Hier, mardi 6 février 2018, les ministres de l’administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf et celui des affaires religieuses et du culte, Thierno Amadou Omar Hass Diallo étaient interpellés à l’Assemblée nationale du Mali pour s’expliquer. Le ministre Ag Erlaf était particulièrement interpellé par l’honorable Ahamada Soukouna, député élu à Yélimané sous les couleurs de l’Adema Pasj au sujet de non paiement d’impôt par une frange partie de la population de Yélimané (Région de Kayes). Quant au ministre Thierno H Diallo, il était interpellé par l’honorable Boureima Dicko, député élu à Baraouéli sous les couleurs du parti Adema Pasj sur la mauvaise organisation du Hadj 2017. Au cours des débats de cette dernière interpellation, le député interpellateur, Boureima Dicko a indiqué que l’inexpérience du département des affaires religieuses et du culte serait la raison de la récurrence des désagréments causés aux pèlerins maliens.
La séance de questions orales tenue dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale était présidée par le président de l’Hémicycle, l’honorable, Issaka Sidibé en présence des membres du gouvernement et d’autres personnalités.
« Monsieur le Ministre, selon le préfet du cercle, les comptes de toutes les communes sont au rouge. Il n’y a pas une seule commune dont les agents n’accusent pas au moins de 8 mois d’arriérés de salaire. Dans ces conditions, si rien n’est fait, il y a un risque certain que l’on se retrouve avec des salles de classe et des dispensaires fermés, faute de ressources pour payer les salaires du personnel. Depuis 2014, Yelimané vit dans une situation d’incivisme, plus particulièrement dans le domaine fiscal. Un citoyen a-t-il le droit de dire publiquement qu’il refuse de payer ses impôts ? Pire incite les autres citoyens à refuser de payer leurs impôts ? Quelles sont les dispositions réglementaires et pénales prévues à cet effet ? Etes-vous prêt à faire appliquer ces dispositions avec rigueur ? Pouvez-vous nous expliquez dans quelle condition la possibilité offert au conseil communal de baisser ou d’augmenter le taux de la TDRL de 25% », ce sont entre autres les questions orales adressées au ministre de l’administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf par le député interpellateur, l’honorable Ahamada Soukouna.
Selon lui, un conseil communal d’une commune déficitaire, cumulant au moins 8 mois d’arriérés de salaire impayés ne peut pas procéder à un abaissement de 25% de la TDRL. « Nous avons été surpris de constater que certains maires demandent à leurs administrés de payer le montant qui leur conviendrait (2135 taxes normales FCFA ou 1135 FCF taxes de l’association Dagakané). Quel est votre opinion sur la question ?», S’interroge Ahamada Soukouna. Aux dires de Ahamada Soukouna, le problème de Yélimané est purement politique.
«Si nous ne prêtons pas attention à ce qui se passe, il n’y aura plus d’Etat»
Dans ses éléments de réponse, le ministre de l’administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf a fait savoir que le maintien d’ordre est difficile sur toute l’étendue du territoire nationale. « Si nous ne prêtons pas attention à ce qui se passe, effectivement il n’y aura plus d’Etat. Quand des citoyens disent qu’ils ne sont pas contents du maire, ils prennent des haches et des gourdins pour l’enlever, non ! Il faut qu’ensemble qu’on leurs disent que ce n’est pas ça la démocratie, si non ça ne sera pas le maire, ça serait le député, ils vont envahir l’Assemblée et après, ils vont envahir la salle de conseil des ministres, ce n’est pas ça la démocratie. L’Etat va s’assumer dans le cadre des lois et règlements qui existent. En la matière, la loi donne possibilité à la collectivité territoriale pour ester en justice. La TDRL est fixée par la loi mais les collectivités ont la possibilité de l’adapter dans une fourchette de 25% qui est fixée par la loi », a déclaré le ministre Ag Erlaf. Avant de signaler qu’il n’y a pas de collectivité sans impôt ni d’Etat sans impôt. Pour lui, le cas de Yélimané est un cas d’école, mais, ajoute-il, à aucun moment, le gouvernement n’a été laxiste.
S’agissant de l’interpellation du ministre Thierno H Diallo, le député interpellateur, Boureima Dicko a souligné que durant cette dernière décennie, les défaillances dans l’organisation du pèlerinage ont été constatées. Avant d’ajouter que malgré les constats, les recommandations ou propositions pour améliorer les conditions des pèlerins, la situation devient de plus en plus criarde et lamentable.
« Les agissements de certaines agences privées envers les candidats au pèlerinage, le retard ou la privation du repas à l’endroit des pèlerins de la filière gouvernementale, l’insuffisance des toilettes dont les conditions d’hygiène sont plus ou moins déplorables, la pléthore dans les chambres où l’accès étant difficile pour les pèlerins du troisième âge, l’amateurisme du personnel d’encadrement largement constitué de novices, la révocation du Chef de cabinet au lieu de pèlerinage, seul capitaine pouvant conduire la troupe pour accomplir les missions, l’éloignement du logement des lieux de cultes sont entre autres des difficultés récurrentes que rencontrent les pèlerins maliens. Monsieur le Ministre, quel est le bilan du Hadj 2017? », S’interroge le député Dicko.
Pour lui, chaque pèlerinage est une expérience qu’il faut capitaliser et constituer un fichier de diagnostics pour envisager des mesures correctives dans l’avenir. Mais chaque année, poursuit-il, les mêmes désagréments entachent le bon déroulement du pèlerinage. « Monsieur le Ministre, quelles sont les raisons de la récurrence de ces désagréments ? L’inexpérience de votre département ne serait-elle pas la raison ? Quel est votre degré de collaboration avec les départements d’antan dans l’organisation du Hadj ? Le reproche généralement fait aux délégations maliennes lors du pèlerinage est l’insuffisance des notions d’hygiène malgré les formations que vous donnez au préalable aux pèlerins. Qu’en est-il exactement Monsieur le Ministre ? Qu’avez-vous à dire à ceux qui pensent que la filière gouvernementale et la filière privée apparaissent comme un doublon inutile, encombrant et inefficace ? Et si on déléguait l’organisation du pèlerinage à la filière privée et un rôle d’appui-conseil au gouvernement ? Monsieur le Ministre, pour terminer, pouvez-vous nous expliquer davantage les modalités d’organisation du Hadj tant au Mali qu’en Arabie Saoudite ? » a voulu savoir l’honorable député. Répondant à ces questions, le ministre Thierno H Diallo a précisé que le pèlerinage n’est pas un tourisme religieux.
« L’Etat n’a que 10% des pèlerins. Sur 13323 nous avons 2000. Si les 10000 ou 11000 du privé avaient fait un bon pèlerinage, je crois qu’on allait moins parler de l’Etat. Mon département n’est pas novice, il est jeune mais il n’est pas amateur parce que nous sommes des responsables. L’action que nous posons est réfléchie », a-t-il dit. Selon lui, l’Arabie Saoudite attribue des quotas à l’Etat mais pas au privé. Par ailleurs, le ministre reconnait que l’endroit était éloigné au lieu du Hadj par rapport aux précédentes années. A l’en croire, il a reçu les félicitations de l’Arabie Saoudite.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain