Le coronavirus serre les dents à plusieurs corps de métiers. Pour autant, ils sont nombreux à profiter de ce temps d’arrêt de travail pour mener des activités de prévention contre la maladie. La nouvelle occupation de Madani Diarra dit Bafing, enseignant de profession, en ces temps de fermeture des classes est la confection des masques gratuits pour sa famille et ses proches.
Une machine à coudre, des ciseaux et un fer à repasser. Dans sa cour à Yirimadjo tout y est pour animer la nouvelle journée de plus de Madani Diarra loin des salles de classe du lycée publique de Niamakoro, où il dispense des cours. “La couture c’est ma passion depuis très jeune. Ce n’est pas mon métier, mais on a tous appris à le faire dans la famille”.
C’est auprès de sa maman que le professeur de russe a nourri sa passion pour la couture. A la différence des autres ateliers, on ne reçoit pas d’habit à coudre ici. Madani passe en effet ses temps libres à confectionner des masques lavables pour sa famille et ses enfants.
Le programme de ce matin, c’est la finition d’une dizaine de tissus en coton doublés. En fin connaisseur, le tailleur passe à l’étape suivante. “Je dois faire maintenant les plis. Ça prend un peu de temps parce qu’on doit le faire avec soin. Si c’est bien fait, même on les lave à l’eau et au savon, les masques gardent leurs formes initiales explique-il. C’est important parce que tout produit y compris des maques doit être bien fait afin qu’il attire le preneur à le porter”.
Dans son petit atelier préfabriqué, rien ne se perd. Les coupons des tissus confectionnés sont récupérés par le créateur. Ils sont utilisés pour faire d’autres masques pour les enfants. Une couche, qui jusqu’à présent n’était pas prise en compte dans les commandes mises sur le marché malien.
“Il est impératif que nous nous protégions”
Bafing a commencé à faire des masques quelques jours après l’apparition du Covid-19 en fin mars au Mali. Les premiers masques étaient d’abord pour son usage personnel. ” J’avais acheté en ville des masques qui n’étaient pas de ma taille. Aussi, c’était difficile de parler avec”. Quelle différence avec les vôtres ? “Ceux que je confectionne maintenant sont des ports permanents. On peut parler en public facilement. Je le fais en tissu coton et le lavage est très facile”.
Lors de la confection de son premier masque, Madani s’est inspiré d’un modèle chirurgical. Après ce coup de succès, il s’est mis à confectionner plusieurs dizaines d’autres sur mesure pour les membres de sa famille et des amis. En tout, il en a distribué près d’une centaine.
Avec cette performance, Bafing se dit être capable de confectionner plus une cinquantaine de masques par jour. Une capacité de production qui peut être dépassée assure-t-il, si des commandes se présentent. “Pour le moment, je n’ai pas reçu encore commande, mais j’ai quand même vendu un petit stock”. Vous les vendez à combien ? “Le prix unique fait 300 F CFA. Pour les enfants, ils sont vendus à 100 F CA la plupart de mes masques ont été distribués gratuitement entre parents et amis. Il est impératif que nous nous protégions. C’est le premier geste pour lutter contre le Coronavirus. Mais ici au Mali on voit que les gens sont réticents. Certains n’y croient pas toujours. Si des gestes simples comme le port des masques et le lavage peuvent nous protéger contre la maladie, pourquoi ne pas le faire”.
Même si l’âge de la vieille Aminata, sa maman, ne lui permet plus de passer encore dernière sa machine à coudre veille de près de 50 ans, elle a de quoi maintenant pour occuper sa journée. Elle veille au respect strict de l’utilisation du kit de lavage de main par ses petits-enfants.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Mali Tribune