Le 28 mars dernier, les proches de l’ex Première dame, Simone Gbagbo, ont poussé un ouf de soulagement suite au verdict de la Cour d’assises d’Abidjan. Celle-ci acquitte l’épouse de Laurent Gbagbo accusée de crimes contre l’humanité commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
« Le jury à la majorité déclare Simone Gbagbo non coupable des crimes qui lui sont reprochés, prononce son acquittement et ordonne qu’elle soit remise immédiatement en liberté si elle n’est retenue pour d’autres causes », a déclaré le juge Kouadjo Boiqui, président de la Cour d’assises. Tel est le verdict final tombé mardi à la Cour d’assises d’Abidjan.
C’est un verdict inattendu. Il a fallu à la majorité des six jurés civils sept heures de débat pour en arriver-là. Beaucoup d’Ivoiriens ne s’attendaient pas à un tel jugement surtout que les avocats commis d’office ont refusé vendredi de se présenter à la reprise du procès lundi. Même l’accusée, à un moment donné du procès, ne répondait plus présente à la barre.
Selon nos confrères de Radio France internationale (RFI), ce verdict est un « véritable coup de théâtre tant depuis le début du procès en mai la partie civile et le procureur général semblaient sûrs de leurs faits concernant les pièces livrées au dossier d’inculpation qui devaient attestés de la culpabilité de l‘épouse de Laurent Gbagbo ».
Depuis l’entame du procès, au regard des documents qui sont brandis et des témoignages recueillis, beaucoup avaient cru que l’ancienne Première dame ne pourrait pas se tirer d’affaires. La sentence semble donner raison à des observateurs qui suivaient de bout en bout ce procès, arguant que « le dossier d’instruction était faible, bien trop faible, pour permettre à un jury de prononcer avec assurance une peine de prison à vie requise par le procureur ».
Depuis mardi, Mme Simone Gbagbo est blanchie des chefs d’accusation de crime contre l’humanité. Cependant, le verdict ne fait pas d’elle une femme libre. Et pour cause, il y a deux ans, la même Cour d’assises d’Abidjan l’avait condamnée à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
« Peut-être aussi ont-ils voulu envoyer un signal fort aux politiques pour la réconciliation, se disant peut-être que c’était la manière la plus rapide de faire parvenir à la réconciliation. En tout cas le procès s’est tenu, et voilà le verdict qui a été rendu », expliquait le procureur général qui pense également voir dans ce verdict un message politique
Cependant, le verdict a été une source de tristesse pour le collectif des victimes. Pour Issiaka Diaby, président du collectif des victimes, « c’est la tristesse et la désolation pour les victimes en Côte d’Ivoire ».
« La Côte d’Ivoire vient de démontrer qu’elle n’a ni la capacité ni la volonté de rétablir les victimes dans l’indignité. Nous appelons immédiatement à l’exécution du mandat d’arrêt à l’encontre de Simone Gbagbo et nous allons nous retrouver à la CPI pour que cette affaire soit tranchée une bonne fois pour toute », a laissé entendre M Issiaka.
Yao Junior L