Un Peuple, un But, une Foi, est bien la devise qui a été adoptée dès l’indépendance pour affirmer qu’il n y a pas de peuple de Nord ni de Sud au Mali, mais qu’un seul peuple. Or depuis le déclenchement des négociations d’Alger, les peuples du Sud ont été mal impliqués dans le processus. Ces élus locaux n’ont été impliqués à aucune négociation par rapport à ce processus de paix et de réconciliation d’Alger. Alors que des associations du Nord comme le Coren en ont pris part.
Ainsi, depuis le début, les chefs des villages du Sud ne se sont jamais réunis, même une fois, pour parler à l’Amenokal de Kidal. Est-ce parce que dans la démarche des Etats nations importés, ces pouvoirs sont caducs et n’ont pas leur place ? Pourtant, avec l’association « Ginna Dogon », des rencontres ont été tenues et des résultats positifs obtenus même si l’Etat n’a pas d’espace politique pour traduire ces résolutions en actes concrets.
La paix est une pensée qui se réalise en comportement comme l’Etat nation est une construction sociologique avant d’être un espace de vie des humains. Alors les gens du Nord et du Sud étaient un seul peuple dans la diversité culturelle, mais qu’a-t-on fait pour exploiter ce gisement de paix qui est notre culture multiséculaire pour impliquer de façon spécifique les espaces sociologiques des peuples du Sud, rien de rien ! Et vous voulez réussir dans la construction d’une paix durable ainsi ?
Impliquer les espaces sociologiques ne conduit pas ipso facto à des replis identitaires, mais peut produire des effets positifs de réconciliation et de rapprochement. Oui on va me dire que l’Etat est neutre, mais il faut aller savoir qu’il y a des pays comme l’Ethiopie dont les Etats fédéraux sont globalement basés sur les peuples (« ethnies ») et qu’à long terme les fractures iront au-delà de la décentralisation approfondie. Il faut un Etat central fort surtout socio politiquement pour une décentralisation forte et efficace qui évite les sécessions.
Si vous laissez votre culture de côté, vous êtes à côté de la place messieurs les leaders politiques. Le Nord du Mali à un nom au Sud du Mali, il s’appelle « koron », et Dieu seul sait ce qui est mis dans le contenu de « koron », habité par des frères ? Des amis ? Des bandits ? Des gens du sable ? Alors il est bon de savoir les positions sociologiques des peuples du Sud pour construire le pays.
Les projets de développement au Nord ont presque tous échoué car, très peu adaptés aux habitudes de production du Nord. Vous ne pouvez pas rendre sédentaire, un peuple nomade par coup de baguette magique. Et en cas d’échec les qualifier souvent de peuples paresseux.
Voilà pourquoi nous devons étudier nos peuples du Nord au Sud en vue de construire un Mali nouveau capable de résister aux effets de la globalisation des dominants. Ces faits on ne les apprend pas dans les universités du Nord d’outre-mer, mais dans les universités d’en bas vers les vestibules ; mêmes si celles-ci commencent à s’effriter avec l’onde de choc comme rouleau compresseur.
Faites une enquête au Sud sur l’application de l’accord de paix au Mali, vous verrez qu’une des réponses centrales serait la faible implication des peuples du Sud dans les processus de négociations. Le risque de voir la séparation noir et blanc au Mali semble être grand dans la mesure où dans le subconscient des uns et des autres, les couleurs de la peau s’entrechoquent.
Quels sont les espaces sociologiques et politiques à impliquer au Sud ?
– Les conseils régionaux des chefs de villages (à créer);
– Les conseils régionaux de la jeunesse rurale (à créer);
– Associations des Régions du Mali (existes);
– Associations des cercles du Mali (existes);
– Associations des municipalités du Mali (existes) ;
– Les associations socioprofessionnelles traditionnelles (chasseurs, chanteurs, conteurs, griots…);
– Les associations légitimes des femmes (à créer);
Quoi qu’il en soit, si on ne les implique pas, vous exercerez votre pouvoir à côté (à la périphérie) et non à l’intérieur du Mali, et le reste n’est que ruse !
SDF
Source: Le Canard de la Venise
