Le séjour d’une délégation malienne en Russie a été à la hauteur des attentes, selon plusieurs observateurs. Le Mali a signé un mémorandum avec l’Agence russe de l’énergie atomique, Rosatom. Moscou prévoit la construction de quatre centrales nucléaires au Mali. Depuis cette annonce, la question divise les Maliens.
Le protocole qui a été signé le 13 octobre entre Bamako et Moscou porte sur le développement de l’infrastructure nucléaire du Mali. S’y ajoutent la formation du personnel, des installations de recherche nucléaire et de l’énergie nucléaire ainsi que la sensibilisation du public. D’après le ministre Sanou qui a signé ce protocole au nom du gouvernement malien, cela va permettre la construction de quatre centrales nucléaires de 55 mégawatts au Mali.
“La construction de quatre centrales nucléaires permettra au Mali de développer l’énergie pour que notre autosuffisance énergétique puisse se mettre en œuvre”, indique le patron de l’hôtel des Finances.
Ce projet de centrale nucléaire est une contradiction totale de la vision du Mali en termes de politique énergétique. Le Mali a pris des engagements pour une sortie progressive des énergies fossiles tout en mettant l’accent sur le déploiement des sources d’énergies renouvelables (solaire, hydroélectrique, biomasse, etc.)
Le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable, c’est comme une centrale thermique, elle aura toujours besoin de la matière première “uranium” pour fonctionner. Selon les estimations, la construction d’une seule centrale nucléaire coûterait environ 644 milliards F CFA et la construction prendra énormément de temps (7 ans au maximum).
Mais, la question de la construction de ces quatre centrales nucléaires divise les Maliens. Certains trouvent qu’il faut juste être optimiste pour les centrales nucléaires qui vont permettre au Mali d’amorcer son autosuffisance énergétique dans un monde qui se dirige de plus en plus vers l’énergie nucléaire.
“Je pense que le seul problème, c’est juste la gestion des déchets, car ces déchets sont dangereux. Dans 7 ans ou 5 ans, nous aurons des moyens de gestion des déchets à risque très moyen. Sinon la même chose a été dite dans les constructions minières notamment la gestion du cyanure”, fait savoir un partisan du nucléaire.
Pour d’autres, c’est un projet dangereux pour le Mali et les Maliens car, il s’agit de la matière nucléaire et les Maliens sont imprudents avec tout ce qui se passe avec nos centrales thermiques : vol de câbles et carburant, branchements illégaux et anarchiques… Selon eux, il existe plusieurs exemples de catastrophes nucléaires et le plus récent, c’est celui de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011 au Japon.
Personne n’a oublié la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, qui est un accident nucléaire majeur survenu le 26 avril 1986. “Une catastrophe est provoquée au cours d’un exercice de sécurité par l’augmentation incontrôlée de la puissance de l’unité de la centrale à plus de 100 fois sa puissance nominale, conduisant à la fusion du cœur du réacteur et à son explosion. Des centaines de milliers de personnes ont été contaminées par la radioactivité”, argumentent-ils.
En plus du Mali qui a signé ce mémorandum avec l’Agence russe de l’énergie atomique, Rosatom, onze autres Etats africains ont annoncé leur intention de se doter de centrales nucléaires : l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria et le Soudan.
Il faut rappeler qu’au moins cinq pays africains en seront équipés d’ici à 2025, en plus de l’Afrique du Sud. Seuls sept pays africains l’Algérie, l’Egypte, le Ghana, la Libye, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud ont déjà des réacteurs nucléaires de recherche dans leurs infrastructures de recherche et développement.
Ousmane Mahamane
Mali Tribune