Depuis son irruption au Mali, le 25 mars dernier, la société civile est mobilisée pour empêcher la progression de la pandémie de coronavirus. Parmi ces organisations, figure le collectif Riposte 223 Covid-19, qui fait dans les hôpitaux et centres de proximité des dons composés de kits à destination du personnel sanitaire.  

Malgré que nous soyons samedi, un jour ouvré mais qui n’est pas habituellement travaillé, la devanture de la maternité de Korofina Nord, en commune I du district de Bamako, ne désemplit pas. Il est 10 heures. Une centaine de motos au parking  témoigne de l’affluence dans le Centre de santé. À l’entrée, un dispositif de lavage des mains y est installé. Il faut non seulement se laver les mains avec du savon, mais aussi se soumettre à une prise de température avant d’entrer dans le centre de santé.

Les yeux hagards, les malades et leurs accompagnants sont entremêlés. Certains se reposent a même le sol. Impossible de respecter les gestes barrières, confie une sage-femme qui dit craindre chaque jour de retourner à la maison contaminée par le virus.

Le personnel soignant en première ligne

Au Mali, comme dans tous les pays affectés par la pandémie de coronavirus, le personnel sanitaire est non seulement en première ligne dans la lutte contre la maladie mais aussi le plus explosé. « C’est pourquoi nous avons décidé d’orienter notre appui vers les structures sanitaires. Elles sont en première ligne dans cette lutte contre la propagation du coronavirus », confie Sékou Keïta, membre du collectif Riposte 223 Covid-19.

Depuis quelques semaines, ce collectif distribue des dons composés de kits sanitaires dans différents hôpitaux de Bamako. Ses membres décrivent le collectif, « composé d’hommes et de femmes venus d’horizons divers », comme « une initiative citoyenne spontanée qui entend contribuer à la réponse collective face à la propagation de la pandémie de coronavirus. » Parmi les hôpitaux ayant reçu des dons, figure le Centre hospitalier universitaire de Point G, l’Institut Marchoux, etc.

La deuxième phase des dons vise les centres de proximité, à savoir les Centre de santé de référence et les Associations de santé communautaire touchés par le manque de moyens, notamment des matériels de protection. Le samedi 11 avril, le collectif était au Centre de santé de référence de Korofina Nord, en commune I du district de Bamako, pour faire un don estimé à 650 000 francs CFA, composé des produits essentiels tels que le gel hydro-alcoolique, le savon, les gans médicaux, les masques. Ces kits sont indispensables pour se protéger de la maladie. Depuis le début de cette crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, ils sont devenus rares sur le marché.

Selon Diakaridia Koné, médecin-chef du Centre de santé, ce don est un vrai soulagement pour le personnel soignant. « Les responsables des différents hôpitaux que nous avons jusque-là aidés nous ont toujours témoigné leur gratitude »,  explique Raki Thiam membre de Riposte 223 Covid-19.

« L’État seul ne peut pas »

Pour faire face à cette pandémie aux conséquences multiples, « l’État seul ne peut pas, il faut que chaque citoyen se mobilise. », ajoute Cheick Diallo, également membre du collectif. Un message que tient à appuyer le médecin-chef Diakaridia Koné : « Chaque citoyen peut faire quelque chose et doit le faire ». Pour Siham Haïdara, membre du collectif, « le Covid-19 est une réalité et il s’attaque à tout le monde ». Aussi, a-t-elle appelé au respect des gestes barrières, à surveiller la fréquentation des enfants. Un message de sensibilisation utile dans le contexte où certains ne croient toujours pas à l’existence du Covid-19.

Au regard de la propagation de la maladie, il urge de mobiliser les grands moyens pour sensibiliser la population afin de limiter les dégâts. « Il y a beaucoup de personnes qui pensent que la maladie n’existe pas et, de peur d’être déclarés positifs au Covid-19, ne fréquentent plus comme avant les aires de santé », explique Chiaka Traoré, venu accompagner son enfant pour un pansement. Dans son adresse à la nation, le vendredi 10 avril, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a appelé à la raison les plus sceptiques sur l’existence de la maladie dans notre pays : « Fiston, reviens sur terre, ce mal existe et a fait des dégâts…»

Après Korofina Nord, les membres du collectif ont mis le cap sur l’Association de santé communautaire de Doumanzana, en commune I du district de Bamako, pour y faire un don destiné également au personnel sanitaire.

Source: benbere