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Cri de coeur d’un journaliste Malien à propos de Yambo OUOLOGUEM

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L’homme dont les obsèques ont eu lieu ce jour n’est pas Yambo Ouloguem mais plutôt Utto Rodolph.


Yambo Ouologuem est mort depuis plus de quarante ans, depuis qu’il s’est trouvé entre les crocs acérés d’une meute de rapaces, prêts à tout pour le contrôle d’un espace sur lequel eux seuls devraient planer. Premier romancier africain sacré Renaudot, il y’avait bien évidemment une rançon à payer. L’œuvre primée peint au vitriol la participation africaine au colonialisme, l’hypocrisie des SaÏfs, ces « négriers noirs » qui n’hésitaient pas à vendre leurs sujets à des marchands arabes d’abord et occidentaux par la suite. Yambo Ouologuem était déjà mort lorsqu’il regagna le bercail à la fin des années 70 quasiment mains et pieds liés. Le lynchage médiatique associé à la joie de certains « frères de plume » a failli entamer la lucidité de l’homme. Et c’est à ce moment précis que commence la complicité de l’Etat du Mali, du régime CMLN-UDPM à ceux dits de l’ère démocratique. Un état indifférent, incapable de réhabiliter un de ses dignes représentants. Le geste aurait pu être salvateur, la thèse du plagiat du champ de bataille de Graham Greene ou le dernier des justes d’André Schwartz-Bart n’ayant pu résister au temps. En l’absence de plainte, Devoir de mémoire sera réédité notamment par Christopher Wise en Anglais et les Editons du Seuil en 2003.


L’attitude des gouvernements successifs du Mali est celle d’un état-palmier dont l’ombre ne couvre que de lointains auteurs. Je n’ai rien contre le fait que Corneille perché sur les Racines de la Bruyère Boi (ve) l’eau de La Fontaine et du Ruisseau mais c’est inadmissible que Yambo Ouloguem ne soit pas enseigné au Mali. A y regarder de près on finit par ne plus en vouloir à personne. Peut-on promouvoir quelqu’un que l’on ignore ? Certainement non, à moins que l’on ne s’appelle Moussa Konaté qui de son vivant mettait à profit chaque édition de « Etonnants voyageurs » pour conter et raconter Yambo aux plus jeunes ou Moussa Ouane qui lui a consacré un documentaire « le Hogon de Yamey »
.

Durant toutes ces années de nombreux anonymes, journalistes et amis des livres sont restés attentifs aux inquiétudes de sa famille, sa fille en l’occurrence. Elle avait tellement peur que son père -après avoir été traqué et lynché ailleurs- ne meure une seconde fois Ici. Hélas !

Crédit photo:Oumar Guindo(Directeur Radio Baguiné Badiangara)

Source: Sékou Tangara, journaliste et directeur de l’information à Africable Télévision.

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