La course au vaccin est-elle une solution pour sortir de la pandémie ? Ou bien le meilleur moyen de prolonger la récession ? Depuis des mois, l’OMS met en garde les quelques pays qui rivalisent de commandes supplémentaires auprès des fabricants. D’après une étude de la Chambre internationale de commerce, si les pays riches continuent de monopoliser les stocks de vaccins, ils devront quand même payer plus de la moitié de la facture pour l’économie mondiale.
Si les pays riches sont les seuls à se protéger contre le Covid-19, les pertes pour l’économie mondiale pourraient atteindre plus de 9 000 milliards de dollars, relate notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. C’est environ la moitié du PIB de L’Union européenne. Dont plus de 50% a la charge des pays riches. John Denton est le secrétaire de la Chambre Internationale de commerce : « Beaucoup d’emplois, par exemple aux États-Unis, découlent directement des échanges commerciaux avec des pays moins développés. Prenez les pneumatiques qui sont fait en Thaïlande. Si la Thaïlande ne peut pas livrer le marché américain, c’est une perte pour les États-Unis. Et pourquoi la Thaïlande ne peut pas livrer ? Et bien justement parce que la Thaïlande est touchée par le Covid-19 ».
L’incohérence du nationalisme vaccinal
Ce n’est pas la première fois qu’un rapport pointe du doigt les incohérences de ce que l’OMS appelle le nationalisme vaccinal. Mais cette fois, les conséquences économiques sont bien plus importantes qu’attendues. En filigrane, on peut y lire une critique des plans de relance annoncés par les grandes économies : « Si vous voulez vraiment réparer votre économie, vous allez devoir réparer aussi l’économie mondiale, continue John Denton. Et ça veut dire s’assurer que les vaccins soient disponibles dans tous les pays et de façon équitable. Ca n’a rien à voir avec de la charité. C’est tout simplement du bon sens économique. »
Plus de 40 millions de doses de vaccin contre le Covid-19 ont déjà été administrées dans le monde. La plupart, dans les pays riches. L’OMS demande que ses membres se concentrent plutôt sur son dispositif Covax qui doit permettre un accès équitable à l’immunisation dans tous les pays.
Ne pas oublier les plus pauvres
Un discours également tenu à Davos, où se tient (de manière virtuelle) – depuis le 25 janvier – un Forum qui réfléchit aux moyens de reconstruire une croissance mondiale plus inclusive et plus durable. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté les pays développés à ne pas oublier les plus pauvres dans leur stratégie de vaccination: « Notre défi aujourd’hui est d’entreprendre la plus large et plus rapide campagne de vaccination que le monde n’ait jamais vue pour toucher tout le monde et partout sur la planète. C’est dans l’intérêt de tous les pays. C’est le moyen le plus rapide de réouvrir l’économie mondiale. »
« L’approvisionnement en vaccins reste encore rare et il en est de même pour la distribution, continue M. Guterres. Les vaccins arrivent dans les pays à hauts revenus alors que les pays pauvres n’en ont pas reçu un seul. Si les pays développés pensent qu’ils seront saufs parce qu’ils vont vacciner leur population et négliger les autres, ils se trompent. Il y a aujourd’hui un risque clair de mutation du virus qui le rend plus transmissible, plus petit et plus resistant aux vaccins existants. Il faut donc agir vite !! les capacités de production des vaccins doivent être massivement améliorées. Les licences doivent être disponibles et l’accessibilité assurée. Les vaccins doivent être considérés comme un bien commun global, les vaccins du peuple », conclut le secrétaire général des Nations unies.
Source : RFI