Du 11 au 13 de ce mois se tient dans la capitale l’atelier national de validation du Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD 2019-2023) qui vise principalement à trouver une réponse pertinente et proactive aux 5 problématiques majeures du développement identifiées par le diagnostic stratégique.
La cérémonie d’ouverture placée sous la présidence du ministre de l’Economie et des finances, Dr Boubou CISSE, ayant réuni l’ensemble des acteurs concernés, du public comme du privé, a été émaillé de 5 interventions.
L’importante contribution du CNSC
Le Président du Conseil national de la société civile (CNSC), Boureïma Allaye TOURE, a salué la volonté politique du Gouvernement pour l’approche participative adoptée dans le processus de lancement et d’élaboration du document du CREDD 2019-2023 auquel la participation de sa structure a été on ne peut plus pleine et satisfaisante.
Après avoir souligné les grandes problématiques de développement du pays, à savoir : le déficit de gouvernance ; la persistance de l’insécurité et la dégradation du climat de vivre ensemble des communautés nationales ; un environnement en constante dégradation et peu de résilience par rapport au changement climatique avec un capital humain insuffisamment valorisé, M. TOURE a partagé avec l’assemblée les contributions du CNSC. Il s’agit de :
1-Le CNSC estime que l’ambition de réduire l’incidence de la pauvreté à 40% n’est pas suffisante si l’on veut atteindre l’ODD1 et plus largement faire du Mali un pays émergent ;
2-Il réitère sa demande d’intégrer l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle dans l’analyse et de fixer des indicateurs et les cibles en la matière. Pour ce faire, le CNSC propose de se baser sur la référence de 75% déjà demandée dans le document de CREDD antérieur ;
3-le CNSC propose d’intégrer la bonne gouvernance et la redevabilité comme des lignes stratégiques et aussi ajouter la mention ‘’délinquance financière’’, en plus de la référence à la corruption ;
4-Le CNSC est interpellé face à la faible croissance de l’Indice de Développement Humain et face aux inégalités dans notre pays. Aussi est-elle en droit de se poser la question: allons-nous revoir nos stratégies, nos priorités actuelles de lutte contre la pauvreté ou faut-il continuer avec les mêmes approches ? Il répond : ‘’nous pensons que non’’ ;
5-Il est impérieux pour nous de rechercher le meilleur équilibre des pouvoirs à travers la refondation de nos institutions républicaines, le renforcement de la citoyenneté et du civisme ;
6-La gestion des affaires foncières est aujourd’hui porteuse de nombreux conflits. Il est essentiel, selon le CNSC, d’assurer plus de transparence et de justice dans cette gestion pour préserver la paix et la cohésion sociales ;
7-Par rapport au dispositif de suivi-évaluation, les organisations de la société civile informent que la Fédération des ONG Internationales (FONGIM) et le Conseil national de la société civile collaborent étroitement dans leurs efforts d’accompagnement du Gouvernement pour le bien-être des populations démunies du Mali.
Les attentes du Secteur privé
Pour le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), le Mali se trouve à une phase où il faut une forte implication du Secteur privé dans toutes les politiques et stratégies de développement du pays, puisque ce sont les entreprises qui créent de la richesse, source de tout développement. Aussi estime-t-il, l’axe 3, à savoir : ‘’croissance inclusive et la transformation structurelle de l’économie’’ est un pilier très important pour le Secteur privé.
‘’Sa mise en œuvre efficiente contribuera à transformer l’économie, à travers la consolidation des moteurs actuels de la croissance, le développement de nouveaux secteurs créateurs de richesses, d’emplois, d’inclusion sociale et à fortes capacités d’exportation et d’attraction d’investisseurs’’, a défendu le représentant du CNPM.
Il a ajouté : ‘’le Secteur privé espère bien que cet axe 3 prendra en compte le Programme d’infrastructures économiques et la mandature 2018-2023 du Président de la République, dont il compte être fortement impliqué dans la réalisation’’.
Le CNPM souligne la nécessité d’un Plan d’actions prioritaires qui doit accompagner le cadrage macroéconomique pour une mise en cohérence des axes stratégiques, des objectifs et lignes d’action, aux projets et programmes de développement dans un cadre budgétaire sur la période 2018-2023.
L’analyse des PTF
Le Représentant du PNUD par intérim, Aboubakar KOULIBALY a introduit ses propos en mettant en lumière que le Gouvernement a décidé d’élaborer une nouvelle stratégie nationale de développement et par la même occasion, une nouvelle Étude prospective ‘’Mali 2040’’, 20 ans après l’Étude nationale prospective ‘’Mali 2025’’.
Il a indiqué que le diagnostic 4stratégique du CREDD repose sur 3 approches d’analyses :l’analyse structurelle du système Mali visant à comprendre les dynamiques de développement et les facteurs déterminants de l’évolution du Mali ; la réalisation de 11 études thématiques sur les problématiques de développement ; la conduite d’une enquête auprès d’un échantillon de 1 200 personnes sur les perceptions des populations sur les priorités de développement et l’analyse rétrospective des problèmes du pays.
Les résultats de cette enquête, a révélé M. KOULIBALY, montrent que les populations maliennes classent à 65% le problème d’insécurité alimentaire au premier rang de leurs préoccupations ; la bonne gouvernance, la paix et la sécurité arrivent en 2e position avec 39% ; la santé et le bien-être constituent une priorité pour 35% de la population, suivi de la pauvreté pour 23% des Maliens.
L’intervention de M. KOULIBALY a été suivie de celle de la Cheffe de file des Partenaires techniques et financiers.
Les 5 axes du CREDD
Selon le ministre de l’Économie, le CREDD vise à combler le déficit de gouvernance qui est apparu dans toutes les investigations comme la problématique centrale de notre architecture institutionnelle.
En deuxième position, cite le ministre, il y a une exigence forte et un impératif dans la quête pour assurer la paix et la sécurité et instaurer le bon climat de vivre ensemble.
Le 3e axe de la Stratégie vise à créer les conditions d’une transformation structurelle de l’économie en vue d’une croissance forte et inclusive, permettant de réduire significativement la pauvreté et d’asseoir les bases d’une économie émergente pour notre pays.
La protection de l’environnement et le renforcement de la résilience au changement climatique qui constituent le 4e axe sont également des impératifs pour garantir le développement.
Pour le 5e axe portant sur la valorisation des ressources humaines, l’accent sera mis l’exigence d’une grande qualité des services sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’équité du genre, de la jeunesse, de la protection sociale.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin