La coopération entre le Mali et la Russie date du temps de l’Union soviétique. Dès son accession à l’indépendance, le Mali se tourne vers l’URSS et des relations sont tissées dans plusieurs domaines. Même si elles ont stagné dans les années 70, les fruits de la continuité de ces relations entre les deux pays sont encore perceptibles.
Dès l’accession du Mali à l’indépendance, en 1960, des relations sont établies avec l’URSS. Le Président Modibo Keita avait alors instauré un régime socialiste. Lorsque le dernier soldat français quitte le sol malien, le 20 janvier 1961, une ambassade soviétique est ouverte le 26 janvier de la même année à Bamako. Quelques mois après intervient la signature des premiers accords de coopération. Elle se traduit surtout dans le domaine de la formation et de l’équipement militaires. La plupart des pilotes maliens ont reçu leur formation à Kiev. « 60% des cadres de l’armée malienne ont été formés en Russie », selon Perignama Sylla, du parti BARA, architecte de formation.
Le 25 juin 2019, la Russie et le Mali ont conclu un accord de coopération militaire qu’ont signé leurs ministres de la Défense respectifs, Sergueï Choigou et Ibrahim Dahirou Demblé, en marge du forum Armée 2019, aux alentours de Moscou. Un traité qui faisait suite à la visite de Tiebilé Dramé, ministre malien des Affaires étrangères, dans la capitale russe, le 10 juin. Ce renforcement de la coopération intervient alors que le pays traverse une crise sécuritaire sans précédent.
Si avec le général Moussa Traoré les relations vont stagner au profit de la France, la Russie continuera d’appuyer le Mali dans divers domaines, comme l’octroi de bourses de formations, entre autres.
Aujourd’hui, des voies s’élèvent pour plaider pour une coopération renforcée avec l’allié des premières heures. Mais les temps ont changé. « L’ambition de certains aujourd’hui serait que la Russie se substitue à la France. Les moins avertis en relations internationales vont jusqu’à demander la venue de la Russie sous la même forme que la France est présente au Mali », constate Woyo Konaté, Docteur en philosophie politique et enseignant à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako. Selon lui, les dirigeants de 1960 avaient choisi l’option socialiste au détriment de la vision française capitaliste. Mais après la chute du Mur de Berlin, les rivalités entre blocs communiste et capitaliste ont pris fin. « Sur l’échiquier international, ils sont tous capitalistes aujourd’hui, même si certains ont plus d’humanité que d’autres », estime-t-il.
Même si la Russie s’intéresse à la situation au Mali, elle reste prudente et ne s’affiche pas trop dans ce qui est considéré comme le « pré carré » français.
Acherif Ag Ismaguel
Journal du mali