La pandémie du coronavirus a frappé de plein fouet le monde entier et continue de réduire considérablement les droits économiques des entreprises et des individus à cause des mesures édictées par les autorités. Certaines de ces mesures demeurent certes essentielles pour freiner la propagation du virus, cependant, elles doivent intégrer la dimension des droits de l’Homme. L’interdiction des grands rassemblements, l’instauration du couvre-feu, la fermeture des espaces de loisirs ont entrainé la paupérisation des opérateurs touchés par ces mesures.
Le Mali est un pays de démocratie où les droits de l’Homme constituent une préoccupation majeure pour les autorités et des organisations dont le Réseau Média et Droits de l’Homme (RMDH). La constitution du 25 février 1992 stipule dans son article 17 « l’éducation, l’instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé et la protection sociale constituent des droits reconnus. »
Avec l’apparition du premier cas de coronavirus sur le sol malien, le mercredi 25 mars 2020, les autorités ont pris des mesures pour éviter la propagation de ce mal du siècle. L’instauration du couvre-feu (21h à 05h du matin), du 26 mars au 10 mai 2020, a porté un coup dur aux droits de quelques travailleurs. En plus des cérémonies de mariage, les bars, les boîtes de nuit, qui sont des lieux de loisir, n’étaient plus fréquentés. Dans ce milieu, la sécurité des personnes et de leurs biens est confiée à des gros bras. Mamadou Diallo alias « Dassa » est un agent de sécurité qui travaille devant un bar de la commune VI du district de Bamako. Intérrogé par nos soins, Mamadou Diallo a fait savoir son mécontentement face aux mesures édictées par les autorités pour lutter contre la covid. « Pendant le confinement, c’est-à-dire le couvre-feu, j’ai perdu mon travail. Qui va me donner de l’argent ? Le bar n’a pas été totalement fermé, mais on m’a demandé de rester à la maison, car ma présence a été subitement non nécessaire. J’ai d’autres petits gros bras qui ont également perdu leur travail.», a-t-il déclaré.
Dans la commune IV, plus précisément à Lafiabougou, le jeune enseignant Issa Keïta est très sollicité par de nombreux parents d’élèves pour dispenser des cours du soir. Il a été contraint, pendant le confinement, de renoncer à quelques cours du soir, au-delà de 21 heures. « La covid est une triste réalité et le respect de la mesure du couvre-feu était nécessaire. Je n’avais pas le choix, j’ai subi une altercation avec les forces de l’ordre une nuit quand je revenais à la maison après un cours du soir.», a-t-il regretté.
C’est dans ce contexte où on tend presque vers un déni des droits de l’Homme que le Réseau Média et Droits de l’Homme, en parfaite collaboration avec la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) ainsi que la Divisin droits de l’Homme et de la protection (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), a mis en place un « Projet de protection et de promotion des droits de l’Homme en riposte au covi-19 au Mali). Le but de ce projet est de montrer l’importance de l’intégration de la dimension « droits de l’Homme » dans la prévention, la réponse et le relèvement face à la covid-19 au Mali, à travers une couverture cohérente et plus précise de la question des droits de l’Homme. Ledit projet vise à épauler les journalistes maliens afin de mieux informer sur la covid-19 et ses effets sur les droits de l’Homme, ainsi que les actions publiques ou privées permettant d’atténuer les inégalités sociales et d’autres effets du coronavirus.
Signalons qu’à la date du 06 décembre, notre pays comptait 5135 cas positifs, 105 décès dans les centres de prise en charge, 59 dans la communauté et 3369 guéris. Selon les autorités, 1700 personnes-contact font l’objet de suivi quotidien. Protégeons-nous en respectant les mesures barrières.
Sidiki Adama Dembélé
Source: Le Républicain- Mali