Feu Dramane Diarra, cultivateur, âgé de 56 ans, marié à deux épouses et père de plusieurs enfants, installé depuis quatorze ans à Kalassa dans la commune rurale de Dio, à la périphérie de Kati avait quitté les siens le samedi 4 octobre dernier pour la foire de Dio où il devait faire des achats en vue de la Tabaski prévue pour le lendemain. Sur le chemin du retour, il disparaît avec son vélo et ses bagages sur les quatorze kilomètres qui séparent Kalassa de Dio. Onze jours plus tard, soit le 15 octobre, une tombe peu profonde, dégageant une odeur repoussante est découverte près d’un marigot entre les deux villages. Défaite en présence d’une équipe de la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Kati, des autorités municipales de Dio et d’un médecin légiste, elle contenait les restes de Dramane Diarra, éventré. Son foie, son cœur ainsi que ses bagages et son vélo avaient disparu. Ses intestins ont été ramassés plus loin. Les enquêteurs qui ont interpellé sept suspects privilégient deux pistes, soit le mobile rituel ou le passionnel. Le suspect numéro un, Kassoum Diarra de la famille qui exerce la chefferie traditionnelle à Kalassa est un géomancien. Par ailleurs, il avait des visées pour Sitan, la veuve de son défunt grand frère, ex chef de village. Or, semble t-il, celle-ci est tombée enceinte des œuvres du défunt. Pour comprendre cet imbroglio à la sauce villageoise, on a fait le déplacement. Voici notre carnet de voyage.
Un affrontement entre les villageois de Kalassa, dans la commune rurale de Dio et ceux de Dougan dans la commune voisine de Kalifabougou, toutes situées dans le cercle de Kati a été évité de justesse. La mort atroce de Dramane Diarra dont on soupçonne les villageois de Kalassa d’être les auteurs aurait été la cause.
Le défunt, âgé de 56 ans, marié à deux épouses et père de plusieurs enfants a quitté il y a 14 ans son village natal Dougan pour s’installer à Kalassa. Il a fait fortune dans l’agriculture. Mais depuis un an, les relations entre Dramane et ses hôtes sont tendues à cause de Sitan Traoré, la veuve de feu Diahara Diarra, ex chef de village de Kalassa, rappelé à Dieu. Suivant la tradition du lévirat en vigueur dans nos mœurs, Noumory un jeune frère du défunt l’a épousée sur décision du conseil de famille. Au même moment, un autre jeune frère du défunt, Kassoun Diarra, géomancien a des visées pour la veuve.
Il sait que l’héritier de celle-ci, vieux et malade n’a plus longtemps, mais il ne peut pas l’ébruiter. Donc, silencieusement il était en réserve dans la succession de la belle Sitan, originaire de Dio. Des mois après, celle-ci tombe enceinte et donne naissance à un enfant. Noumory récuse la paternité du nouveau né car, dit-il, il est malade. Kassoun convoque alors un conseil de village au cours duquel il accuse Dramane d’être le père de l’enfant de sa belle sœur, mais ce dernier n’a pas reconnu les faits. Néanmoins, le conseil de village lui a intimé l’ordre de quitter Kalassa après les récoltes.
La rivalité sinon l’antagonisme entre Dramane et Kassoun était connue de tous. C’est dans cette atmosphère que le premier cité a disparu. A un jour de la Tabaski, il était allé à la foire de Dio sur son vélo pour vendre ses produits et faire des emplettes en vue de la fête. C’est sur le chemin du retour, après la foire qu’il a disparu sur les quatorze kilomètres avec armes et bagages. Des communiqués radiodiffusés avaient été faits sur les radios libres de Kati, mais nulle trace de Dramane Diarra.
Le mercredi 15 octobre dernier, Sekou Keita et son fils en franchissant le pont barrage situé entre Dio village et Kalassa, découvrent des chaussures et une coiffure qu’ils apportent au village. Elles sont reconnues par les enfants de Dramane comme appartenant à leur père. Le chef de village informé, répercute l’information sur son homologue de Dougan, le village natal du porté disparu et sur M. Daouda Kané, le maire de la commune rurale de Dio, alors absent. C’est ce dernier qui a informé la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Kati.
Une équipe de Gendarmes a fait le déplacement. Ils sont accompagnés sur les lieux du ramassage des chaussures par les ramasseurs, une équipe municipale et un médecin légiste. Dans le même rayon, leur attention est attirée par un monticule dégageant une forte odeur et sur lequel défilaient des mouches. Défaite, les restes de Dramane s’y trouvaient. Son corps éventré était recouvert de ses habits car, il était nu.
Après autopsie, le médecin a constaté que son foie et son cœur manquaient. Son vélo et ses bagages ont aussi disparu. Plus loin, ses intestins ont été ramassés. Après cette formalité, ordre a été donné aux villageois de l’inhumer dignement. A la suite de l’enquête qui est ouverte, Kassoun Diarra, le suspect numéro un et quatre autres villageois de Kalassa ont été interpellés pour les besoins de l’enquête. Beaucoup ont fui le village. Ils sont activement recherchés. Deux autres suspects de Dougan, le village natal du défunt sont interpellés, soit sept suspects. Les enquêtes se poursuivent.
Dénis T Théra
