La crise qui secoue le Mali depuis plus d’un an, a de terribles conséquences sur les infrastructures (monuments, routes, bâtiments…) de Bamako. En effet, tout se dégrade dans la capitale malienne. Aussi, la circulation y devient un calvaire à cause de l’absence de feux tricolores qui ont cessé de fonctionner depuis des mois. Ainsi, les policiers chargés de réguler la circulation sont confrontés à toute sortes de difficultés. ReportageEn effet, depuis plus plusieurs jours, circuler à Bamako, relève du parcourt du combattant, particulièrement au niveau de certaines grandes artères et avenues de la ville. Ici et là la circulation est quotidiennement très dense : monument de l’indépendance, le rond point centre Haoua Keita. Coté rive droite, c’est le même constat au niveau des ronds points de Kalabancoura, Sabalibougou, le rond point stop Konaré… partout ce sont des bouchons interminables, l’anarchie et le désordre dans la circulation. Et, l’interruption des feux tricolores solaires (suite à un désaccord entre la société Hydro Sahel et la mairie du district), n’est pas pour arranger la situation. Bonjour la pagaille ! Le promoteur de cette société, la société Hydro Sahel, a donc décidé de couper « ses » feux tricolores dans notre circulation. En effet, au niveau de tous les carrefours ces feux ne fonctionnent plus. Du coup, les usagers : conducteurs de voitures, engins à deux roues, vélos…, sont obligés de se débrouiller. Chacun comme il peut ! Ce qui n’est pas sans provoquer colère et nervosité chez certains.
Autre incidence de cette «absence des feux tricolore solaires» ? Selon les constats de la police, le nombre des accidents de la voie publique s’est multiplié à Bamako. A défaut des feux, la régulation de la circulation est désormais assurée à 100% par les éléments de la compagnie de la circulation routière (Ccr). Ces policiers ont été massivement déployés sur le terrain.
Intolérance, incivisme et irresponsabilité…
Cette coupure (suspension) des feux tricolore solaires, intervient à un moment où une bonne partie des feux (tricolores au niveau des artères de la capitale) est également en panne pour diverses raisons : faute d’entretien, casses lors des manifestations, négligence, vétusté du matériels… Un petit tour au centre ville suffit pour faire ce triste constat. Les feux (tricolores), en plusieurs endroits, dont le carrefour du ministère de l’éducation, le rond point de N’Golonina…, sont hors d’usage depuis des mois. A ce jour, aucun effort n’est fait pour les remettre en marche. Conséquence ? Des policiers de la compagnie de la circulation routière (CCR) sont au charbon pour réguler la circulation et permettre aux usagers de vaguer à leurs activités. Dans cette mission de la police, il n’est pas rare de voir certains usagers «tempêter» sur ces agents souvent simplement parce qu’il (le policier) tarde à leur ceder le passage ou pour d’autres motifs. L’un des endroits où les policiers sont confrontés à un tel problème, est le tournant de la bourse du travail. Ici, dès les environs de 8heures, c’est la grande affluence. Avec des usagers qui klaxonnent dans tous les sens, affichant tous l’air d’être trop pressés. A cet endroit, il est fréquent de voir le policier se faire prendre complètement dans l’engrenage des usagers.
Un policier nous a expliqué les difficultés à réguler la circulation en cet endroit. «Le nombre trop élevé de véhicules dans la circulation, et l’incivisme de certains usagers, compliquent notre travail», a-t-il dit. Ce policier souhaite que les usagers fassent montre d’un peu plus de tolérance entre eux-mêmes, en se cédant souvent le passage. Ce qui, ajoute t-il n’est malheureusement pas le cas.
La parole au commandant de la Ccr
La situation, en tout cas, a très vite mobilisé les autorités policières, particulièrement les responsables de la Compagnie de la circulation routière. Le commandant du CCR, le commissaire, Cheickna Magassouba, explique les causes qui ont conduit à cette situation, avant de mettre l’accent sur certaines mesures importantes prises pour que la circulation à Bamako soit normalisée aux différents carrefours où les feux ne marchent pas…
«A un moment donné, nous avons été surpris de constater que les feux ne marchent pas. Nous avons voulu nous renseigner et on nous a dit que c’est un problème entre l’opérateur (un privé) et la mairie du district. Les questions de finances n’étant pas de notre ressort, nous avons décidé de nous occuper des aspects qui relèvent de notre domaine de compétence, notamment la gestion de la fluidité de la circulation. Afin de permettre aux usagers de pouvoir regagner à temps leurs services le matin et, de retourner facilement chez eux, le soir… », a confié le commissaire Magassouba. Celui-ci estime à 6 voir 8 le nombre d’agents placés au niveau des différents carrefours concernés. Selon le patron de la Ccr, il s’agit d’une situation qui, en plus de provoquer beaucoup d’accidents, pose également en soit des problèmes sécuritaires, surtout pour ce qui concerne les agents qui font leur travail au milieu de la voie. «Il y a souvent des usagers indélicats qui n’obtempèrent pas aux injonctions des agents. Certains foncent même souvent sur eux au moment où ils sont occupés à réguler la circulation». s
Le Commandant Magassouba constate une certaine fréquence des accidents depuis que les feux ont été coupés. Pour lui, au niveau de certains carrefours, les policiers après avoir normalisé la circulation, sont appelés à changer de position ou à aller dans une autre mission. Pendant ce temps, c’est encore le désordre. «L’autodiscipline n’existe pas dans notre circulation », constate t-il. Avant de lancer un cri de coeur aux usagers : «Pendant cette période, la prudence doit être de rigueur. La tolérance est nécessaire entre usagers, surtout lorsque le policier n’est pas sur place. Ce qui est souhaitable, c’est que les usagers comprennent qu’on peut bien avoir la priorité mais laisser d’autres usagers passer… », a souligné le commandant de la compagnie de la circulation routière.
Oumar Diamoye
Mohamed Sylla