C’est un nouvel accroc dans le laborieux rapprochement entre Paris et Alger. Lundi soir, la radio publique algérienne a annoncé que les autorités avaient donné «une suite négative » à une mystérieuse «demande française de survol du territoire national pour attaquer le Niger». L’armée française a aussitôt opposé un démenti catégorique à ces allégations. «Il n’y a absolument aucune velléité d’attaque contre le Niger», assure un haut gradé, selon lequel aucune demande de «clearance» pour un vol militaire n’a été déposée ces derniers jours par la France.
«Selon des sources confirmées, l’intervention militaire serait imminente, tout le dispositif militaire est en place», précisait lundi le média algérien. Un peu plus tôt dans la journée, les pays ouest-africains opposés au coup d’État au Niger avaient rejeté l’idée d’une transition de trois ans maximum lancée ce week-end par les militaires qui ont pris le pouvoir. Selon la radio algérienne, Paris a ensuite «sollicité le Maroc», qui «a décidé de répondre favorablement à la demande française», «prouvant encore une fois qu’il reste un État colonisateur».
Depuis le coup d’État du 26 juillet ayant déposé le président Mohamed Bazoum, Alger suit avec inquiétude la situation, craignant un embrasement de la région. Dans un entretien avec le Washington Post, le 15 août, le chef de la diplomatie Ahmed Attaf évoque une «ceinture de feu s’étendant de la mer Rouge à l’Atlantique, du Soudan, au Tchad, en passant par le Niger, le Burkina Faso, le Mali jusqu’au Sahara occidental».
L’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, un cas d’école
Par principe opposée à toute intervention militaire, l’Algérie a rappelé samedi par la voix du ministre des Affaires étrangères que l’histoire de la région «enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d’un surcroît de problèmes plus que de solutions, et qu’elles ont été des facteurs supplémentaires d’affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité».
L’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 est souvent citée comme un cas d’école, la chute de Kadhafi ayant entraîné une crise politique jusqu’à aujourd’hui non résolue, l’intervention d’autres forces étrangères et surtout, une prolifération des groupes djihadistes.
Nous regrettons que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique
Les Affaires étrangères algériennes
Dans un entretien avec le Washington Post, le 15 août, le chef de la diplomatie Ahmed Attaf a évoqué les grands axes de la position algérienne sur ce dossier : «En discutant de la crise au Niger (avec des responsables américains), je pense que nous sommes tombés d’accord sur trois grands principes. Le premier : le respect de l’ordre constitutionnel et démocratique. Que le Président Bazoum soit rétabli en tant que président légitime du Niger. Et troisièmement : la priorité doit continuer à être accordée à la solution du conflit.»
La position algérienne a été directement communiquée à la Cédéao lors de la visite à Alger, le 4 août, de Babagana Kingibe, l’envoyé spécial du président nigérian actuellement président de l’organisation.
Les Affaires étrangères algériennes se sont encore exprimées samedi en exprimant leur «profond regret» que «le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique».
lefigaro