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Cour d’assises : La peine capitale pour les terroristes

Avec des armes de guerre, ils s’en sont pris à des établissements hôteliers où ils ont froidement tué des occupants. Ils justifient leurs actes par le Djihad et dit n’avoir rien regretté

 

Fawaz Ould Ahmad et Sadou Chaka ont écopé de la peine de mort à la suite de leur procès. Ces deux présumés terroristes ont comparu en assises avant d’être reconnus coupables par les juges. Leur tort ? Courant 2015 ils ont perpétré des attaques contre le « Radisson Blu » et le restaurant « La terrasse ». Cette opération terroriste a, à l’époque fait plus de 20 morts dont des ressortissants de pays étrangers.

Cette histoire a fait les choux gras de la presse nationale et internationale. D’où son retentissement international. Conséquences. Le jour de l’audience, la sécurité était à son maximum à la Cour d’appel de Bamako. Pour y accéder, il fallait montrer patte blanche. En somme, ce jour-là, n’avait pas accès à la salle d’audience qui le voulait.

Tout (ou presque) était passé au peigne fin. Quasiment à chaque coin de la Cour, des agents des Forces spéciales étaient postés, regards menaçants et les doigts posés sur la gâchette. Histoire de parer à toute éventualité afin que cette audience qui semble historique, se déroule sans anicroche. Le jeu en valait la chandelle surtout lorsqu’il s’agissait d’accusés de la trame de suspects cités plus haut. Rien d’étonnant que le procès se soit déroulé sur plus de six heures d’horloge.

«Victoire pour les musulmans»
Les magistrats Souley Maïga, Rose Dembélé, Moro Sidibé et Mamadou Kanté, assistés par des assesseurs visiblement expérimentés, avaient la lourde tâche d’interroger les deux suspects. Au banc des accusés Fawaz Ould Ahmed et son complice Sadou Chaka sont là. Ils sont cagoulés et menottés sous l’œil vigilant de quelques agents des Forces spéciales. Dans une salle d’audience pleine à craquer, un conseil des parties civiles introduit une requête auprès du président. Elle est relative à un renvoi du procès pour un autre jour. Raison invoquée.

La non comparution du troisième prévenu du nom de Abdoulbaki Abdramane Maïga alias «Abou Mahamdoune». La requête est très rapidement rejetée sans autre forme. Apparemment l’absence de cet accusé ne devrait pas affecter le bon déroulement du procès.
Le moment tant attendu est arrivé lorsque le président invite les deux suspects à se présenter à la barre. Tout d’un coup un silence de cimetière envahi la salle. Visiblement sereins, d’un pas calme, habillés en boubou, les deux hommes ont vite rejoint la barre, face aux jurés.

C’est le nommé Fawaz, le principal accusé qui a pris la parole en premier lieu. D’entrée de jeu, il a demandé à la cour vouloir faire une déclaration en arabe avant de dire quoi que ce soit. Cela lui est accordé sans problème. C’est ainsi que l’homme s’est permis de rendre hommage à celui qu’il appelle l’Émir d’Arabie. Il n’a pas le temps de terminer ses hommages qu’il est aussitôt interrompu par le président de la Cour. Ce dernier lui rappelle les raisons de sa présence à cette audience, à la barre, au lieu de faire de la propagande. Immédiatement ses conseils sont intervenus demandant à la Cour de laisser leur client s’exprimer. Et Fawaz de remercier Iyad Ag Ghali et Ahmadou Koufa pour la libération récente des 200 djihadistes.
Venger le Prophète Mohammad (PSL)

Une action qu’il a qualifié de «victoire pour les musulmans». Lorsqu’il poursuit son débat, c’est pour reconnaître les faits en partie. Il a rejeté l’accusation «association de malfaiteurs et terrorisme», tel que cela ressort du dossier. Il a lui-même son idée des forfaits commis. Il ne tarde pas à le dire à haute voix. «Nous sommes des Djihadistes et non des terroristes, nous faisons le Djihâd. Cela fait partie de notre religion», dit-il, sans hésiter une seconde, et avec une conviction inébranlable. Ainsi, l’homme a fait un bref rappel de ce qui s’est passé lors de l’attaque du Restaurant «La Terrasse» et a précisé qu’il est membre à part entière du groupe qui a initié cette attaque. Et sur ce point, Fawaz a été on ne peut plus clair.

Il le dit à qui veut l’entendre qu’il a agi pour venger le prophète Mohamed (PSL). Et que c’est suite aux caricatures faites par l’hebdomadaire Charlie Hebdo à l’endroit du prophète des musulmans. «Nous avons fait cette opération pour venger le prophète qui a été caricaturé par Charlie Hebdo. Notre chef Moucktar Ben Moctar m’a donné le feu vert et j’ai agi avec deux frères très bien entraînés», ajoute-t-il avec fierté.

Mieux, l’accusé a expliqué défendre ses idéaux avec les attaques. Puis dans la foulée, il défend son idéal. «Nous ne tuons pas par plaisir. Mais nous ripostons après qu’on nous ait attaqués. D’où ces attaques après que la France ait insulté notre prophète». Bref, à entendre l’accusé, tout laisse à penser qu’ils ont agi pour venger les «préjudices» causés par la France à la religion musulmane.Ensuite, l’homme a détaillé la façon, dont cette opération s’est déroulée, avant son arrivée à Bamako, pendant qu’il logeait à Baco Djicoroni en commune V du District de Bamako, et surtout le temps qu’ils se sont donnés pour repérer les lieux avant de passer à l’acte.

«Comment as-tu fait ?», questionne un des juges. Réponse de l’accusé. «C’est très facile. Après avoir repéré le lieu, je suis passé à l’acte. J’ai mis l’arme, une Kalachnikov dans mon sac avec 6 chargeurs. Ensuite je l’ai transportée sur place …». Et le juge d’enchaîner pour comprendre, la manière, dont il avait quitté le désert pour arriver à Bamako avec les armes ? Fawaz répond qu’il a choisi un jour où il avait peu, ou pas de contrôle sur la route. Puis il ajoute. «Là-bas, on s’informe avec les commerçants voyageurs sur le contrôle routier. Une fois que c’est OK nous passons avec nos armes», ajoute-t-il, visiblement très à l’aise. La Cour tenait à comprendre comment il s’en est pris lui-même avec l’attaque du Restaurant «La Terrasse».

Quinze Occidentaux

Fawaz explique qu’il a repéré les lieux, avec l’aide de celui qu’il a qualifié d’éclaireur, un certain Mohamed Tagnirou Cissé. Puis c’est après cela que l’accusé s’est lui-même rendu sur place avec la ferme volonté d’ouvrir le feu sur les clients occidentaux. «Une fois rentré dans le local, j’ai compté 15 Occidentaux et j’ai tiré sur eux, confirme-t-il avec un sourire narquois. Il a, dans la foulée, tenu à préciser qu’il n’a tué que des Occidentaux contrairement aux rumeurs qui lui collent la responsabilité des victimes maliennes touchées lors de l’opération. Une opération qu’il a décrit au détail près, et aux termes de laquelle, il est rentré calmement chez lui à bord d’un taxi, sans le moindre problème.

Vu tout ce qui précède, l’homme croit fermement qu’il a bénéficié de l’assistance divine pour mener à bien cette attaque. «Quand j’ai tiré sur des gens, cela ne m’a rien fait. C’est le djihâd. C’est pourquoi je ne regrette rien de ce qui s’est passé. J’ai tiré sur eux parce que ce sont des mécréants, des cafres…».

C’est pratiquement le même modus que l’inculpé semble avoir usé pour s’en prendre au Radisson Blu. A la différence que pour ce dernier cas, il y a eu recrutement de jeunes kamikazs et paiement de grosses sommes d’argent. Nous y reviendront plus en détail.

Tamba CAMARA

Source : L’ESSOR

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