Elle traite des droits et devoirs des journalistes, de leurs conditions de travail, des contrats et salaires
Le Syndicat national des journalistes reporters du Mali (SYJOR) a organisé mercredi, à la Maison de la presse, une conférence-débat sur le thème « la Convention collective et droit de la presse au Mali ». La conférence était animée par Ousmane Bamba, juriste, spécialiste des TIC et directeur de publication du journal « Infosept ». Elle s’est déroulée en présence de Alassane Souleymane, conseiller technique au ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, du président de l’Union nationale des journalistes du Mali (UNAJOM), Ibrahim Famakan Coulibaly, l’un des artisans de l’élaboration de la convention en tant que président à l’époque de l’UJAO (Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest), du président de la Maison de la presse, Dramane Aliou Koné, et du secrétaire général du SYJOR, notre collègue Baye Coulibaly.
La conférence a entrepris d’édifier les journalistes sur le contenu de la Convention collective de la presse, en termes de droits comme de devoirs. Ce document de 36 pages, élaboré et adopté depuis 2009, n’est malheureusement appliqué par aucun organe de la presse privée au Mali. Les journalistes des médias publics (ORTM et AMAP) sont actuellement gérés soit par le statut particulier de la Fonction publique soit par la Convention collective de commerce.
La Convention collective de la presse traite la profession dans toutes ses dimensions. Elle liste les droits et devoirs des journalistes, fournit des informations sur les conditions de travail, notamment le contrat de travail, les salaires.
« Notre profession est agitée par un débat avec en toile de fond la précarité et le non respect des règles de la presse. Cela a été tout récemment évoqué par le président de la République lors de la cérémonie de présentation de vœux à la presse. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’intervenants, journalistes, lecteurs ou auditeurs, relèvent que l’image des journalistes que nous sommes est actuellement ternie par des manquements graves à l’éthique et à la déontologie », regrette le secrétaire général du SYJOR. Ces tares, s’expliquent en grande partie par le manque de formation et d’une convention collective fixant les règles de la profession, a estimé Baye Coulibaly.
L’application de la Convention collective peut, de son point de vue, permettre à la presse malienne, en général, et aux journalistes, en particulier, de faire face au défi de la précarité et de la sécurité sociale, mais également promouvoir l’émergence d’une presse indépendante grâce à des journalistes indépendants et professionnels.
« L’application de la convention collective de la presse est impérative si nous voulons une presse professionnelle et constructive », insiste le président du SYJOR. Baye Coulibaly dénonce, par ailleurs, le fait que plus de vingt ans après la libéralisation de l’espace médiatique, il n’y a pas une seule école publique de journalisme (opérationnelle) au Mali contrairement à la plupart des pays voisins. « S’il est vrai que la presse est un élément incontournable dans le développement et qu’elle est le quatrième pouvoir, la question d’une formation diplômante ou continue des acteurs qui l’animent doit être au cœur des préoccupations », soutient Baye Coulibaly.
Il est grand temps de combler ces lacunes. Cela interpelle l’Etat, les partenaires de notre pays dont la plupart ont abandonné le terrain de la formation des journalistes, et surtout les journalistes eux-mêmes qui doivent avoir le souci de la performance.
Si l’application de la Convention collective de la presse est une condition incontournable à l’amélioration des conditions de travail et de vie des professionnels des médias, cette convention ferme aussi la porte à beaucoup d’aventuriers (patrons et journalistes) car le document fixe des conditions d’exercice très contraignantes mais indispensables pour redorer le blason du journalisme.
Ousmane Bamba a, lui, déploré le manque dans nos rédactions de bibliothèque où l’on pourrait trouver les textes régissant la presse au Mali. C’est le régime de la déclaration qui régit la création d’un organe de presse, a-t-il précisé en remarquant que la profession exige en l’occurrence deux droits : patrimonial et moral. Ousmane Bamba a regretté le fait que la convention collective reste largement méconnue par les professionnels du métier.
Pour illustrer les arguments avancés par les uns et les autres, Alassane Souleymane a fait ressortir des avantages de l’application de la Convention collective de la presse au Sénégal. Il a conseillé à tous les acteurs de s’unir, réfléchir ensemble afin d’exercer la profession dans le respect des prescriptions déontologiques et légales.
S. TANGARA
source : L Essor