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Crise au sein du CNPM : «L’unité syndicale est notre combat, même si nous respectons la liberté syndicale. En effet, on ne peut pas vouloir rassembler et travailler uniquement avec une fraction du Patronat», a déclaré Diadié dit Amadou Sankaré

Depuis plusieurs mois le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) traverse une crise due au renouvèlement de son bureau. Deux élections ont eu lieu créant un bicéphalisme entre le bureau de Diadié dit Amadou Sankaré et celui de Mamadou Sinsy Coulibaly. Pour mettre fin à la crise, une Assemblée générale extraordinaire tenue le 02 avril 2022 dernier avait mis en place un bureau de seize (16) membres, huit (08) membres de chaque tendance de chaque tendance avec un Président. Cette disposition qui n’est pas prévue dans les Statuts et règlement intérieur visait, selon eux, à doter le CNPM d’une administration provisoire avec pour mandat: la gestion courante du CNPM, l’élaboration et l’adoption d’un règlement électoral et l’organisation de nouvelles élections. Avec comme recommandation la prise d’initiatives nécessaires pour favoriser la réconciliation et le rassemblement du secteur privé autour de l’essentiel, la défense des intérêts des entreprises.

Malheureusement, ce qui était censé être la solution risque plutôt d’exacerber les tensions avec l’introduction des clauses restrictives, source d’exclusion. Au fond, l’Administration provisoire (non conventionnelle) vient de perpétrer un véritable coup d’État en prenant des mesures discriminatoires tendant à exclure certains membres. Dans cette interview qu’il a accordée à notre confrère Adama Dramé, Diadié dit Amadou Sankaré, avec la courtoisie et le franc-parler qu’on lui connaît, revient sur ces décisions iniques et réitère ses ambitions qui n’ont pas changé d’un iota.

Adama Dramé: Monsieur Diadié Sankaré, il y a 4 mois, lors de l’interview exclusive que vous nous avez accordée, on vous demandait si vous aviez confiance aux membres du bureau de l’Administration Provisoire mis en place ? Aujourd’hui l’histoire nous donne raison, ils ont été déloyaux envers vous puisque les mesures qu’ils viennent de prendre sont non seulement discriminatoires mais aussi dépassent les prérogatives que l’Assemblée générale extraordinaire du 02 avril 2022 leur a données. Elles ont été prises pour vous exclure et vous empêcher de vous présenter à la Présidence du Patronat. Votre réaction ?

Diadié Sankaré: Effectivement vous m’avez posé la question lors de l’interview que je vous ai accordée il y a quatre mois, juste après l’assemblée générale qui a vu la mise en place de l’Administration provisoire.

Moi, je ne parle pas de loyauté ou de déloyauté, ou de trahison. Je pense plutôt que l’Administration provisoire n’est pas partie au fond dans la réflexion. Peut-être qu’ils n’ont pas pris le temps de bien approfondir les voies et moyens permettant d’aller à une élection juste, inclusive et impartiale.

Il y avait plusieurs mécanismes mais peut-être qu’ils sont allés à la solution la plus facile. Qui consiste à dire que comme il y a deux protagonistes, il faut les éliminer. On s’est dit si on élimine mon challenger et on me garde, c’est injuste, on s’est dit si on m’élimine et qu’on le garde, c’est injuste, donc il faut éliminer les deux. Ce qu’ils n’ont pas fait toutes les réflexions nécessaires. Parce que quand vous lisez ces articles, on parle de mandat, or il se trouve que moi je n’ai jamais exercé une minute de mandat. Il est clair que je n’ai pas fait de mandat. Ils vont jusqu’à dire que même celui qui a fait fonction quelle que soit la durée et le mode d’accès, (même si c’est 01 minute), bon tout ça c’est pour viser quelqu’un.

Moi je ne pense pas qu’à ce stade, le Patronat soit une question de personne. Ce n’est pas un problème de Diadié, ce n’est pas un problème de Coulibaly.

Je crois et je l’avais dit déjà, c’est une organisation qui doit être pérenne, qui fonctionne normalement avec une vision, avec un programme, avec des acteurs bien dévoués qui veulent aller loin. Pour moi, franchement, je ne veux pas parler de loyauté ou de déloyauté.

Mais n’ont-ils pas tout de même outrepassé les prérogatives que l’Assemblée du 2 avril dernier leur a données ?

Bien sûr qu’ils ont dépassé ces prérogatives, mais peut-être qu’ils ont pensé que dès qu’ils sont là, qu’ils ne représentent plus aucun camp, C’est possible aussi, en tout cas, c’est comme ça que je pense. Mais ce qu’ils oublient, le CNPM, ce n’est pas un problème de camp ou bien de personne ou de président, c’est un problème de bureau. On dit Mamadou Sinsy et son bureau ; Diadié Sankaré et son bureau. C’est-à-dire s’ils ont poussé l’analyse, peut-être on aurait pu dire aucun des bureaux. Ni le bureau de Sinsy, ni le bureau de Diadié ne pourront être dans le nouveau bureau qui va venir. En ce moment-là d’accord. Alors qu’il fallait trouver des mécanismes afin que tout le monde se retrouve. Parce que dès qu’on élimine des personnes, on crée des problèmes d’ego, ça ne règle pas le problème. Moi je pense qu’ils ont vraiment manqué de réflexion. La loyauté, c’est autre chose, je ne rentre pas dans ça. Je ne vais pas insulter, dire que des gens ont été déloyaux vis-à-vis de moi. Ce n’est pas ce que je cherche. Ce n’est pas moi, c’est un programme.

Sur les trente-neuf (39) groupements professionnels qui avaient fait à cette Assemblée Générale du 02 avril, vingt-six (26) ont complétement désavoué l’administration provisoire. Ils ont décidé de mettre en place un collègue transitoire de 05 personnes venant des deux côtés plus un Président qui sera choisi de façon consensuelle afin de sortir définitivement de cette crise. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Franchement, je ne commente pas cette décision, je n’étais pas là, mais ce sont quand même des gens qui sont légitimes. Quoi qu’on dise le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) est composé de Groupements Professionnels et des Conseils Patronaux de Région, voilà les organisations qui composent le Patronat. Il n’y a pas d’entreprises dans le Patronat en tant que telles, mais ce sont des organisations professionnelles. Même si ce sont les entreprises qui cotisent. Donc c’est légitime si les organisations décident de faire quelque chose mais j’avoue que je ne veux pas commenter le bien ou mal fondé de cette décision. Je pense que tout ça est dû au fait que l’Administration provisoire a essayé de trouver la voie la plus courte.

Ils sont allés jusqu’à dire que s’il n’y a pas de consensus, ils sont prêts à créer un nouveau Patronat. Qu’est-ce vous en pensez ?

L’unité syndicale est notre combat, même si nous respectons la liberté syndicale. En effet, on ne peut pas vouloir rassembler et travailler uniquement avec une fraction du Patronat. On sait que dans certains pays il y a plusieurs patronats, mais moi je pense qu’aujourd’hui le Mali doit avoir un seul syndicat des employeurs.

Par contre le Mali n’a pas besoin d’un patronat qui est discrédité aujourd’hui. On a besoin d’un patronat crédible. Un patronat avec des vrais patrons, un patronat composé de chefs d’entreprises, un patronat qui a une vision, un programme d’actions. Un patronat qui se gère avec des personnes, qui se gère avec l’ensemble des entreprises; qui se gère avec une vision et qui contribue à faire des propositions concrètes pour que nous puissions vraiment changer de façon structurelle notre économie.

Moi je pense que c’est de ça qu’on a besoin. On a besoin de créer la confiance entre le secteur public et le secteur privé. On a besoin de créer la confiance entre les entrepreneurs eux-mêmes; on a besoin de faire en sorte que dans le secteur privé malien les entrepreneurs maliens puissent échanger entre eux. Que nous puissions créer une véritable économie locale dynamique qui peut être exportée !

Mais Monsieur Sankaré, là on va vers un blocage. Si jamais de l’autre côté ils ne veulent pas adhérer à la proposition des 26 regroupements qui sont majoritaires, qu’est-ce qui va se passer in fine ?

C’est sûr que le problème n’est pas réglé. Cela devient plus compliqué aujourd’hui qu’avant. Puisqu’avant on disait: Mamadou Sinsy et son bureau, Diadié Sankaré et son bureau; maintenant, on parle de Diadié et de Sinsy, ça devient compliqué puisqu’on a polarisé le débat sur deux personnes.

Comme vous l’avez déjà dit ce n’est pas votre personne qui incombe, vous ne voulez pas devenir Président pour des questions d’intérêts personnels mais pour changer et mettre le Patronat malien à niveau. Ces vœux sont-ils toujours d’actualité ? N’êtes-vous pas un peu dépité ?

Je vais vous dire la vérité: que je sois Président du Patronat ou pas, je suis un opérateur économique; je suis un entrepreneur malien qui essaie de donner le bon exemple. Je suis un entrepreneur citoyen, un entrepreneur résilient, ça c’est clair. Donc, aujourd’hui que je sois Président ou pas, je vais travailler pour que le secteur privé malien émerge. Je vais travailler pour qu’on puisse moderniser notre économie; je vais travailler pour qu’on puisse moderniser notre secteur public; c’est-à-dire faire des propositions concrètes où que je me trouve. Je peux être un porte-voix du secteur privé que je sois président ou pas du Patronat. D’ailleurs je le fais tous les jours. Partout dans le monde où je passe, je défends l’économie malienne, je parle de nos potentialités; je parle de tout ce qu’on peut faire au Mali.

Toujours est-il que vous serez candidat quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse ?

De toutes les façons comme je vous l’ai dit, moi je n’ai pas été Président donc rien ne m’empêche d’être candidat. Et je pense qu’on ne peut pas exclure nommément quelqu’un parce que c’est à peine si on n’a pas écrit Diadié Sankaré dans les textes présentés. C’est très discriminatoire. Il est clair que je vais engager ma propre réflexion et ensuite je prendrais ma propre décision.

Propos recueillis par Adama DRAMÉ

Source: Inter De Bamako

 

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