Ce n’est pas un phénomène tout à fait nouveau : les grandes crises s’accompagnent généralement d’une quantité importante d’informations qui sont souvent fausses. Pour le blogueur Marki Touramakan, dans la lutte contre le coronavirus (Covid-19), les gouvernements sont confrontés à une épidémie d’information : l’infodémie.
Avec les réseaux sociaux, les individus lisent des informations dont l’origine est souvent inconnue et le contenu douteux. Dans le contexte marqué par la pandémie du Covid-19, gagner la bataille de l’information est un défi pour tous les gouvernements. Les infox fragilisent les stratégies de lutte contre la maladie.
Pire, la propagation des infox entraine une certaine anxiété voire la panique. C’est ce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle une « infodémie ». Ce néologisme, apparu avec la crise sanitaire liée au coronavirus, résume à lui seul une boutade connue dans nos pays : « La sous-information tue plus que la sous-alimentation ». Une comparaison assez déséquilibrée qui fait pourtant sens.
Alors que le nouveau coronavirus touche la plupart des pays du continent africain, tous se mobilisent pour contrôler le flux d’information que les plateformes de partage véhiculent. « Le Coronavirus est une invention des Blancs pour exterminer les Noirs », « le brevet européen EP 1 694 829 B1, le business du Covid-19 démasqué », « l’ail et l’eau chaude tuent le virus responsable du Covid-19 »… Ces messages et tant d’autres ont circulé dans les groupes WhatsApp et sont partagés plusieurs fois. Preuve que tous les pays sont touchés par l’infodémie. C’est l’alerte que donnait, début 2020, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « Les fausses informations se propagent plus rapidement et plus facilement que ce coronavirus et sont tout aussi dangereuses ». Au tout début de la pandémie, des vidéos étaient diffusées sur les réseaux sociaux par des internautes, niant l’existence du Covid-19.
« La nature a horreur du vide »
Prises dans certaines proportions, la fréquence et la quantité de ces infox peuvent traduire un besoin non comblé de savoir de la part des populations. « La nature a horreur du vide », aime-t-on à dire. Mais ce qui rend alarmant ce phénomène, c’est qu’il contribue à fragiliser les réponses apportées par les autorités à l’actuelle crise du Covid-19.
Quand elles ne nient pas tout simplement l’existence de la maladie, les infox incitent les personnes testées positives à ne pas suivre le traitement mis en place par les services de santé. Fin avril, le professeur Soungalo Dao, chef du Centre de traitement du Covid-19 à l’Hôpital du Point G, dénonçait la multiplication des infox. Il mettait en cause celles qui influençaient les patients et leurs parents en leur proposant des breuvages pour prévenir ou traiter la maladie. Ces infox ont un écho favorable : des remèdes faits sur la base de recettes « farfelues » sont chaque jour retrouvés dans les affaires que les patients reçoivent, alors qu’ils sont dans le centre de traitement.
Une synergie s’impose
Comme dans la plupart des cas, les fausses informations sont sorties de leur contexte et les réfuter à travers un communiqué ne suffit guère. C’est ce qui explique la mutualisation des efforts entre les géants du numérique et les gouvernements.
Fin septembre 2018 déjà, Facebook, Google et Twitter ont signé avec la Commission européenne un code de bonnes pratiques contre la désinformation. « Notre ennemi commun est la maladie à Coronavirus, mais notre ennemi est aussi une ’infodémie’ de désinformation », a lancé António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, le 27 mars, en appelant à « promouvoir de toute urgence les faits et la science, l’espoir et la solidarité au détriment du désespoir et de la division ». Une alerte qui faisait écho à celle de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette synergie pourrait-elle venir à bout de l’intoxication informative ? Il faut l’espérer en ayant conscience du vide juridique quant à l’usage des medias sociaux dans beaucoup de nos pays.
Source : Benbere