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CORRIDOR NIAMEY A OUAGADOUGOU : Les 1000 F CFA de la discorde

De Niamey à Kantchari (frontière nigérienne) et de Kantchari à Cinkansé (dernier poste à l’entrée de Ouaga, c’est le cauchemar pour les passagers. A chaque poste, les « passagers illégaux » déboursent 1000 F CFA sans quittance.

uemoa logo effigie embleme cedeao

L’une des mesures prises par l’Uémoa dans le cadre de l’atteinte de ses objectifs est l’instauration de la libre circulation des citoyens de l’espace et de leurs biens. La Cedéao avait également mis en place un Observatoire des pratiques illicites aux frontières. Tout ceux-ci semblent ne pas avoir donné des fruits.

Entre Niamey et Ouaga, circuler est un chemin de croix pour les citoyens, du fait des « PDG », Police-Douane-Gendarmerie. Le 22 juillet 2017, je prends un bus d’une compagnie internationale qui dessert la sous-région afin, de Niamey, rallier Ouagadougou, la capitale Burkinabé par route.

Après une heure de trajet, le bus s’immobilise à l’unique poste entre le Niger et le Burkina. Le bus, à peine immobilisé, un policier prend position à la porte que le chauffeur venait d’ouvrir. A la demande du convoyeur, les passagers commencent à descendre, en présentant à tour de rôle les titres de voyage au policier. Dans un environnement sous-régional d’insécurité, on se féliciterait même de ce contrôle.

Dans le bus, le contrôle a concerné tout le monde excepté les nourrissons et les enfants accompagnés de leurs parents. Cinq minutes ont suffi à l’agent nigérien de récupérer les documents de voyage de l’ensemble des passagers du bus. Il s’est dirigé dans le bureau du poste de police.

Quelques instants, le même agent procède à l’appel des passagers. Il remet à six passagers de nationalité nigérienne leurs documents. Les autres passagers « non-nigériens » même en règle, doivent débourser chacun 1000 F CFA pour rentrer en possession de leur document, cela, sans reçu !

Ne voulant pas payer, nous présentons l’ordre de mission à l’agent, qui, d’un regard plein de réprobations, nous indique un bureau. J’y pénètre. Un bureau exigu. Une table brinquebalante menace de s’écrouler sous le poids des passeports en attente d’être visés.

« Bonjour chef ! », « Oui Bonjour ». L’agent lève la tête et me demande : « Oui Monsieur ! ». Je réponds : « J’ai un ordre de mission et ma carte d’identité ». Il répond : «  De quel pays ? ». « Du Mali ». Je dépose mes documents sur la table et sors du bureau. Quelques instants, un autre agent se dirige vers moi et me remet mes documents. Ma curiosité me pousse à demander à un passager détenteur de passeport les raisons de cette raquette. « Les détenteurs de passeports ne payent rien. Ils possèdent un document de voyage sous-régional. Prochainement, munis toi d’un passeport, c’est mieux ».

Pendant ce temps, deux jeunes discutaient en aparté. Leurs conversations interpellent directement les responsables de l’Uémoa. «  Je ne comprends pas. J’ai ma carte d’identité et ma carte de vaccination à jour et on m’exige de payer 1000 F sans reçu ». Et l’autre de lui répondre : «  Hé ! Mon type, si tu ne veux pas être retenu ici et avoir des problèmes, fais ce qu’il te demande. Cette histoire de lever des barrières dans l’espace Uémoa est pour moi une utopie. C’est dans ça que les chefs mangent ».

Nous voici dans le bus après avoir passé 45 minutes au poste frontalier. Une Nigérienne, bien qu’exemptée du paiement des 1000 F CFA se pose la question. « Pourquoi les passagers doivent toujours continuer à payer de l’argent ? ». Et de répondre elle-même à son interrogation. « Il faut que les gens refusent de payer pour obliger les forces de l’ordre à appliquer les directives de l’Uémoa ».

Tu payes 1000 F CFA ou tu descends du Bus

Notre arrivée à la frontière du Burkina-Faso, à Kantchari a coïncidé avec un vent violent. A la différence du poste frontalier au Niger, les agents burkinabés se contentent de vérifier l’identité des passagers. Sous le vent violent de poussière, deux agents procèdent à la vérification des documents de voyage à notre descente du bus. Ils appellent un à un. Et dit la nationalité du passager à son second qui prend note sur une feuille. Les « réguliers » passent sans problèmes. Dans le bus, une dizaine de passagers n’étaient pas en règle. Un agent leur demande de le suivre. Arrivé devant le poste et pendant qu’on est pressé de reprendre la route, c’est une vendeuse de chaussures en cuir, une jolie jeune fille qui demande à l’agent de venir voir sa marchandise. Il oublie les dix passagers et se met à causer avec la petite qui lui demande d’appeler les autres agents. Après cinq minutes de bavardages, voici les passagers de retour, après s’être acquittés des … 1000 F CFA, sans reçu, encore !

De Kantchari (frontière Burkina Niger) à la rentrée de Ouagadougou, distant environ de 400 km, il y a plus de dix postes de contrôle. Le même scenario de paiement de 1000 F et de contrôle intempestif s’est reproduit.

Dans un poste, un jeune qui a refusé de payer les 1000 F CFA a été retenu par les agents. Le bus est parti sans lui. Assis à coté de l’apprenti, je demande ce qui est arrivé pour que le jeune rate le bus. Il a répondu : « il a refusé de payer les 1000 F CFA. Je lui ai demandé de payer, sinon l’agent va le retenir ». « Est-ce normal que vous partez sans lui ? ». « Ça va lui apprendre. Il saura que ce qui est dans les papiers et ce qui se passe sur le terrain est différent », s’est contenté de dire le chauffeur.

La seule grande interrogation est de savoir si les agents de nos pays respectifs sont au même niveau d’information sur l’application des directives communautaires de libre circulation des personnes et de leurs biens. Les autorités de l’Uémoa et de la Cédéao, après avoir constaté la réalité sur le terrain, que font-elles ?

Amadou Sidibé

(depuis Ouagadougou)

 

Source: lesechos

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