Un an après son lancement surprise, l’alliance Aukus entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, qui avait ruiné en une journée, le 15 septembre 2021, sept ans d’efforts français pour vendre douze sous-marins à propulsion diesel à Canberra, apparaît de plus en plus comme un détonateur à mèche lente. Alors que la concrétisation de ce pacte sécuritaire qui avait été vécu par Paris comme un « coup dans le dos » débute tout juste, Aukus a entraîné dans son sillage une multitude de décisions diplomatiques et militaires. Un effet domino aujourd’hui considéré comme un tournant dans la polarisation des tensions entre la Chine et les Etats-Unis dans l’Indo-Pacifique.
Au bout d’un an, les Australiens n’ont ainsi toujours pas d’horizon précis pour l’acquisition de leurs huit sous-marins à propulsion nucléaire, et les experts considèrent que Aukus leur a fait perdre dix ans. L’offre française portée par Naval Group visait une première livraison vers 2030. Or, Canberra ne pourrait plus aujourd’hui espérer de renouvellement de sa flotte vieillissante avant 2040, faute de place dans le carnet de commandes des constructeurs américains et britanniques. Mais Aukus n’ouvrait formellement la voie qu’à une phase préalable de « discussions » pouvant durer « dix-huit mois ». Afin de faire taire les doutes sur un travail encore très souterrain, l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont donc envoyé plusieurs signaux ces derniers mois.
En avril, ils ont annoncé que leur collaboration serait désormais élargie au domaine de l’hypersonique, du cyber, du quantique, ou encore des drones sous-marins avec « des expérimentations dès 2023 ». Le ministre de la défense australien, Richard Marles, a aussi signé, le 1er septembre, un accord avec Londres, permettant aux sous-mariniers australiens de s’entraîner outre-Manche, notamment sur le tout nouveau sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) britannique, le HMS Anson, entré en service actif le même jour. Les Britanniques, eux, ont annoncé, en juillet, le déploiement d’ici la fin de l’année de deux navires de patrouille hauturiers en Indo-Pacifique : une première pour Londres, qui n’avait jusqu’ici aucune présence navale permanente dans la zone.
L’affront est pardonné
La construction d’infrastructures militaires a par ailleurs débuté dans le nord de l’Australie. Ces travaux, financés par les gouvernements américain et australien, sont en cours autour de Darwin, qui offre un accès direct sur la mer de Timor et les eaux asiatiques. Ils concernent le port et les bases de l’armée de l’air australienne dans la région et devraient être terminés dès 2023. Les infrastructures pourront être utilisées aussi bien par les avions que tous les navires américains (flotte de surface, sous-marins, navires hydrographiques, etc.). Le nombre de marines américains aujourd’hui en rotation permanente en Australie – autour de 2 200 – devraient, en outre, être augmenté.
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