L’Afrique comptait, ce jeudi 23 avril, 26 144 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 247 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Sept mille trente-trois malades sont guéris. L’Afrique du Nord est la région la plus touchée. L’Égypte et l’Afrique du Sud sont les deux pays qui comptent le plus de cas recensés.
Le ramadan devrait commencer ce vendredi ou samedi, en fonction du croissant lunaire. Mais cette année, ce mois de jeûne et de ferveur s’annonce plus compliqué que d’habitude pour des millions de musulmans à travers le continent, à cause du coronavirus. Au Mali, les dispositifs mis en place pour endiguer la propagation de la maladie entraînent une forte hausse des prix, surtout dans le nord du pays. Ainsi, à Kidal ou à Gao, les échanges ont ralenti en raison de la fermeture des frontières, et les prix ont bondi.
Par ailleurs, depuis l’annonce de l’état d’urgence sanitaire fin mars, les tarifs de certains produits ont plus que doublé, ce que déplore l’association malienne des consommateurs. Le ramadan s’annonce d’autant plus difficile que les autorités maliennes ont demandé d’éviter les rassemblements. Mais les mosquées resteront ouvertes. Le Mali dénombre ce jeudi 293 cas déclarés et 17 morts depuis le début de la pandémie.
Au Sénégal, en revanche, les lieux de culte seront fermés, dans un pays qui compte 95% de musulmans. Un ramadan là-aussi difficile économiquement pour la population, alors que ce mois sacré correspond d’ordinaire à une très forte hausse de la consommation des ménages. Les prix des denrées alimentaires et des transports ont augmenté, la crainte de pénuries se fait sentir… Pas de place non plus pour la fête et la convivialité, puisque un couvre-feu est de mise de 20h à 6h du matin, et que les déplacements et rassemblements familiaux sont proscrits. Le Sénégal ne décompte cependant aucun nouveau décès de Covid-19 ce jeudi (479 cas, 6 morts).
La ville de Ouagadougou placée en quarantaine, mosquées, marchés fermés, le jeûne du ramadan qui commence ce vendredi va se dérouler dans un contexte très particulier au Burkina Faso. Cette année, les musulmans devront développer plusieurs initiatives pour accomplir ce quatrième pilier de l’islam. Dans les familles, l’on se contentera du minimum nécessaire. Les tables ne seront plus garnies de plats comme les années précédentes. Dans certaines mosquées, déjà des chaînes de solidarité se mettent en place pour venir en aide aux familles qui rencontreront des difficultés suite aux mesures liées à la lutte contre la maladie du coronavirus.Mahamady Ouédraogo, l’assure : sa table ne sera pas garnie de nourriture cette année. Les restrictions et les difficultés économiques imposent une limitation des dépenses: «Et dans le contexte au Burkina, les vivres ne circulent plus comme avant. Les beignets qu’on avait au bord de la route, cette année, ce n’est pas évident qu’on en aura. C’est l’Arabie saoudite qui nous a envoyé beaucoup de dattes. Nos commerçants n’ont pas pu faire les allées et venues.»
Reportage, le Burkina Faso se prépare à un ramadan pas comme les autre
Un ramadan sous confinement également à la Une de la revue de presse Afriquede RFI.Si l’Organisation mondiale de la santé en appelle au sens des responsabilités des fidèles musulmans, la défiance règne par endroits. Notamment au Mali, où les mosquées bravent la pandémie en continuant à accueillir des fidèles.
Le mot de la fin sur ce ramadan en confinement revient comme souvent à Mamane qui, dans sa chronique du jour, a préféré ironiser sur la hausse des prix avant le mois de jeûne : « Le mois saint du ramadan, tout augmente, surtout le trou dans ton portefeuille. Tu as l’impression que c’est lui qui fait ramadan et pas toi. Comme il y a la saison des mangues, des oranges, la saison des virus, ben… Il y a la saison des prix qui montent ».En cette fin de journée de jeudi, aux abords du grand marché de Ndjamena de nombreux clients procèdent aux derniers achats grâce au salaire du mois d’avril versé la veille. Comme d’habitude, l’inflation est au rendez-vous: «Tout est cher. Il faut que l’État intervienne pour nous donner le prix des denrées alimentaires sur le marché. Si non on frôle la catastrophe. Ça va être difficile.»
La population nigérienne gagne trois heures de sorties autorisées. Depuis l’instauration du couvre-feu et l’interdiction des prières collectives, le pays est secoué par des émeutes. Pour répondre au mécontentement, le gouvernement nigérien a décidé d’assouplir le couvre-feu : depuis deux semaines, il était de mise de 19h à 6h. Désormais, il débutera plus tard le soir et s’arrêtera plus tôt le matin, de 21h à 5h (20h TU à 4h TU).
Source: Rfi.fr