L’agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA) a organisé, ce mercredi 21 novembre 2018 dans ses locaux au Quartier du Fleuve, un atelier de deux jours de restitution des résultats de l’étude de l’alimentation totale en Afrique sub-saharienne. L’ouverture des travaux était présidée par le Dr. Mama Koumaré, secrétaire général du ministère de la santé et de l’hygiène publique en présence du Dr. Diakité Oumou Soumana MAIGA, directrice générale de l’ANSSA ; de M. Amadou Allahoury Diallo, représentant de la FAO ; des responsables de services rattachés ainsi que des participants.
L’étude engagée vise à évaluer les risques sanitaires des aliments, afin de prévenir la santé de la population. Un espace exposition avait été ouvert dans quatre pays d’Afrique sub-saharienne, le Mali, le Benin, le Cameroun et le Nigeria. C’est le Centre Pasteur (un établissement public) du Cameroun qui a été désigné coordinateur de ces études sur les contaminants chimiques par voie alimentaire.
Dans son intervention, le Dr. Mama Koumaré a indiqué que l’accès à des aliments nutritionnels appropriés et sans danger est un droit universel reconnu, lors de la conférence internationale sur la nutrition en 1992 et réaffirmé lors de la déclaration du sommet mondial de l’alimentation, à Rome en novembre 1996. Selon une étude réalisée par l’OMS en 2015, sur le plan mondial, la mortalité d’origine alimentaire est évaluée à près de 420 000 cas de décès par an, dont principalement des enfants de moins de cinq ans et des personnes vivant dans les sous-régions à faible revenu, notamment en Afrique et en Asie du Sud-est. Selon le secrétaire général du ministère de la santé, de nouvelles menaces apparaissent régulièrement au Mali en particulier et en Afrique subsaharienne, du fait de nombreux facteurs parmi lesquels la mondialisation des échanges, l’intensification et l’industrialisation de l’agriculture et de la production animale ; les effets du changement climatique, le développement de la résistance aux antimicrobiens. Pour le Dr. Mama Koumaré, à ceux-ci s’ajoutent les contaminations aux Aflatoxines qui sont des toxines dangereuses, affectant nos produits de consommation de base, notamment l’arachide, le maïs, le sorgho, le riz, la farine, le blé, le manioc, le sésame, le fonio…
Pour sa part, M. Amadou Allahoury Diallo, représentant de la FAO, précise que son organisation estime à 600 millions par an les cas de maladies d’origine alimentaire. Selon lui, ces aliments impropres à la consommation représentent une menace pour la santé humaine et les économies et touchent de manière disproportionnée les personnes vulnérables et marginales, notamment les femmes, les enfants, les populations en proie à des conflits et les migrants. Pour le représentant de la FAO, les différentes crises alimentaires autour de la maladie de la vache folle, la grippe aviaire, la dioxine, la mélamine et les aflatoxines illustrent les conséquences à la fois sanitaires et économiques qui peuvent résulter de la production et de la consommation de denrées alimentaires contaminées, frelatées ou malsaines. Evoquant le cas du Mali, M. Amadou Allahoury Diallo indique que les coûts humains des maladies, imputables à la consommation de l’eau et des aliments contaminés, ont été élevés ces dernières années.
Pour sa part, la directrice générale de l’ANSSA, Dr. Diakité Oumou Soumana Maïga, précise que cet atelier est une suite logique d’une restitution internationale et permet aux pays de détecter les dysfonctionnements qui sont au niveau des aliments. Pour la patronne de l’ANSSA, cela va permettre à tous les départements (la santé, l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’industrie, le commerce) et même les chercheurs de pouvoir fédérer les efforts et déterminer les filières importantes menacées. La directrice générale de l’ANSSA avertit que certaines filières menacent les consommateurs, dont par exemple celle du poisson fumé, une denrée qui est contaminée à un taux très élevé. Il en est de même de l’«Aflatoxine» qui contamine, depuis déjà la production, l’arachide, le riz, le mil, le maïs. Dr. Diakité Oumou Soumana Maïga assure ainsi que 30% des cas de cancer sont dû à l’aflatoxine, en sus d’autres types d’empoisonnement. Signalons que la troupe Balemaya en langue Senoufo « Tiènborga » a fait une prestation avec le balafon lors de la cérémonie d’ouverture de cet atelier.
Durant ces deux jours, les acteurs détermineront des actions à mener pour préserver la population des différentes formes d’intoxication des aliments
SABA BALLO
Info-matin