mali.
409 infractions, dont 89 violations des droits humains
En matière de protection des droits humains, le secrétaire général des Nations Unies indique que la situation « est restée précaire en raison des conflits en cours dans certaines parties du Mali, qui impliquaient principalement des groupes armés communautaires, des milices, des groupes extrémistes, ainsi que les forces gouvernementales ».
Au total, la MINUSMA a recensé 409 infractions, dont 89 violations des droits humains et 320 atteintes à ces droits. La MINUSMA fait état de neuf (9) exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, de 65 meurtres, de 125 cas de coups et blessures, de 17 actes de torture et de mauvais traitements, de 110 enlèvements. « 83 cas d’arrestations et de détentions illégales, ainsi que des détentions prolongées et des violations des garanties d’une procédure régulière, ainsi que de nombreux cas de menaces de mort et d’intimidation, de destruction et de pillage de biens, de déplacements forcés et d’attaques contre le personnel humanitaire et médical », ont également été recensés.
Ces violations ont surtout concerné le centre du Mali, notamment les régions de Bandiagara, Douentza, Mopti et Ségou. Les régions de Gao, Kayes, Kidal, Ménaka, Sikasso et Tombouctou ainsi que le district de Bamako n’ont pas été épargnés par ces violences.
« Plus de 1 230 écoles fermées
Cette crise touche également les enfants. Durant la période en revue, 236 violations contre 183 enfants ont été confirmées par l’ONU. “Au total, 40 enfants (30 garçons et 10 filles) ont été tués (20) ou mutilés (20)”, indique l’ONU avant de préciser qu’“il a été confirmé que 122 enfants (91 garçons et 31 filles) âgés de 10 à 17 ans avaient été recrutés et utilisés par des groupes armés”. Si 89 d’entre eux ont été séparés de ces groupes, 33 restent toujours dans leurs rangs, déplore l’ONU qui demande leur libération rapide.
Les régions de Mopti, Gao, Kidal, Tombouctou, Ségou, Ménaka, Koulikoro ainsi que le district de Bamako sont les plus touchées par ce phénomène de violence contre les enfants.
La crise sécuritaire continue d’impacter également sur l’éducation des enfants. À la date de décembre 2020, “plus de 1 230 écoles, fréquentées par plus de 378 300 enfants, étaient fermées”, principalement dans la région de Mopti.
Fousseni Togola
Source: phileingora