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Cote d’Ivoire : crise au FPI ou la guerre entre les héritiers présomptifs de Gbagbo

Laurent Gbagbo a été évincé du pouvoir le 11 avril 2011 puis déporté à Odienné avant d’être écroué par la suite dans les geôles de La Haye. Alors que son procès s’ouvre le 28 janvier prochain et que tous les yeux sont rivés sur l’issue de celui-ci, le FPI se meurt. Le parti de l’ex-chef de l’État ivoirien est au bord de l’implosion voire de la disparition. Décryptage.

Laurent Gbagbo ancien chef etat president ivoiriens cpi

Gbagbo assiste de loin à la mort du FPI.

Gbagbo est à mille lieues de sa Côte d’Ivoire natale, le coeur certainement peiné. Mais les informations qui concernent sa patrie remontent jusqu’à lui, c’est du moins ce qu’affirment ses visiteurs. Le chef charismatique du socialisme en Côte d’Ivoire n’est plus qu’un simple prisonnier loin des siens. Le feu couvait sous la braise depuis un certain temps dans son camp, celui-ci s’est depuis déclaré et a réduit en cendre une bonne partie de la structure du FPI. La faute à des héritiers présomptifs un peu trop nombreux qui ont chacun cherché à récupérer une partie du mouvement en foulant au pied les règles qui régissent son fonctionnement.

Nous ne sommes pas dans une monarchie où le passage de témoin se fait de façon tacite. Ces nouveaux leaders autoproclamés tirent leur légitimité des foules qu’ils arrivent à drainer et des alliés qu’ils comptent dans leurs carnets d’adresses respectifs. Le temps est passé et la configuration actuelle du régime de la Refondation en dit long. D’un côté, Pascal Affi N’Guessan s’appuie sur la légalité pour justifier son titre de Président du parti, et de l’autre côté, Aboudramane Sangaré qui se fonde sur la légitimité en tant que le plus vieux collaborateur du « Woody de Mama » (pour parler de Gbagbo) pour présider aux destinées du FPI. Qui sont-ils vraiment ?

Pascal Affi N’Guessan veut changer la donne

Pascal Affi N’Guessan a pris la tête du FPI dès juillet 2001, soit moins d’un an après l’accession à la magistrature suprême de Laurent Gbagbo en octobre 2000. L’ancien président en fera d’ailleurs son premier chef du gouvernement. Âgé de 63 ans, l’enfant deBouadikro, une sous-préfecture de Bongouanou (à l’Est de la Côte d’Ivoire), rejoindra les rangs de son actuelle formation politique au milieu des années 80, soit quelques années après sa création.

Incarcéré à Bouna après la chute du « chef » en même temps que plusieurs de ses camarades au sein de sa famille politique tels que Michel Gbagbo (le fils de l’autre), l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Philippe Henri Dacoury-Tabley, il bénéficiera d’une remise en liberté en août 2013. Une fois dehors, Affi N’Guessan prônera la participation du parti à la vie politique et veut se positionner comme le chef de file de l’opposition. Il entraînera dans son sillage Marcel Gossio, anciennement Directeur général du Port Autonome d’Abidjan, Alcide Djédjé (ex-Ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’ONU), Agnès Monnet (ex-patronne de l’agence nationale de la Francophonie) et bien d’autres encore.

Après une bataille devant les tribunaux ivoiriens portant sur la gestion du FPI qui l’opposait au groupe mené par Aboudramane Sangaré, lequel le soupçonne d’avoir troqué la lutte contre sa liberté, M. Affi en sortira grand vainqueur et se présentera même à l’élection présidentielle du 25 octobre dernier où il obtiendra seulement 9% des suffrages exprimés. Très souvent associé au dialogue politique entre le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattaraet l’opposition, il a été reçu en audience il y a moins d’une semaine au palais présidentiel. Contesté par une partie de sa famille politique, il avance malgré tout, sans préalable, sur sa lancée en brandissant chaque fois la carte de la légalité qu’il incarne, selon la justice ivoirienne.

Aboudramane Sangaré représente la vieille garde.

Aboudramane Sangaré est avant tout un partisan du « Gbagbo ou rien ». Considéré comme l’un des gardiens du temple au regard de sa fidélité jusque-là inébranlable vis-à-vis du« chef », « le vieux briscard » tient la barre et dit faire ce qu’aurait décidé Laurent Gbagbo s’il était en liberté. Membre fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI) à l’instar des ministres Assoa Adou, et Émile Boga Doudou (assassiné le 19 septembre 2002), et l’ex-première dame, Simone Ehivet Gbagbo, il bénéficie du soutien des « faucons du parti » et de la grande majorité des militants. Avec Hubert Oulaye (actuellement incarcéré), Laurent Akoun, Marie-Odette Lorougnon, la présidente de l’OFPI, la puissante fédération des femmes du parti, il se refuse à tout dialogue sans la mise en liberté de ses compagnons abusivement incarcérés, selon lui.

Selon Aboudramane Sangaré et ses camarades, déboutés par la justice ivoirienne qui leur a interdit de faire usage des logos du FPI, la seule condition pour un retour à la table de négociation de la rampe de lancement du socialisme en Côte d’Ivoire, c’est la libération de Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques. Ils ont appelé au boycott du dernier scrutin présidentiel qu’ils ont qualifié de comédie électorale tant les conditions pour une élection transparente, libre, démocratique et donc crédible étaient absentes du processus.

C’est donc deux idéologies diamétralement opposées qui guident le FPI. Chaque partie considère l’autre comme un paria et campe sur sa position. De toute évidence, on pourrait dire que le Président Ouattara a réussi un gros coup que celui d’avoir réussi à installer la chienlit au FPI avec le concours de ses dirigeants. Le parti de Laurent Gbagbo se cherche une âme depuis le départ de son leader charismatique au quartier pénitentiaire de la Cour Pénale Internationale (CPI). Il n’y a plus de véritable organisation et la base se trouve livrée à elle-même. Le parti est à la traîne et se cantonne à mettre en avant ses intérêts personnels ponctués par les luttes de classes (les fondateurs contre les révolutionnaires).Où va le Front Populaire Ivoirien ? La question reste posée. En attendant, Gbagbo est à La Haye et ses héritiers se battent toujours pour affirmer leur leadership en interne.

Comme souvent, les mouvements des grands leaders africains ne résistent pas à leur absence. Les Sankaristes au Burkina Faso le montrent plus que bien.

 

Source: afrique-sur7

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