Les avocats de cette militante de la société civile, incarcérée à Abidjan, estiment que les accusations d’« entente » avec l’étranger à l’encontre de leur cliente sont destinées à la « faire taire ».
Pulchérie Gbalet, présidente de l’organisation Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), a été arrêtée à deux reprises en août, puis placée en détention provisoire, à la suite d’un voyage au Mali, où 49 soldats ivoiriens sont détenus depuis le 10 juillet. Elle est notamment accusée « d’entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d’Ivoire, de manœuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l’ordre public ».
Par ces accusations, le parquet a « l’intention de faire taire Pulchérie Gbalet », a estimé le collectif de ses avocats dans un communiqué. L’un d’eux, Eric Saki, a en outre dénoncé lors d’une conférence de presse un « complot » et une « flagrante violation des règles élémentaires de la procédure » concernant la manière dont elle a été arrêtée et incarcérée le 22 août.
« Guet-apens »
L’avocat a affirmé que Pulchérie Gbalet a été victime d’un véritable « guet-apens » de la part de la police, qui l’avait invitée à venir récupérer son passeport et son téléphone portable, confisqués lors d’une précédente interpellation à son retour du Mali le 3 août. « Contre toute attente, en lieu et place de la remise de ses effets, c’est plutôt à une audition » à laquelle elle a été soumise avant d’être conduite en prison, a-t-il affirmé.
Lors de son séjour au Mali, Pulchérie Gbalet avait rencontré des responsables d’ONG et des proches de la junte militaire au pouvoir depuis août 2020 dans ce pays, évoquant avec eux le sort des 49 soldats ivoiriens. Considérés comme des « mercenaires » par Bamako, ces soldats ont été inculpés par la justice malienne, notamment pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». Abidjan assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU et a réclamé leur libération.
Plusieurs médiations sont en cours pour l’obtenir, dont celles du Togo et de leaders religieux maliens. « Suffirait-il d’aller au Mali et y revenir pour que cela constitue une entente avec une puissance étrangère ou avec les agents d’une puissance étrangère ? », s’interroge le collectif des avocats. Pulchérie Gbalet, proche de l’opposition, avait déjà été incarcérée pendant huit mois entre août 2020 et avril 2021 pour avoir manifesté et appelé à manifester contre la candidature du chef de l’État, Alassane Ouattara, à un nouveau mandat à la présidentielle d’octobre 2020.
Avec AFP