La police a dispersé samedi à Abidjan une manifestation des associations d’investisseurs qui réclament le dégel des comptes des entreprises d’agrobusiness par le gouvernement en raison des soupçons d’escroquerie visant plusieurs de ces entreprises.
A l’appel des responsables d’associations des 28 sociétés d’agrobusiness, plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans le quartier chic de Cocody pour dénoncer le gel depuis le 6 janvier des comptes bancaires des structures d’agrobusiness par le procureur de la république.
Les manifestants, qui ont dressé des barricades, ont été dispersés une première fois à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre qui les ont ensuite pourchassés dans les rues de Cocody.
« J’ai investi 17 millions de francs CFA (25.916 euros) pour avoir 80 millions de francs CFA (121.959 euros) et là je suis venu manifester parce que mon argent est bloqué », a déclaré à l’AFP Ladji Soumahoro un souscripteur.
« Tout le monde a investi (et) d’autres se sont endettés. Nous avons pris des prêts à la banque. Moi j’ai investi tout mon argent », a lancé avec colère un autre souscripteur, Moriféré Berthé.
Les souscripteurs expliquent avoir confier de l’argent à ces sociétés pour créer des plantations d’hévéas ou de vivriers. Ces sociétés, qui utiliseraient des techniques agricoles ultra-modernes et qui vendent sur le marché international, leur promettent des retours sur investissement « très juteux ».
En novembre 2016, le gouvernement avait mis en place un groupe de travail sur l’agrobusiness pour « évaluer les risques et prendre les mesures appropriées » devant la prolifération de ces entreprise et surtout l’engouement des populations.
L’enquête a révélé que 36.699 personnes avaient souscrit dans les 28 sociétés d’agrobusiness « pour un montant de capital investi qui s’élève à 66 milliards de francs CFA ».
Mais « les soldes disponibles sur les comptes bancaires de ces entreprises s’élèvent à 22,745 milliards de francs CFA, les retours sur investissement (RSI) proposés à très court terme (3 à 6 mois), vont de 300 à 1000% du capital investi, ce qui correspond à un engagement global estimé à 660 milliards de francs CFA », a alerté le gouvernement.
« Par ailleurs, les RSI payés aux souscripteurs ne proviennent pas des revenus issus de la vente des récoltes mais plutôt des nouvelles souscriptions », selon l’enquête.
Le gouvernement avait donc décidé de procéder au « remboursement des souscripteurs sur la base des ressources disponibles sur les comptes des entreprises (…) et à engager des poursuites judiciaires contre les dirigeants sociaux des entreprises en faute ».