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Covid-19 à Kayes : L’hôpital fousseyni daou sous haute pression

La plus grande structure sanitaire de la ville a déjà enregistré 12 cas positifs, dont 4 décès. Pour éviter tout débordement, elle a réduit ses services au minimum pour se consacrer à la prise en charge des cas suspects et positifs, en collaboration avec les services sociaux sanitaires de la région

 

Depuis l’annonce des premiers cas de Covid-19 dans notre pays, les populations de la Région de Kayes ne dorment plus que d’un seul œil. Tous les cas suspects de la région sont évacués sur l’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes, suscitant un sentiment de peur et de panique dans la cité des Rails. D’où d’ailleurs la méfiance des populations envers les structures sanitaires. Rares sont les patients qui y viennent pour les consultations par peur d’être contaminés.
Or, l’Hôpital Fousseyni Daou refusait du monde avant l’apparition du premier cas suspect du Covid-19 quelques jours après l’arrivée, le 20 mars, d’un avion qui transportait des passagers en provenance de la France. Les malades et leurs accompagnateurs formaient de longs rangs autour des guichets et se bousculaient souvent pour payer les tickets d’entrée et les fiches AMO (Assurance maladie obligatoire).
Après avoir respecté les mesures et barrières sanitaires (lavage de mains au gel hydro alcoolique, prise de la température, distanciation sociale, parmi tant d’autres), notre équipe de reportage a visité l’Hôpital Fousseyni Daou les mardi 21 et mercredi 22 avril 2020, pour s’enquérir des conditions de prise en charge des patients et des cas suspects.
Selon Dr. Toumani Conaré, directeur général de l’Hôpital, sa structure assure, à la date du 22 avril 2020, la gestion de 8 cas positifs de Covid-19. Cet hôpital avait accueilli 12 cas de 53 à 76 ans, mais il y eut 4 décès parmi ces patients. «Nous travaillons en collaboration avec la DRS (Direction régionale de la santé). Pour l’hospitalisation des cas suspects et patients du Covid-19, nous avons retenu le Bloc VIP2 de 11 lits, mais qui en comptait 10 auparavant et des tentes. Nous avons aménagé un autre local doté d’une dizaine de places pour l’isolement. Nous avons 2 respirateurs pour les deux salles de réanimation», a déclaré le directeur Toumani Conaré.

Pour faire face à cette pandémie, l’Hôpital Fousseyni Daou a, selon son directeur général, procédé à un redéploiement de son personnel et à une limitation de ses services. «Nous avons suspendu certaines activités de consultations, à l’exception des interventions chirurgicales et d’autres cas d’urgence. Nous avons constitué une équipe composée de 17 médecins dont des cardiologues, parmi tant d’autres, 13 infirmiers, 13 laborantins, 9 manœuvres et 3 chauffeurs. Les besoins sont immenses et l’État fait de son mieux pour nous appuyer dans la prise en charge (traitement, restauration de nos patients). Nous faisons tout pour améliorer la qualité de nos soins et de la restauration», a-t-il précisé.
Dr. Cheick Tidiane Traoré, directeur régional de la Santé de Kayes, a indiqué que la 1ére région administrative du Mali compte 39 cas suspects, dont 12 cas notifiés en fin de journée du 20 avril. Il a rappelé que les premiers suspects ont été déclarés le 24 mars 2020 et confirmés le lendemain. «Les localités concernées par cette pandémie sont Kayes, Kéniéba et Kita. Nous avons 5 agents de santé déclarés positifs. Un patient est en voie de guérison et on attend les résultats de son 2ème test. Le patient est déclaré guéri s’il suit 2 tests négatifs en 72 h d’intervalle, après 10 jours de confinement», a déclaré Dr. Cheick Tidiane Traoré.
Dans les cercles, on dénombre, selon lui, 8 cas de Covid-19 confirmés à Kayes, 1 à Kéniéba et 3 cas à Yélimané. Les structures sanitaires de la région sont confrontées à des problèmes. «Nous assurons la prise en charge santé publique. Le personnel n’est pas suffisamment équipé. Les dotations (bavettes et autres équipements de protection) viennent au compte-gouttes», a déploré le directeur Cheick Tidiane Traoré.

Selon lui, l’Hôpital de Kayes gère actuellement un cas grave un homme âgé de 53 ans. «Nous voudrions l’évacuer sur Bamako mais, la structure d’accueil de la capitale du Mali nous a demandé de ne pas le faire, car le patient pourrait mourir en cours de route. C’est pourquoi, on le garde et nous faisons de notre mieux pour le sauver. Un seul cas (un Irlandais) est confiné dans une mine de Kéniéba, sur la demande de la société minière. Les autres sont à l’Hôpital de Kayes qui assure l’aspect thérapie», a révélé Dr. Cheick Tidiane Traoré.
La pandémie du coronavirus a aussi été durement ressentie par le personnel du Centre de santé de référence (C.S.Ref) de Kayes où un suspect a été testé positif ce mois-ci. «En pareille circonstance, on cherche les personnes qui ont eu des contacts pendant au moins 15 minutes avec le cas indexé pour les mettre en confinement pendant deux semaines afin d’éviter la contamination communautaire. Il s’agit des agents susceptibles de remplacer le cas indexé dans son travail, en cas d’empêchement. Parmi ces contacts, 4 cas (2 femmes et 2 hommes) ont été déclarés positifs. Deux autres cas n’étaient pas sûrs. Nous avons constaté que 6 membres de son staff étaient susceptibles d’exposer la communauté à la maladie. Nous avons prolongé le confinement d’une semaine de plus pour éviter tout risque. Le CSRef n’a finalement été rouvert que le 19 avril», a expliqué Dr Traoré.
Par ailleurs, le directeur régional de la santé de Kayes a assuré que ses services n’ont évacué aucun patient sur Bamako du début de la pandémie à nos jours.
De son côté, le directeur régional du développement social et de l’économie solidaire, Dramane Coulibaly, a souligné que sa direction est au cœur de la lutte contre la pandémie, surtout qu’elle est membre du comité régional mise en place à cet effet par le gouverneur Mahamadou Zoumana Sidibé.
«Nous renforçons nos activités de sensibilisation par rapport à la mise en œuvre des mesures de protection et des barrières sanitaires prises aux plans national et régional. L’accent est mis sur la communication à travers les médias. Nous organisons également des rencontres sur la problématique de la maladie, le confinement des populations et le respect des mesures barrières», a détaillé le directeur général, Dramane Coulibaly.

Bandé Moussa
SISSOKO
Amap-Kayes

Source : L’ESSOR

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