A quelque deux mois de la présidentielle malienne prévue pour le 29 juillet prochain, la candidature du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), portée par une coalition de 70 partis politiques, a pourtant provoqué une guerre de chiffonniers au sein de l’Alliance pour la démocratie (Adéma), une des plus grandes formations dans le paysage politique malien.
Le principal potentiel candidat à la candidature, Dioncounda Traoré, refusant d’être dans les starting blocks pour défier le candidat sortant, les caciques de l’Adéma ont trouvé bon prétexte pour se faire hara-kiri. Pendant que certains demandent la désignation d’un autre candidat pour la conquête du palais de Koulouba, d’autres ont plutôt opté pour un « soutien négocié » à IBK dès le premier tour. La première option n’ayant pas prospéré, une réunion des membres dirigeants du parti de l’ancien président de la transition malienne, tenue le samedi 19 mai dernier, a décidé d’entériner la deuxième : soutenir la candidature de IBK. Une décision prise à huis-clos, sans être soumise à l’approbation des militants, a suffi pour plonger l’Adéma dans une crise avec son cortège de dissensions.
L’Adéma est un parti coutumier des dissensions, à la veille des grandes consultations électorales
Pour sûr, cette tambouille est suivie de très près par le RPM de IBK et l’URD de Soumaïla Cissé, les deux principaux challengers de cette présidentielle de 2018, dans l’espoir de s’attirer le plus grand nombre de militants dissidents. En ce sens que l’on ne sait pas encore si la majorité des membres de l’Adéma adhéreront ou pas à cette directive de soutien au président sortant.
En attendant, il faut dire que l’Adéma est un parti coutumier des dissensions, à la veille des grandes consultations électorales. C’est bien de ce parti que sont nés le RPM, le parti de IBK et l’URD de l’opposant Soumaïla Cissé. D’ailleurs, depuis que ses principaux fondateurs que sont Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré se sont mis en retrait, l’Adéma semble être pris en otage par de jeunes loups aux dents longues qui semblent plutôt guidés par leur oesophage, c’est-à-dire par des intérêts alimentaires. La preuve, cette décision sans l’avis de la majorité des militants, de s’inviter précipitamment à la table du seigneur avant l’heure. Et ce, au prix de compromissions au détriment de la base, considérée plutôt comme bétail électoral.
Drissa TRAORE
Source: Le Pays.bf