Le Maouloud approche et le Maouloud de Tombouctou doit se situer en droite ligne des éditions spéciales et spécifiquement celui au cours duquel Kaddafi a organisé la grande prière. Il y avait là 45 000 visiteurs en une semaine, un véritable tourisme religieux qui doit être perpétué.
Le Maouloud de Tombouctou doit dépasser le Magal de Touba, à condition d’y croire, d’y travailler. La coquetterie d’une ville ne doit pas être circonstancielle, mais une pratique de tous les jours. L’initiateur de la célébration sous cette forme est bien l’Algérien Aboul Qasim al Tuwati et nous pouvons en tirer parti. Le maire de Tombouctou a rang de chef d’Etat et l’hôtel de ville peut et doit être un palais de verre. Nous avons suffisamment de richesses, de potentialités, d’arguments pour célébrer le Qoreïshy, le Hashimy, miséricorde pour l’humanité. Jadis la fête du Maouloud à Tombouctou était une mobilisation totale de tous les corps de métier, de toutes les corporations.
C’était la fête de l’artisanat avec broderies traditionnelles, wakia foo, wakia foo nda jere, wakia tayn, arbawaaku, sittawaaku, les parures colonie, bomo toono kanji, mushi fur, les tresses laaraw et koyra goofa et j’en passe, c’est aussi la fête de l’art culinaire. C’est au cours du Maouloud que les cordons bleus peuvent proposer 11 mets à base de blé et pour changer un douzième SINASSAR, déformation de isna ashar (12ème) à base de riz. Le Maouloud est aussi l’expression de l’enseignement du Prophète, ses recommandations.
Il s’agit de vivre dans un environnement sain, manger des choses saines, travailler, s’aimer, renforcer les liens de parenté, la cohésion sociale, le vivre – ensemble. Le travail demeure une vertu, la recherche de la connaissance un devoir. Tombouctou a brillé par l’apport de savants qui ont apporté la lumière et dissipé les ténèbres. Autant de raisons qui doivent nous amener à déployer des efforts pour internationaliser le Maouloud de Tombouctou. Depuis 2015 cijikur – cijikur ou la mélodie des panégyriques du Prophète à travers les langues vernaculaires s’organise. L’année dernière d’autres acteurs ont contribué à en rehausser l’éclat.
Je veux parler de la dynamique association des ressortissants pour le développement de Tombouctou (ARDCT), Yahia cheickna qui rêve d’un Maouloud plus grandiose, Alkaya Touré avec son exposition photos. Il a donc été créé une association ouverte à tous les acteurs du Maouloud RÉCEPTACLE MAOULOUD ou AMT (Association Maouloud de Tombouctou). Cette structure reste ouverte aux shaykh al maddah, aux imams, aux membres des associations musulmanes (HCIR, ASDEC, UJMA, LIMAMA), aux jeunes, aux femmes.
Le Maouloud de Tombouctou a bien des atouts pour être classé au patrimoine immatériel islamique mondial. Nous avons bien des potentialités, des atouts qu’il faut reconnaître, valoriser et promouvoir. Pour revenir à la célébration elle ne doit pas se faire au milieu des eaux usées, des déchets plastiques, dans un environnement de chiens errants en meutes ou en hordes. Elle ne doit pas se célébrer dans l’occupation anarchique des rues, des cimetières, des devantures des écoles, dans le bruit infernal des Djakartas folles, dans la puanteur, dans le danger des camions de l’encombrement, dans la rage des klaxons.
Nous sommes interpelés, nous avons le devoir de sauver ces trésors matériels et immatériels. Les mots saint, mausolée, architecture en terre, broderie traditionnelle ne doivent pas être de vains mots. Nous avons obligation de lutter contre les antivaleurs, redonner aux mosquées leur sacralité, aux cimetières leur tranquillité, aux mausolées leur calme, aux saints leur notoriété. Le monde entier nous regarde parce – que ces 10 lettres TOMBOUCTOU, ont encore une valeur, un contenu pour les autres. Pourquoi serons ceux qui le nient ? Allez savoir !
Sane Chirifi, notable de Tombouctou
Source: 22 Septembre