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COVID-19 : L’impact de la pandémie sur la femme COVID-19

Nous vivons à une époque très critique de notre histoire et maintenant plus que jamais, il est important de protéger et de préserver les droits des femmes. Nous avons fait des progrès considérables pendant des décennies en termes de droits des femmes. Nous devons doubler nos efforts et faire en sorte que les multiples efforts consentis pendant plusieurs longues années ne restent pas vains.

 

e nouveau coronavirus, né à Wuhan (Chine) en décembre 2019 et qui s’est répandu sur toute la planète comme une trainée de poudre, bien que touchant majoritairement les hommes, a provoqué des conséquences sociales et économiques dévastatrices pour les femmes et les filles. La chute des marchés et la fermeture des entreprises ont provoqué la disparition de millions d’emplois occupés par des femmes.

Les mesures de confinement imposées en réponse à la pandémie de COVID-19 exposent les filles et les femmes à un risque accru de violence au foyer et les coupent des services de protection essentiels. Dans de nombreux pays, on remarque une forte augmentation du nombre de violences domestiques contre les femmes.

La gravité de ces conséquences sur la femme est tributaire de la qualité du système de santé qui varie d’un pays à un autre. En atteste, la nouvelle note d’orientation de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) intitulée :  » Les effets sexospécifiques des urgences sanitaires : les effets de l’épidémie de Covid-19 sur le bien-être des femmes  » . Il ressort de ce document que la disponibilité de bons systèmes de soins de santé réduit le fardeau des soins pour les ménages, en particulier les femmes qui assument la majorité des activités non rémunérées à la maison, y compris les soins aux malades.

Effets négatifs sur la santé

Les infrastructures sont vitales pour lutter contre les effets des chocs sanitaires et de la pandémie du Covid-19 sur les ménages et les communautés. Les effets négatifs sur la santé, le temps et le bien-être des femmes sont accentués en raison du faible niveau d’accès à l’électricité et la rareté des sources d’eau potable. Cela conduit les femmes et les enfants à consacrer un temps de travail non rémunéré important (Bénin : 25% ; Ghana : 16%) à la collecte de bois et d’eau, et, ce faisant, augmente probablement les autres effets néfastes sur la santé associés au Covid-19.

Les femmes sont plus susceptibles de devoir renoncer à leurs activités économiques en raison de la fermeture des écoles pour s’occuper des jeunes enfants et aussi des malades à domicile. Une situation qui contribue à accroître les inégalités financières.

L’augmentation des responsabilités professionnelles non rémunérées des femmes alourdit leur fardeau actuel. En Afrique, les femmes consacrent entre 2 et 11 fois plus de temps à un travail non rémunéré que les hommes.

Dans ces conditions, force est de constater que le Covid19 pourrait remettre en cause les modestes progrès faits en matière d’égalité des genres et de droits des femmes. D’où la nécessité de placer le leadership et les contributions des femmes au cœur des efforts de résilience et de redressement.

Flambée des violences domestiques       

Par ailleurs, comme si tout cela ne suffisait pas, la pandémie du Covid-19 a engendré dans le monde occidental une horrible flambée des violences domestiques pour des milliers de femmes et d’enfants, pour lesquels, le foyer n’est pas un lieu sûr. Selon le rapport des Nations Unies sur la réponse au COVID-19, « près d’une femme sur cinq dans le monde a subi des violences au cours de l’année écoulée ». Beaucoup de ces femmes sont maintenant prises au piège à la maison avec leurs agresseurs, et ont du mal à accéder aux services qui souffrent de coupures et de restrictions.

En France, cette flambée était notable dès la première semaine du confinement. En zone gendarmerie, ces violences ont augmenté de  » 32% en une semaine, et, dans la zone de la Préfecture de police de Partis, elles ont été en hausse de  » 36% en une semaine.

Les mesures d’urgence adoptées depuis laissent celles et ceux qui travaillent de longue date sur des violences de genre sceptiques. En matière de droits des femmes comme à l’hôpital, les annonces grandiloquentes et parfois déroutantes ne suffisent pas à rattraper des années d’incurie.

Ce phénomène est devenu mondial. En Chine, berceau de l’épidémie qui sort progressivement d’une quarantaine drastique de plusieurs semaines, l’association de défense des droits de la femme  » Weiping  » a fait état d’un triplement des violences rapportées. Il a été constaté une hausse de 25% des appels et des signalements sur le Web au Royaume-Uni, des appels qui augmentent de 16% en Espagne, une augmentation de 40 ou 50% au Brésil et de 20% au Texas.

» Il est déconseillé de sortir, il n’est pas interdit de fuir « , répète le collectif féministe  » Nous toutes  » sur les réseaux sociaux.

Conséquences fâcheuses pour la femme

Aussi, convient-il de signaler que la pandémie du Covid19 n’a pas eu que des conséquences fâcheuses pour la femme. Tel est le cas du Mali, où des femmes interrogées par les journalistes de la Télévision nationale, l’ORTM, ont apprécié certaines mesures restrictives prises par le Gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus, comme l’instauration du couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin, poussant du coup les hommes à rentrer tôt à la maison.

Toute chose qu’elles apprécient parce que le mari, chef de famille de son état, passera plus de temps avec elles et leurs enfants, découvrant ainsi certaines réalités familiales, notamment sur le comportement des enfants.

En définitive, pour corriger les insuffisances signalées :

Des efforts particuliers devraient être faits pour verser des paiements compensatoires aux employés du secteur informel qui constituent la grande majorité de la main-d’œuvre féminine dans les économies en développement. Il importe de veiller à ce que les lignes directes et les services pour toutes les victimes de violence domestique soient considérés comme des  » services essentiels  » et maintenus ouverts et que les forces de l’ordre soient sensibilisées à la nécessité de répondre aux appels des victimes comme proposé par ONU Femmes.

Il convient de favoriser une grande participation des femmes aux postes de décision dans les domaines de la santé publique et des interventions d’urgence pour garantir que les besoins des femmes et des filles soient correctement pris en compte.

Placer la femme au coeur de la lutte contre la pandémie

Il importe, pour les gouvernements des Etats, d’élaborer des politiques soucieuses de l’égalité des sexes pour garantir que les futures urgences de santé publique tiennent compte des besoins différents des hommes et des femmes, tout en privilégiant une approche de l’espace budgétaire basée sur le genre, combinée à une planification budgétaire également basée sur le genre pour garantir le fait que suffisamment de ressources soient canalisées vers les secteurs sanitaires et sociaux afin de compenser le citoyen ordinaire dans les moments difficiles

En conclusion, tous ces facteurs ont amené le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies à exhorter, le 9 avril dernier, les Etats membres à placer les femmes au cœur de la lutte contre l’épidémie du COVID-19. Les mesures visant à protéger et à stimuler l’économie, qu’il s’agisse de transferts en espèces, de crédits ou de prêts, doivent cibler les femmes. Les filets de protection sociale doivent être étendus. Le travail domestique non rémunéré doit être reconnu et valorisé comme une contribution vitale à l’économie.

Le COVID-19 est un temps critique pour notre humanité et surtout pour les femmes. Les défis économiques qui se sont posés pendant l’épidémie constituent une grave menace pour le travail et les activités commerciales des femmes et les exposent à un risque accru d’exploitation ou de maltraitance et en plus de la violence domestique. Protégeons et préservons les droits de nos femmes pour mieux combattre cette pandémie du COVID-19.

Bamako, le 19 avril 2020 * Experte en Genre et Relation Internationale

Source : l’Indépendant

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